Complexe de supériorité assumé
On retrouve la combinaison Stand Alone / Complex de la saison 1, avec un « SA » abordant les individualités d’épisodes n’ayant rien en commun avec la trame principale, et un « C » exploitant un fil rouge global qui, lui-même, concerne « 11 individualistes ». Pour reprendre Desproges, « mais est-ce sa faute à lui si les onze y trônent ?? », d’autant que le trône, c’est du luxe Guy ! Après quelques épisodes one-shot plus ou moins anecdotiques, on se lance dans la trame à proprement parler, un thriller d’anticipation chiadé qui, à la fin, nous laisse la caboche aussi détruite que celle d’un cyber-pirate cramé par un firewall violent.
L’histoire raisonne pas mal et résonne même beaucoup à travers les travers médiatisés du monde d’aujourd’hui. En choisissant de broder une intrigue autour de l’existence de réfugiés dans la ville, de ces groupes d’exclus peinant à se diluer dans une masse hostile au mélange, les auteurs appuient là où ça fait bobo, complétant le tableau avec un politicien roublard, Sark... euh non, Gôda, manipulateur hors pair semant la zizanie au sein de sa nation en titillant les tensions en cours. La section 9 s’y fera piéger, les terroristes et autre prophète également. On peut subodorer quelques improvisations de ci de là, un doute justifié ou non, c’est à voir, mais l’excellent épisode 11 « Affection », à priori à ranger dans la catégorie « stand alone », se voit – ô surprise - devenir partie intégrante du « Complex » quelque temps après. Est-ce dû à son statut d’épisode 11 autour d'une intrigue consacrée à 11 individualistes ? Les apparences sont parfois trompeuses...
Gravite autour de cette trame le développement des membres de la section 9, de l’identité de Pazu le dragueur (ép. 13 « Make Up ») à celle de Saito le sniper (ép. 14 « Poker Face »), en passant par les délires toujours aussi poilants - et émouvants - de la tribu des tachikomas, les supports blindés de la Section 9, qui voient leur IA et polyvalence se développer davantage. En plus de jouer à Spiderman entre deux buildings, ils s’amusent maintenant à hacker la matrice les doigts dans l’nez. Alors qu’ils n’ont ni doigts, ni nez. Trop forts les tachikomas.
Les scènes d’action ne tombent pas systématiquement, mais quand elles déboulent, franchement, ça impressionne un minimum. Le dernier tiers nous en met plein les mirettes : les hélicoptères explosent, les roquettes fusent, les combinaisons thermo optiques pullulent, la section 9 est sur les dents… bref, c’est Beyrouth, un champ de bataille rythmé au son des partitions ahurissantes de Yoko Kanno, une artiste qui propose cette fois des compositions plus coutumières des gros films américains que des séries animées. Un orchestre plus classique se mélange aux mélopées high-tech de rigueur, un thème proche de la fameuse rengaine du Dr Folamour – déjà habilement recyclée dans Die Hard 3 - nous titille à chaque fois que les évènements prennent une ampleur militaire conséquente, et des chansons mystico-djeuns côtoient des passages stressants au violoncelle… du tout bon jusqu’au final, apothéose du genre. Quelques épisodes ont malgré tout un character design assez laid, ép. 3 en tête, et, surtout, les clins d’œil au premier film minimisent les aspect novateurs de l’ensemble, qu’il s’agisse d'une Motoko sautant d’un building avec sa dream attitude, d’un mitraillage balayant le mur derrière un héros en fuite, ou d’une scène reprenant presque plan par plan l’introduction du film, de l’attaché-case se transformant en uzi jusqu'au corps criblé des balles explosives tirées par un Major en furie. A contrario, les abus racoleurs sur la plastique caoutchouteuse de Motoko (Mattel’s inc@) sont moins présents que dans la saison 1, et son personnage gagne nettement en développement et crédibilité.
On appréciera qu’en cette fin de saison il n’y ait point de cliffhanger à la c… ni d’interminable excroissance de fil rouge exploitable jusqu’à plus soif. C’est fini, c’est triste, c’est bien, avec pour clore le tout un gros clin d'oeil au chapitre d'intro Super Spartan du manga de Masamune Shirow. A l'heure où les séries TV font la nique au cinéma, GITS SAC ne rate pas le coche, loin s'en faut, enfonçant méchamment le clou avec cette deuxième saison proprement époustouflante. On en redemande.