The Insider en heure voit sa vie basculer
Extrait issu du CR de Beaune 2011
Dante Lam prend ses deux têtes d’affiche de
The Beast Stalker,
Nicolas Tse et
Nick Cheung, respectivement flic coriace et tueur sanguinaire, puis s’amuse à inverser les rôles dans ce The Insider autrefois joliment étiqueté
Stool Pigeon, traduisible chez nous par ce titre déjà célèbre :
La chèvre. Loin d’être une comédie légère où s’y épanouirait un naïf
Pierre Richard, The Insider voit Guy (Nicolas Tse) devenir une pauvre hère contrainte à se faire balance pour se sortir de la mouise tandis que le second, Don Lee (Nick Cheung), sort le costard trois pièces et la paire de lunettes respectabilisante pour incarner le flic ambitieux de service.
Ca marche ? Oh oui ça marche, ça courre même très bien, parce que s’il faut avouer que la relation d’un flic et d’une balance a déjà été surexploitée au ciné, particulièrement dans l’hexagone avec l’excellent
Cousin du regretté
Alain Corneau - dont, d’ailleurs, l’hommage s’est vu éclipser à Beaune par celui, très émouvant, rendu à Claude Chabrol, et j’arrête là l’aparté dans l’aparté - les personnages tiennent le haut d'un pavé martelé par les talons de la sœur de Guy qui tapine pour rembourser l'énorme dette de son père, décédé.
A gauche, Dee et Guy tentent de fuir ce monde de dingues. A droite, Don Lee assoit son pouvoir sur Guy.
Glauque et tortueux, le scénario charge ses personnages de fardeaux sombrissimes sans pour autant que le traitement n’abuse du pathos, ce qui, il faut le reconnaître, était un peu le cas dans The Beast Stalker et une bonne partie de polars hongkongais. Cette palme de la noirceur revient au personnage du flic au passé aussi tarabiscoté que nauséeux mais qui, étrangement, n’est pas développé à outrance. « Outrance », ne voilà t’il pas un beau titre pour un polar nihiliste made in HK ? Est-ce la quête du rôle tordu qui pousse ainsi les acteurs à signer pour le caniveau ?
Anthony Wong obtint un prix pour
Beast Cop, Nick Cheung en ramassa des tas pour The Beast Stalker… c’est à croire qu’il faut s’enfoncer dans les bas fonds pour être reconnu en tant qu’acteur, s’y enfoncer puis tenter d’en sortir. Il est vrai qu’on a rarement vu un acteur récompensé pour sa prestation dans le rôle d’un gendarme. La règle s’applique ici : le pion joué par Nicolas Tse le dame à Nick Cheung qui, malgré pourtant un job de « Job » en puissance ne provoque pas autant d’empathie que l’ex mèche rebelle de
Time and Tide. Il n’y est pour rien, pas plus que Nicolas Tse d’ailleurs : la superbe
GUEY Lun-Mei (Dee) s’est accrochée autant à mes rétines qu’au cou de Guy : c’est elle que j’ai suivi des yeux tout du long. Mon cœur s’est arrêté de battre dès son apparition. Ou il s’est emballé, je ne sais plus. Elle donne de l’ampleur à une superbe scène de poursuite en pleine rue, arrache le plus beau baiser du festival à la révélation de
Bodyguards and Assassins et, enfin, s’avère fichtrement bouleversante dans un final barbare qui, à n’en pas douter, fera date. Non pas par sa violence, car si elle est extrême et logique on a déjà vu ça à HK, mais par son décor, une vieille école abandonnée en ruine où tout le monde finit par se mettre sur la tronche dans des classes remplies de chaises et tables d’écoliers usées.
Fight Back To School On Fire
Soudain, au milieu de cette barbarie, de ce chaos, de ce monde de merde où plus personne ne respecte rien ni personne, où la notion même de principe parait désuète et stupide parce que suicidaire, l’arrivée de cette école, fantôme d’un espoir passé et révolu, enfonce un clou déjà bien profond en nous montrant qu’un jour quelqu’un avait cru à quelque chose mais que, voilà, ça n’a pas pu se faire, désolé. On bascule dans le post nuke, le constat affreux qu’à une époque des gens souhaitaient construire du beau en pariant sur une éducation qui empêcherait cet horrible comportement survivaliste de masse… en vain, ça n’a pas fonctionné. Depuis, ces belles âmes n’ont pas été renouvelées et personne ne croit plus en rien. Sans se transformer en un
Ken Loach de l’ex-colonie, n’exagérons pas l’image, Dante Lam confirme après The Beast Stalker que ça n’est pas parce qu’il reste fasciné par les techniques et technologies policières qu’il néglige forcément la portée sociale de ses polars, qu’il se sert de certains aspects de la Catégorie III simplement pour racoler ou blinder ses acteurs : il a de belles choses à dire, et si sa mise en scène n’atteint jamais le génie de celle d’un
Ringo Lam et si la photo HD bizarre n’est pas toujours d’un esthétisme bienvenu, son polar vient s’ajouter à tous ceux qu’on aime, et, je le parie, durablement. En guise de cerise sur le gâteau on assiste à une judicieuse rencontre entre les éternels perdants que sont Guy et Dee, une scène qui possède la fraîcheur d’un
Wong Kar-Wai d’antan et provoque un beau sourire béat en plein milieu d’une histoire qui ne s’y prête pas, mais alors pas du tout. On retrouve le grand huit à la HK, ces films où « il se passe quelque chose ». Parce que dire d’un film où il ne se passe rien qu’il s’agit d’un « film d’ambiance », souvent entendu à Beaune cette année (coucou
Animal Kingdom et
Small Town Murder Songs !), relève de la facilité caractérisée et d’un flagrant manque d’imagination. Merci à Dante Lam, merci à Nick Cheung, merci à Nicolas Tsé, et grand merci à la très troublante et j’espère pleine d’avenir Guey Lun-Mei, de remettre les pendules à l’heure quant au potentiel toujours actif du cinéma hongkongais. La braise est encore chaude.
La belle GUEY Lun-Mei n'a certainement pas besoin de flingue pour déglinguer la gent masculine !
l'infiltré décaféiné
polar bien ficelé , c'est bien filmé , la photo est belle , les acteurs sont convaincant et leur personnages attachant . la est tension présente mais pas extrême , l'action légère , un peu plus aurait monté le film un peu plu haut !!!
Au final petit polar sans prétention .
Another one's Ghost
Dante Lam, c'est un peu comme la boîte de chocolat de "Forrest Gump": on ne sait jamais sur quoi on tombe. Après le fomraté "Option Zero", il enchaîne avec son chef-d'oeuvre "Beast Stalker"; après un excellent "Triad Zone", il accouche d'un moyen "Runaway"…et plus récemment, il rate totalement "Snipers" avant de rebondir avec son impeccable "Beast Stalker" avant de rater ttoalement el coche avec son over-the-top "Fire of Conscience"…
D'après ces dernier (mé)faits, devait donc logiquement enchaîner par du bon, du lourd…et ça ne rate pas avec ce parfait "Stool Pigeon".
Pour l'occasion, il renoue d'ailleurs avec son trio gagnant de "Beast Stalker": Jack Ng au scénario et Nick Cheung et Nicholas Tse dans les deux rôles principaux…Et la donne est à nouveau bonne: Jack Ng propose un habile scénario, qui enchaîne moments de pure suspense avec des scènes d'action explosives – rares ont été les films hongkongais de récente mémoire à enchaîner autant de courses-poursuites à pied et en voiture avec des bonnes vieilles fusillades et combats à l'arme blanche. Quant au scénario, il annonce dès le départ la couleur: il n'y a personne en qui avoir confiance, à commencer par l'inspecteur incarné par Nick Cheung, qui n'hésite pas à "sacrifier" l'un de ses "informateurs" pour réussir sa mission.
Et nous voilà en bon terrain connu du cinéma hongkongais avec des personnages troubles, avec nos méchants aux bons côtés et bons aux intentions troubles…Seuls gros bémols à toute cette affaire: la sous-intrigue totalement inutile de la relation de Nick Cheung à la prof de danse, qui fait totalement décrocher de l'intrigue principale et plombe toute la partie centrale ET la fin forcément attendue, sans aucun doute à remettre sur le compte des coproducteurs chinois de la Huay Brothers, qui ont déjà faire pas mal de concessions au niveau scénaristique pour quand même tenter de sortir le film sur le Vieux Continent, mais qui ont forcément dû demander cette fin "consensuelle", où tout le monde écope de ce qu'il a mérité et qu'il n'aurait pas été le cas dans un cinéma purement hongkongais il y a encore quelques années…
Mise à part cette légère fausse note, rien à redire avec du bon vieux polar HK hard-boiled à son meilleur, mâtiné à un style plus récent en piochant allégrement du côté de To et consorts pour des moments d'attente plus prolongées qu'à l'accoutumé et une image plus travaillée.
Bah moi j'ai moyennement aimé.
Le scénario est loin d'être original et l'inexpressif Nick Cheung ne dégage pas grand chose, hormis dans certaines scènes réussies.
J'en attendais plus de la part de Nicolas Tse aussi. L'un des perso, traumatisé avec une tentative de meurtre (bien glauque et violente) refait une interprétation de Jacky Cheung dans une balle dans la tête mais je trouve que ça passe bcp moins bien ici.
Hormis cela, la réalisation est propre, l'action correcte et le final brutal (mais en deçà de mes espérances) mais le film en général tire trop vers le mélo.
Semi réussite ou semi déception.
Grosse surprise
Après le très bancal
Fire of Conscience, film d'action prétentieux et raté, qui aurais pu imaginer que Dante Lam réalise cet incroyable polar suspense qu'est
The Stool Pigeon ? On pouvait en tout cas s'attendre à quelque chose de mieux au vu du casting cette fois nettement plus réussi. A part les quelque habitués du réalisateur, les rôles principaux sont tout d'abord excellents. Nick Cheung fait honneur à son prix du meilleur acteur aux HK Film awards avec ce rôle de policier déterminé lorsque Nicholas Tse prend de plus en plus de bouteille en jouant le "Stool Pigeon", sorte de malfrat à qui on offre un cdd pour donner des informations à la police (= un indic en français). Le troisième personnage important du film est celui joué par la taiwannaise Guey Lun-Mei, déjà vu dans le sympathique
All About Women de Tsui Hark.
Mais ce qui frappe d'entrée, c'est la sobriété de la réalisation de Dante Lam qui permet de suivre l'histoire normalement comme un vrai bon polar (un peu comme le faisait -moins bien qu'ici, certes car le scénario était moins bon aussi- l'intéressant
The Beast Stalker). Plus le film avance et plus je suis supris, les quelques séquences d'action pure sonnent comme des éclats de violence sèche que ne renierait pas Ringo Lam, le vrai. C'est filmé talentueusement, la photographie y est la plupart du temps superbe car plus naturelle aussi que dans
Fire of Conscience. Scénario bon mêlant habilement suspense et émotions comme je n'avais plus vu dans un polar HK depuis des lustres. Notez enfin l'excellence de la bande son, chose si rare dans le cinéma HK. A voir de toute urgence.
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edit 08/10/2011
The Stool Pigeon perd un peu à la revoyure, car oui, le film de Dante Lam n'est pas non plus un chef d'oeuvre. Le divertissement souffre d'un scénario qui s'égare un peu dans tous les sens à vouloir soulever tout un tas de problématiques. Du coup, c'est bourré de bonnes idées, mais c'est pas forcément agencé de la meilleure manière qui soit (Dante n'étant évidemment pas Ringo...). Cela dit, dans une veine jusqu'au boutiste typique du polar à la hong kongaise, c'est franchement dans ce qui est à voir. Epoustouflant ce final à la
School on Fire, particulièrement marquant dans le cinoche HK post rétrocession.
06 novembre 2010
par
Hotsu