Hellcats ne se démarque pas vraiment du tout venant coréen sur un tel sujet. Les histoires d'amour étant légions dans ce paysage qui vit essentiellement pour ses comédies romantiques populaires, il n'est ni moins bon ni meilleur que la moyenne locale à la différence près qu'il aguiche plus qu'il ne développe : l'affiche provocatrice, des visages d'anges, un sujet qui peut prêter à débat et au final il n'en est rien. Essentiellement centralisé sur le personnage de Ah-Mi, Hellcats traite du cas de deux autres femmes, une quadragénaire artiste qui tente de se prouver tant bien que mal qu'elle peut encore affoler les damoiseaux et une jeune étudiante qui se cherche sexuellement : plus ou moins attirée par un vendeur de pizza, elle trouve mais n'assume pas totalement un certain amour envers l'une de ses camarades de classe. Sans pour autant nous tromper complètement sur la marchandise, le film de Kwon Chil-In n'assume pas ce qu'il tente de promouvoir par l'intermédiaire d'éléments marketings aguicheurs : Ah-Mi n'est en aucun cas la chaudasse au centre de l'affiche mais davantage une jeune fille dans l'air du temps, qui ne sait pas ce qu'elle veut et qui fait souffrir les quelques hommes qu'elle rencontre au cours de sa modeste vie de scénariste pour un réalisateur paumé. Si son personnage n'est pas des plus intéressants, on est loin de la catastrophe annoncée dans ces colonnes : interprétation juste sans être transcendante de timide peste déjouée par ses propres ambitions sexuelles et monétaires et qui trouvera une ligne de vie plus noble en fin de métrage à l'image de ses colocataires. Mais le plus étonnant est que ses partenaires à l'écran ne disposent pas de la même envergure, on aurait bien aimé en savoir davantage sur Kang-Ae, personnage aussi mystérieux que distancier sur ses sentiments, dont le feeling évoque aussi la retenue des étudiantes nippones vues dans cette quantité affolante de drames pondus au pays du soleil levant.
L'échangisme n'atteint pas Kang-Ae et si d'un côté c'est tant mieux, là aussi on est loin de ce que laissait sous-entendre le cinéaste. Usant de thèmes déjà maintes fois vus à base de blagues plus ou moins drôles question drague, de jeunots un peu rebelles voulant à tout prix coucher, de filles désespérées à propos du choix de vie à adopter (la dignité ou l'argent, mettons), avec un côté à la limite du bling bling bon chic bon genre classique dans ce genre de production, Hellcats ne casse pas de briques mais s'avère suffisamment bien exécuté pour éviter d'être au niveau des nullités récentes comme Love Exposure et évite la lenteur souvent excessive de ses cousins nippons grâce à un rythme intéressant multipliant les approches. Il faudra en revanche faire avec un montage qui peut tendre à la linéarité et surtout à l'inégalité dans son traitement. Ceci dit, malgré quelques symboliques bien faites à défaut d'être de très bon goût (les poissons rouges qui reviennent à la surface de l'eau des toilettes, les dictons brésiliens), Hellcats n'a pas de vrai regard d'auteur et se contente de traiter son sujet avec sérieux certes, mais sans aller très loin : le film se termine sur une note plus optimiste tu meurs, appuyée par une voix off un peu trop optimiste elle aussi. Au final Kwon Chil-In dirige bien ses actrices et filme aussi "bien" que ses confrères, mais n'ose pas comme on l'aurait espéré.
Et c'est pour ça que le film reçoit une mauvaise note. Le coté moralisant de l'histoire est dégoûtant, les actrices, surtout Kim Min-Hee, sont franchement agaçantes, et les scènes vraiment pas crédibles sont légion. Les Coréens savent très bien touner les contes de fées, mais dès qu'il s'agit de critiquer leur propre société, ya plus personne. Et encore une fois c'est le cas. On suit les déboires d'une jeune fille qui largue son mec parce qu'il n'a pas d'argent (elle lui dit même clairement) ; jusque là, ça passe. Elle se met alors à fréquenter un homme plus mûr et surtout plus riche, qui va lui promettre monts et merveilles, et évidemment elle accepte tout ça, puisqu'elle c'est tellement plus simple. Mais apparemment, c'est pas si simple, nous dit-on ; elle a du remord, pense à son ex, couche vite fait avec lui, le relargue, et perd un peu la tête, jusqu'à ce que les bons sentiments et les remords la gagnent et qu'elle rejette l'argent pour garder son intégrité blablabla... Rien de bien passionnant, ni de bien original dans le paysage cinématographique coréen, mais malheureusement complètement à contre-courant de la société coréenne. Le film est un peu trop impregné de bons sentiments et pas assez de jugeote ; à voir les deux gamines de 15 ans s'embrasser dans un aéroport, et on se rend compte de la stupidité du sujet. Ailleurs ça marche peut-être, mais en Corée, c'est pas possible (ou alors c'est anachronique, mais à ce moment, le réalisateur est vachement visionnaire).
Rien que le titre est bizarre. Grosse allusion au film de Marylin Monroe (ils ont remplacé le "Some" par "I" en anglais, mais le titre en coréen est exactement le même), peut-être parce que des musicens étaient amoureux de MM qui voulait épouser un milliardaire ; ajouté à l'affiche provocatrice, un censure PG18, et on s'attend à un truc franchement balèse dans ses images. Mais finalement c'est juste un mélo ("à la con" serait une précision concernant la désignation du produit) qui suit trois filles à différents âges. En fait non, c'est un mélo qui suit une fille, et comble les trous en parlant de sa soeur aîné et de sa nièce, qui ont chacunes les problèmes qui vont avec leur âge. La première est ménopausé à 40 ans (plutôt jeune) alors que la deuxième, 15 ans, se pose des questions sur sa sexualité et là encore, à des lieux de Blue Gate Crossing. Leurs histoires respectives sont franchement bâclées, ce qui doit frustrer un peu l'auteur de l'oeuvre originale (qui s'intitule, "10, 20 et 30", soit l'histoire de trois personnes). Sur ce concept, autant se pencher sur le très bon film de Sylvia Chang 20 30 40 qui s'en sort quand même beaucoup mieux, et surtout qui sent la maturité.
Autre point agaçant, la voix off. L'actrice est déjà agaçante de base, mais alors entendre régulièrement sa voix en plus, c'est difficilement supportable. Les musiques originales n'ont rien d'original, et l'image est trop propre pour un tel sujet ; on dirait vraiment que tout est beau, tout est génial, et que les déboires de la jeune fille ne sont que des caprices dans ce monde parfait (pourtant le film prend ça très au sérieux, je vous assure). Allez, quelques dizièmes de point parce que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Lee Mi-Sook au cinéma.
Huit ans auront été nécessaires à Kwon Chil-in pour réaliser son second long après la déconfiture de son premier, "A good day to fall in love" (1995); en revanche, son second, "Singles" (2003) a connu un succès d'estime tout à fait honorable, qui lui aura permis de continuer. Peut-être pas pour le meilleur, car "Hellcats" (aka "I like it hot") reprend pas mal de choses de son premier sans toutefois les améliorer. Soit trois histoires plus ou moins reliées entre elles de femmes et leurs maux d'amour. Rien de bien passionnant, rien de bien neuf et deux d'entre elles sont largement sous-développées au détriment de la moins intéressante d'entre elles, celle d'Ami entre un jeune blaireau et un "vieux" (j'y suis presque…) rigide. Dans le rôle principal, l'ancienne mannequin Kim Min-hee manque malheureusement de charisme pour étoffer un personnage à la base déjà très faiblement développé.
La comédie romantique est certainement le genre le plus lucratif en Corée actuellement; mais quantité n'équivaut pas forcément pas à qualité et "Hellcats" en est une bien belle preuve.