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Sunday morning in Victoria Park

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Bastian Meiresonne 2


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Travail de mémoire, travail de misère,

C'est au cours des ses longues recherches pour se préparer à son rôle principal dans le film taïwanais "Detour to paradise", que l'actrice-réalisatrice Lola Amaria (Betina) a l'idée pour son second film, "Sunday morning…": un mélodrame inspiré de divers faits réels de la dure vie quotidienne des nombreuses indonésiennes parties gagner de l'argent comme domestiques à Hong Kong. Si l'on avait déjà pu en avoir un aperçu dans des productions philippines ou Singapouriennes ("Pas un jour de congé" d'Eric Khoo), le destin des indonésiennes n'avait jamais été abordé aussi frontalement (sauf, peut-être, dans le magnifique premier segment du documentaire sur le travail des femmes indonésiennes "At stake" produit par Nia Di Nata). Il n'est évidemment pas très différent du quotidien des femmes d'autres pays, mais ce qui frappe surtout et avant tout, c'est l'incroyable nombre élevé de ses femmes, comme en témoigne cette hallucinante scène tournée le dimanche matin dans le décor naturel du "Victoria Park" au cœur de Hong Kong ou des centaines de milliers de femmes se réunissent pour se retrouver entre elles au cours du seul jour de congé de la semaine. Beaucoup d'autres scènes se font écho d'un même réalisme sidérant et prouvent la parfaite maîtrise du sujet d'Amaria. En fait, c'est finalement dans les scènes dites "fictives", que le film échoue totalement: pour appuyer le malheur de ces femmes et dénoncer certaines dérives, Amaria a l'idée (avec l'aide de son actrice principale, également coscénariste) d'inventer un gros, gros mélodrame cousu de (gros) fil blanc. C'est extrêmement caricatural, très mal pensé, interprété et mis en scène jusque dans l'ultime scène finale, attendu, qui se voudrait foncièrement dramatique, mais ne réussit finalement que d'être d'un comique involontaire. Dommage, car l'attention de Lola Amaria était certainement très bonne et extrêmement courageuse dans le cinéma indonésien – sauf qu'à force de vouloir quand même rallier le grand public indonésien, Lola est tombé dans les travers des grosses ficelles des soaps, qui alimentent son quotidien…

12 octobre 2011
par Bastian Meiresonne


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