jeffy | 2.5 | Bancal |
François | 3.75 | Une nouvelle composition très typique de Daniel Lee. |
Astec | 3 | Classique mais maîtrisé... |
Anel | 1.5 | |
Alain | 3.5 |
Si certains cinéastes se plaisent à changer complètement de style d'un film à l'autre, ce n'est pas vraiment le cas avec Daniel Lee. D'un film à l'autre, on retrouve toujours des éléments communs, des thèmes, des plans. Star Runner ne vient sûrement pas bouleverser cet adage, ce qui fait que les fans continueront à aimer, et les détracteurs à peiner à entrer dans le film.
Comme toujours, on retrouve de nombreux parti pris, qui deviennent autant de qualités que de défauts selon le spectateur. Avec Star Runner, Daniel Lee tente à nouveau le pari difficile du mélange des genres et des idées, en mixant arts martiaux avec une romance très fleur bleue (après avoir mixé polar et romance dans Moonlight Express), en y ajoutant son thème favori (le souvenir) aux côtés de nouveaux (le regret, les rêves qu'on se fixe), avec une touche d'humour et beaucoup de dramatisation. Comparativement à un film du même genre mais filmé par un réalisateur plus "classique", comme le bon "Somebody Up There Like Me" du non moins bon Patrick Leung, on y gagne évidemment en densité, mais on y perd en accessibilité.
La partie romance n'est assurément pas le point fort du film, car trop classique, mais cette naïveté est accompagnée d'une vraie sincérité et sert de support à d'autres thèmes plus intéressants. On se raconte des histoires d'amour entre une prof et son élève, entre un soldat et sa belle infirmière, plus cucul c'est difficile, mais lorsque les choses simples sont faites avec talent et simplificité, on peut aussi y trouver son compte (A Moment of Romance en est le meilleur exemple). Ici le résultat est mitigé, mais heureusement la touche d'humour évite de sombrer dans la mièvrerie d'une mauvaise série TV, même si elle est parfois de trop (voir le personnage joué par Alfred Cheung). La partie relative aux regrets/rêves des personnages est nettement plus convainquante, grâce à nouveau à la sincérité de la mise en scène et aux talents des acteurs (Max Mok par exemple). On retrouve comme toujours le thème préféré de Daniel Lee, à savoir le souvenir, teinté ici d'une nostalgie très bien mise en scène (les scènes de train avec la musique russe). Toute cette thématique conduit à un final très intense (but de tout film de Daniel Lee), lors évidemment d'un combat très exagéré qui rappelle un peu celui de Fighter's Blues dans sa démesure. Le cinéma de Daniel Lee n'est pas un cinéma documentaire, c'est un cinéma très métaphorique et porté sur les sentiments et les émotions.
En ce qui concerne la partie technique des combats, difficile de ne pas verser une petite larme en voyant Ti Lung refaire du Wing Chung, puis en assistant à des combats qui réussissent le pari d'être d'avoir la "Daniel Lee's Touch" et d'être assez lisibles formellement parlant. De plus, le fond est également construit, avec des confrontations de styles et de tactiques très bien expliqués. Comparé à la "référence" du moment, Ong Bak, on peut s'amuser à comparer deux approches totalement différentes du cinéma d'arts martiaux. Alors que le film thaïlandais met en avant la violence et les capacités physiques des combattants, Star Runner permet de comparer les techniques et met en avant la dramatisation qui entoure les combats et leur progression technique et tactique. On va même jusqu'à parler entre les deux adversaires au début d'un round dans Star Runner pour bien souligner le pourquoi du combat, qui pour une fois dévie de la classique vengeance.
Quant au casting, si on pouvait légitimement avoir peur de Vaness Wu comme acteur principal, il s'en tire finalement assez bien. Le reste du casting fait plaisir à voir, et surtout s'attache un minimum aux personnages, comme celui du trop rare Max Mok. Daniel Lee nous livre une réalisation très typique, à savoir très "nature", avec beaucoup de caméra à l'épaule, les classiques arrêts sur image, l'utilisation des couleurs et de la lumière. Enfin la musique d'Henry Lai est à nouveau un gros point fort et se montre bien au-dessus des standards locaux, et surtout bien en phase avec le style de Daniel Lee: chansons très mielleuses pour illustrer la romance, morceaux en rupture pour les passages d'entraînement, grosse dramatisation du combat final.
En conclusion, la simplicité du scénario fait que Star Runner ne viendra pas concurrencer Till Death Do Us Part comme le chef d'oeuvre indiscutable de Daniel Lee, mais ses fans retrouveront tout de même certaines des qualités qui font ses films: un vrai amour pour les arts martiaux et la dramatisation du combat, ainsi que pour les histoires simples et émotionnelles.