bizarrerie japonaise au rendez-vous
Strange Circus démarre sur une scène d'un music-hall, le « cirque », où la maîtresse de cérémonie demande qui veut se faire guillotiner. Plusieurs scènes de ce cirque sont insérées au sein du film, et représentent une métaphore de la vie de Mitsuko, qui bascule irrémédiablement à ses 12 ans lorsqu'elle est violée par son père. Après la mort de sa mère et sa propre tentative de suicide, elle se retrouve handicapée et devient romancière, racontant ainsi toute sa vie sous un pseudonyme ; elle fait alors la rencontre d'un jeune assistant d'édition qui va enquêter sur son passé.
Le scénario est troublant au début ; le temps ne passe pas vite et on a l'impression, à la fin de la première phase que le film est terminé. Il n'en est rien, car la moitié n'est même pas encore passé et l'impression de s'enfoncer dans un gouffre sans fin s'installe rapidement. Néanmoins, le tout est réellement bien construit et transmis de manière à être compris sans problème, malgré une intrigue bien tirée par les cheveux. En outre, par rapport à Yann, je n'ai trouvé la voix off gênante ; au contraire, elle aide grandement à la compréhension, et ce serait sans doute très confus sans.
Finalement, un très bon film bizarre japonais ; il est seulement à regretter un gros moment d'hystérie à la fin. Bonne interprétation et musique adéquate.
01 novembre 2005
par
Elise
ATTENTION CHEF D'OEUVRE !
Je crois bien que depuis OLD BOY je n'avais plus été autant bousculé qu'ici.Il est certains films durant lesquels le spectateur s'ennuie lors des 20 1ères minutes, hésitant à stopper la lecture. Strange Circus produit exactement l'inverse : le film accroche le spectateur dés les toutes 1ères minutes et ne le lâche plus, et le meilleur reste à venir...
un cirque étrange et pervers
Strange circus est le film le plus expansif et le plus extravagant de
Sono Sion, et peut-être le plus proche de
Suicide club. Pas forcément dans ses thématiques, ni même au niveau de la structure, mais au sens où ceux ayant apprécié l’étrangeté de
Suicide club ont de belles chances d’apprécier
Strange circus, qui va encore plus loin dans les délires visuels et les effusions gores. De
Suicide club, on y retrouve la brutalité et la violence, le décalage provoqué par l’ironie, l’exubérance baroque héritée du visual kei et des comédies musicales déviantes à la
Rocky Horror Picture Show. Mais poussé encore plus loin, au service d’une tragédie familiale torturée : l’histoire de Mitsuko, jeune fille abusée par son père et tabassée par sa mère, et qui après avoir tué cette dernière lors d’une dispute s’imagine prendre sa place. L’histoire aussi de Taeko, romancière à succès qui écrit ce roman et que la folie guette.
Cet imbroglio scénaristique parsemé de miroirs – comme obsédé par sa propre image – est certes un peu bancal (mais quel film de
Sono Sion ne l’est pas ?) et on regrettera un "dénouement" explicité de manière trop frontale, mais le film vaut surtout pour ses fulgurances visuelles et sa cruauté perverse et sophistiquée qu’on jurerait tout droit sortie d’un manga de
Suehiro Maruo. En fait,
Strange circus est vraiment pervers, tant pour ce qu’il montre (folie, automutilation, pédophilie,...) que dans ses circonvolutions scénaristiques.