Pourquoi les gens continuent-ils à lire Amélie Nothomb ?
...et pourquoi aller voir ce film lorsqu'il y a Far From Heaven dans la salle à coté ?
NON !
Rien à voir avec la réalité... Encore un film qui passe totalement à côté de son sujet, à croire que les réalisateurs occidentaux ont de la merde sur les yeux quand il tourne un film en Asie.
Comme pour
Lost in Translation, on nous là une image fausse du Japon, tournée et retournée à la sauce occidentale. Bien qu'il y ait une once de vérité dans les comportement, la majorité des personnages ne sont vraiment pas représentatifs de la vraie culture japonaise. Pour donner ne serait-ce qu'un exemple, la politesse est depuis toujours au Japon la base de toute communication, tandis que dans le film tout les chefs insultent leur subordonés... Bref, on veut nous montrer une société rude et intransigeante qui n'est pas réelle, et cela se sent dès les premières minutes, on veut nous orienter l'opinion, nous faire dire que le Japon est le pire endroit à vivre, que le monde du travail est surcapitalisé et que l'autorité hiérarchique à outrance ne fait que des malheureux. Et bien non, renseignez-vous, vous verrez que malgré des bases et une culture d'entreprise totalement différente, les salariés ne sont pas plus baffoués qu'ils ne le seraient en France, voire moins qu'aux USA, assurement.
Non
Je partage la majeure partie de ce qu'à cité Tanpopo (trés belle critique au passage :)), alors pourquoi ma note diffère-t-elle tant ?.
La critique est par définition personnelle, donc subjective et dépends grandement de l'angle où l'on se place pour analyser le film.
Pas de critique pour la forme, musique (Bach est un bon choix), image, acteurs et surtout respect de l'oeuvre. C'est quasi parfait sur toute la ligne.
Mais je ne peux créditer le fonds. Qu'Amélie Nothomb soit intelligente n'est plus à prouver, mais elle est également quelque peu "dérangée' et celà a influé sur l'écriture de son livre (complexe de persecution), donc sur l'adaptation en film.
Certes, travailler au Japon est une expérience qui doit pas mal bouleverser nos repères occidentaux, mais sans atteindre les extèmes cités dans le film... il me semble réellement onirique de bout en bout...Amélie ne s'évade pas seulement par le rêve lorsqu'elle regarde par la fenêtre, mais l'ensemble du film semble être un rêve.
Afin d'étayer mes propos, quelques remarques :
- Même si l'humiliation en tant que plaisir se retrouve a bien des niveaux dans la société japonaise, je ne suis pas certain qu'on le retrouve tant dans les entreprises nippones...de plus s'acharner sur une Gaijin, n'est pas valorisant en soit.
- Ce qui m'a étonné ce sont les éclats de voix constants, alors que les japonais sont plus posés et les éclats de voix sont en général un signe de perte de contrôle de soit.....
- Par opposition, le choix fait par une partie des employés d'utiliser les toilettes d'un autre étage est peu concevable, tant un rappel à l'ordre d'un supérieur aurait eu tôt fait de tuer cette rebellion dans l'oeuf. Certes c'est possible, mais totalement en opposition avec le carcan moral dans lequel semblent évoluer l'ensemble des employés durant le reste du film.
...
Non, on voit essentiellement la mise en valeur d'un complexe de persécution dont souffre Amélie Nothomb.
Ce qui me dérange, c'est bien le crédit "aveugle" que peut accorder le spectateur à la manière dont sont décrits les comportements japonais...le livre avait déjà bien fait suffisemment de ravages auparavant. Alors que je sortait de la salle en compagnie de ma femme, j'ai noté plusieurs personnes (beaucoup étant agées), se delecter des derniers instants...comme gonflé par cette quasi-française (elle en partage la langue) ayant mis à genoux ces méchants japonais ...
Le livre et le film ont réellement été conçus pour flatter l'ego de l'auteur et du public francophone, mais aux dépends de la réalité des faits. Qu'on ai parlé de roman, d'accords, mais pas autobiographique alors.
Le japonais est ici honteusement caricaturé et au lieu de permettre de connaitre un peu mieux les moeurs de ce pays fascinant, on l'enferme encore plus dans son carcan à bases d'images surfaites (dire que l'on a critiqué E. Cresson quand elle a traité les japonais de fourmies).
Pour Fubuki san, c'est vrai qu'elle est admirable. Par contre contrairement à la plupart des gens, je ne trouve pas que Sylvie Testud soit aussi brillante. Certes son jeux d'acteurs est sans faute, mais sans éclat non plus. Bravo pour la mémorisation du japonais, mais quelle désastre dans la prononciation et surtout les intonations...son japonais est à la limite du compréhensible, inconcevable pour quelqu'un travaillant ou souhaitant travailler dans une entreprise japonaise.
Ahh je sais que j'ai été dur, mais autant le livre, autant le film ont titillés ma sensibilité...
Ce film s'apparente plutôt à une vengeance de l'auteur face à une situation vécue...Amélie a vécu sur un capital affectif vis à vis du japon, capital qu'elle a surtout accumulé dans son enfance (je comprends celà et vis également sur un capital affectif en ce qui concerne le japon), et elle a été totalement déçue lors de sa seconde approche. Mais celà ne pouvait motiver l'écriture de ce livre.
Fidèle adaptation.
La bande-annonce ne laissait rien présager de bon:on allait se taper un télefilm "gonflé" au format cinéma,une sitcom genre "caméra café"...Que nenni!
Cette adaptation du plus connu des romans(tous trés populaires) de la belge Nothomb,si elle se révèle plutot plate niveau mise en scène,sait par sa fidélité totale à l'écrit original,nous captiver ,voire nous émouvoir.Pas de gros effets de réalisation,pas d'esthétisme-zen(on a évité le cliché trop pub Kenzo),mais beaucoup de plans rapprochés,des scènes d'intérieur,normal dans le bouquin c'est tout pareil.Mais ce manque d'audace stylistique renforce le texte de base.Un exemple:l'intérieur reflète la banalité du quotidien(pas si banal avec une allumée comme Amélie!),le monde du travail étant uniformisé ici plus encore qu'ailleurs,par contre les vues exterieures sont vécues comme des reves par la jeune fille derrière les fenetres du bulding,révélant son amour profond pour le Japon,qu'il soit urbain ou représenté par un jardin zen.
Car ici ,pas de caricature outrancière pour la mentalité nippone(on pouvait craindre le pire).Mais Nothomb est trop subtile pour se livrer à ce jeu stérile,au contraire elle vit son passage dans une entreprise japonaise comme une consécration et décide de l'assumer à la japonaise malgré un plan de carrière légèrement contrarié!Et les humiliations successives n'altèreront en rien sa fascination pour le pays de son enfance.
Il s'agit d'une comédie ,certes,mais douce-amère,et derrière l'ironie se cache souvent une critique des rapports humains somme toute universelle et plutot sombre.Quant à la relation qui lit Amélie à sa supérieure hiérarchique directe,c'est l'extrait magistralement amené de "Furyo" qui résume l'ambiguité des rapports entre les deux femmes.Et le cinéphile se voit offrir un joli clin d'oeil pour l'occasion.
Les interprètes sont parfaitement crédibles,le casting a trés bien su faire passer les protagonistes de l'écrit au filmé.Mais Sylvie Testud est vraiment à saluer,en dehors de ses performances linguistiques,elle EST Amélie Nothomb,à la fois exaspérante et terriblement touchante.Et comment ne pas citer la magnifique et élégante Fubuki-san,Kaori Tsuji,impeccable dans son role de Executive-woman du soleil levant.
Les partenaires masculins ne déméritent pas,loin s'en faut.Quant au spectateur amoureux du Japon,il a l'agréable et étrange sensation de regarder un vrai film français,mais presque entièrement sous-titré!Une touche d'étrangeté pour un film intelligent,sans beaucoup d'effets de style mais chaleureux et attachant,à l'image de son héroine et inspiratrice.
Suicide Club
C’est une chose très étonnante que d’assister au suicide d’un film. C’est ce que commet Stupeurs et Tremblements au bout d’une heure et demie d’une transposition terne et sans imagination du roman plutôt médiocre d’Amélie Nothomb. Une heure et demie où la voix off omniprésente d’Amélie pallie l’incapacité de la mise en scène à exprimer quoi que ce soit. La honte, l’incongruité, la fascination, le mystère, l’absurde… bref tout ce qui constitue l’expérience d’Amélie chez Yumimoto. En plus, les Japonais sont peu expansifs, c’est bien connu, ce n’est pas eux qui vont exprimer des choses. La solution, se dit Corneau, serait donc de faire sur jouer Sylvie Testud afin de faire croire qu’il se passe quelque chose, et le recours à la voix off pour exprimer quelques émotions. Mais rien ne se passe : le film colle au roman, le texte issu du roman dit en voix off prenant quasi-intégralement en charge la narration.
La seule audace du film est la représentation des défenestrations mentales d’Amélie survolant la majesté de Tokyo. Seules scènes véritablement adaptées du roman et non simplement transposées. Amélie vole. L’effet est un peu cheap, mais il y a Tokyo. De beaux plans d’ensemble qui suffisent à exprimer la fascination indicible qu’inspire cette ville. Dans ces plans, il y a (enfin) des reflets, des couleurs, des lumières, des formes. De la vie. On se prête à réver d’un film qui nous donnerait à voir la vie de ces gens qu’on distingue au loin. Il y a dans ces plans une impression de vie, à l’inverse de la pantomime généralisée qui a cours dans cette mascarade d’entreprise Yumimoto. L’absence d’humanité dans le système hiérarchique nippon des entreprises signifie peut-être absence de vie pour Corneau. Mais c’est une solution facile et fausse, car sans prévenir survient une scène, au sein de Yumimoto, où l’on aperçoit une réaction que seuls des êtres vivants peuvent éprouver : des larmes. Fubuki, la tortionnaire d'Amélie craquant dans les toilettes après une humiliation publique. Les larmes de Fubuki trahissent l’univers artificiel constitué par Corneau.
Et c’est là qu’on se rend compte que le Japon est paradoxalement le grand absent d’un film qui voudrait en décrire l’un de ses mécanismes. Tout ce que nous voyons fait « Japon », les décors, les comédiens, la langue… mais tout est figé et désincarné, car vu et filtré à travers les yeux d’une occidentale. Amélie est Belge. Au lieu de voir, Amélie se donne à voir. Elle a gardé la vision fantasmée du Japon où elle avait vécu petite fille, et refuse de voir un pays qui ne correspond pas à ses souvenirs. Cela aurait pu donner un film bouleversant. Hélas, ce qui est donné à voir est moins la complexité et l’insondable mystère de la société japonaise que le bête aveuglement d’une occidentale arrogante trop absorbée à se complaire dans le martyre histoire de manifester sa déception, pour essayer de comprendre le pays qui l’entoure. Le martyre peut être grand en soi, quand il s’agit d’honneur. Mais ici, il ne s’agit ni plus ni moins que de second degré, la seule solution trouvée par Amélie pour être in fine la plus maligne.
Ce petit jeu dure une heure trente, jusqu’à ce qu’Amélie craque et que le film se suicide en lieu et place d’Amélie, poussant étrangement loin la logique du martyre. Amélie fond en larmes dans les toilettes, Fubuki entre et l’ignore. On entend alors une petite ritournelle bien connue : Merry Christmas, Mr Lawrence/ Furyo, la musique de Sakamoto du film d’Oshima. Puis un court extrait, magnifique, évidemment. Corneau convoque Oshima pour essayer de faire croire que tout ce qu’on a vu avant, en fait, c’était Furyo. L’étrange relation de fascination/répulsion entre David Bowie et Ryuichi Sakamoto se rejouerait à travers la relation de Amélie avec Fubuki. Comme si la fait de citer Furyo dispensait rétrospectivement Corneau de filmer une telle relation. Sauf que la relation de Furyo touchait au sublime. Alors que celle que nous avons vue n’était que démonstration de complaisance d’une part, et de mesquinerie de l’autre. La pilule a du mal à passer. Des gros plans insistants sur le visage de Kaori Tsuji, sublime il est vrai, avec en contrechamp Sylvie Testud éberluée, c’est un peu court comme mise en images d’un jeu qui se voudrait aussi trouble que celui de Furyo. La référence à Nagisa Oshima est bien trop lourde à assumer pour les épaules d’Alain Corneau…qui en était pourtant certainement conscient. Pourquoi avoir poussé le martyre jusqu’à cet extrait de Furyo, véritable suicide artistique, car dès lors il nous faut comparer ? Et comme le dit Fubuki à Amélie (et à Alain Corneau ?) : « tu ne ressembles pas à David Bowie ! » Au moins, le film suit la logique de son héroïne. C’est courageux, dans un sens.
C’est paradoxalement après ce suicide que Stupeurs et Tremblements devient plus intéressant. Comme si constatant qu’il était passé à côté de son sujet, le film essayait de se rattraper. Stupeurs et Tremblements cesse de parler des mesquineries et compromissions de la vie en entreprise nippone pour se recentrer sur cette relation manquée, cette rivalité qui avait tout pour être sublime mais qui termine après avoir touché le fond. Et le film devient vraiment beau. Amélie quitte Yumimoto, dit adieu mais évite de saluer Fubuki qui reste seule, de dos, à son bureau. Derniers moments dans l’entreprise, pointe de nostalgie malgré tout, Amélie se défenestre une dernière fois. Mais, au lieu de voir une ultime fois Amélie survolant Tokyo, Fubuki apparaît dans l’arrière plan, dans le dos d’Amélie, laissant entrevoir sur son visage toute la déception engrangée par cette relation manquée. Ce plan est magnifique : enfin la mise en scène peut s’exprimer, faire naître des émotions sur la surface même du visage des acteurs, prouvant la complète inutilité de la voix off qui nous a été imposés jusque là.
Une heure et demie de paroles inutiles pour finalement trouver la beauté et l’émotion dans le silence, dans l’épure, à l’image du jardin japonais magnifiquement épuré que contemplait Amélie quand elle était petite fille. Pourquoi avoir choisi le suicide, Amélie, au lieu de se laisser guider par l’Amor?
Moyen
Ce film se laisse regarder avant tout pour le jeu de Sylvie Testud et Tsuji Kaori ; les 2 actrices ne font qu'un avec leur personnage, mais c'est Tsuji Kaori (dont c'est le premier rôle) qui tire le mieux son épingle du jeu . Le scénario du film, qui suit à la ligne le roman, traine un peu en longueur et on a l'impression de tourner en rond . Brèf, une réalisation basique et un scénario simpliste . Voilà un film qu'on aura très vite fait d'oublier .