Linéaire et bourrin, mais jouissif
Stranglehold permet d'incarner l'inspecteur "Tequila" Yuen dans cette suite interactive, cautionnée très activement par John Woo lui-même. Les films inspirés de jeu vidéo et les jeux vidéos inspirés de films sont très nombreux, les jeux vidéos se positionnant comme suite officielle d'un film beaucoup moins. Alors simple coup marketing de la part de Midway ou véritable continuation du film de John Woo?
Le résultat final est au bout du compte assez proche du film. Càd avec un scénario sans énorme intérêt, même si on se débarrasse ici du personnage beaucoup plus intéressant incarné par Tony Leung Chiu Wai pour en rester à du simple, du direct, du bourrin: Tequila Yuen vs les triades, et on fait tout péter. A ce titre, le jeu est fidèle au film. Tous les décors ou presque peuvent être détruits, ce que le joueur ne manque évidemment pas de faire. On trouve aussi quelques autres marques de fabrique de John Woo, récupérées d'autres films du réalisateurs chinois d'ailleurs.
Les colombes du Killer sont là, le costard de Jeff remplace par moment les vêtements beaucoup plus décontractés de Tequila dans A Toute Epreuve. On peut également utiliser deux automatiques dorées comme Nicolas Cage dans Face/Off, et un mode de tir "Barrage" est soit-disant inspiré du Syndicat du Crime. Quant au "Tequila Time", ce mode de ralenti permet de tirer sur ses ennemis tout en effectuant des plongeons les plus gracieux possible, autre marque de fabrique impossible à oublier. Les angles de caméras ne permettent évidemment pas de coller au plus près du film, le montage très découpé mais très fluide de David Wu étant difficilement applicable à un jeu vidéo.
Si certaines de ses inspirations sont discutables (le tir en tournoyant?), globalement le jeu est une vraie inspiration des éléments visuels clés du cinéma de John Woo. Certains détails montrent le sérieux du travail, comme la présence de John Woo en barman (à l'identique du film) ou le rôle de musicien qu'utilise le personnage pour entrer dans l'un des niveaux du jeu (Tequila joue de la clarinette dans el film). Bien sûr les thématiques et ambiances ne sont pas présentes, le scénario écrit par John Woo n'a pas dû lui donner mal au crâne, et le déroulement des différents niveaux est souvent d'une linéarité maximale: on tue tout le monde, on effectue quelques tâches simplistes, et on avance jusqu'au boss de fin de niveau. Mais d'un jeu d'action de ce genre, on n'attendait pas un remake de
The Killer. Quant au mode online, il permet d'utiliser la majorité des personnages du film, et de débloquer John Woo lui-même en personnage ultime.
Au final le jeu est assurément intéressant pour les fans des films du réalisateur, et la réalisation technique est par moment très impressionnante, notamment au niveau des destructions des décors. La durée un peu limitée du jeu (même si plusieurs niveaux de difficulté dont un ultime "hard boiled" sont disponible) et la configuration PC plus que musclée (oubliez sans processeur double coeur et 2Go de mémoire) pourront en refroidir certains, de même que le tarif du jeu sur console (70€, ouch). D'un point de vue plus global, ce titre ne viendra pas révolutionner le jeu vidéo, les vraies innovations étant finalement assez peu nombreuses. Mais devenir Chow Yun-Fat l'espace de quelques heures pour dézinguer la moitié de Hong Kong, ça ne se refuse pas pour tout fan du cinéma de Hong Kong qui se respecte.
On aime une demie heure, on adore une heure, ensuite on a mal à la tête...
Foncièrement bien fait car doté de la technologie unreal et d'un moteur physique qui permet de tout éclater dans le décor, Stranglehold est un jeu bourrin comme il y a en des tonnes. Dans le même genre, la série Max Payne est nettement plus captivante si pas aussi frénétique... la comparaison s'impose d'elle-même au vu des possibles ralentis que l'on peut appeller pour se faciliter la tache.
Quant au rapport avec le monde de John Woo... y'a des colombes, des flingues, des meurtres par milliers... le reste...