Eh ! Paix !
Confinement 2020. Les armureries ont été dévalisées et deux chevaliers se battent pour les rares épées qui restent. Ca démarre très bien, enchaîne avec un ventre mou prévisible, puis se clôture sur un excellent final avec un chouette vilain. De très beaux plans, un score sympa mi-classique, mi Tangerine Dream's like - ah moins que ?... - un Eddy Ko on fire en bad guy agressif, de belles femmes, un romantisme touchant... ça a certes vieilli, mais c'est encore très bien tout ça et les combats restent pêchus.
Réappropriation
Bande annonce
Avis Express
En ayant une approche inédite du wu xia pian traditionnel,
The Sword de Patrick Tam fait figure de date dans l’Histoire du cinéma Hongkongais à l’instar du
Zu, les guerriers de la montagne magique de Tsui Hark, moins sec mais plus secoué. En parlant de sécheresse, il n’y a pas que cette montagne craquelée en fin de métrage ou ces plaines fantômes rappelant le western/chambara au moment d’un duel bref et, justement, sec. Le film opte pour un ton 1er degré déstabilisant si l’on sort un peu trop vite du cinéma de la Shaw Brothers. On abandonne le cirque, les spectacles martiaux et les acrobaties, la théâtralité, pour s’orienter davantage vers le concret. Ici, le profile des personnages a beau être sans surprise (le héros motivé par une quête particulière, la jeune débutante, le gentleman tyran, l’épouse meurtrie, le maître…) ils n’en demeurent pas moins fouillés sur le plan strictement psychologique. A l’image de l’univers dépeint par Patrick Tam, ces endroits confinés à l’extrême, éclairés à la bougie et à la lumière naturelle sont autant de lieux propices à la trahison, au meurtre et à l’amour meurtri. Le rapport des héros à l’arme est aussi particulièrement intéressant, une philosophie qui rappelle
Le Sabre du mal d’Okamoto, sans toutefois atteindre son degré de possession quasi démoniaque. C’est justement par son caractère parfois irréel –et ce, dès son introduction- que
The Sword aurait gagné à aller encore plus loin dans la dimension spirituelle de l’arme. Quitte à bousculer les codes du wu xia pian dans son traitement le plus pur, l’arme,
« the sword », autant la mettre plus en avant encore. Elle est l’attention de tous, mais n’effraie pas, ou peu. Et malgré un léger passage à vide avant que Li (Adam Cheng) ne rencontre Wah (Tien Feng), on aura tout de même vu de beaux personnages féminins, tantôt séduisants, horripilants et touchants, trop souvent en option dans le cinéma de Hongkong, des combats brutaux et une atmosphère poussiéreuse que de beaux décors et tissus n’arrivent pas à masquer entièrement.
Wu xia pian humaniste
Les personnages assument ici pleinement leur destinée, c'est elle qui les mènera jusqu'au terme de leur quète et on se rapproche parfois de la tragédie occidentale. La réalisation est limpide dans sa linéarité, et le thème musicale repris jusqu'à la fin renforce l'impression de fatalité qui se tisse tout au long du film. Patrick Tam reussit néanmoins à nous garder captif par une très belle mise en image, il excelle dans les plans larges malheureusement trop rares à mon goût, les combats sont esthétiquement très beaux.
23 janvier 2004
par
jeffy
Que des morts...
Moins aimé des fans de cinéma de Hong Kong qu'un Duel to the Death il est vrai plus jouissif, ce film phare de la Nouvelle Vague hongkongaise supporte pourtant un peu mieux le revisionnage. Déjà parce que les récentes rééditions DVD Celestial permettent de mieux apprécier la posture postmoderne de Patrick Tam. Ce qui caractérise The Sword, c'est en effet son rapport mortuaire, quasi-fantômatique au wu xia pian. On y retrouve les auberges et les guerrières androgynes vues chez King Hu mais sans le souffle épique, l'univers où les personnages ne sont pas maîtres de la situation et où les dés sont pipés d'avance du cinéma de Chu Yuan mais sans les trouvailles visuelles et narratives délirantes qui rendent ses films jouissifs; les héros chevaleresques du cinéma de Chang Cheh ont disparu, remplacés par des figures faibles, impuissantes, sans héroïsme, les romances ne sont plus fleur bleue, elles ressemblent plutôt à des épines de rose, l'épée du titre ressemble quant à elle plus à l'or qui aveugle les aventuriers hustoniens en mettant en exergue leur vanité qu'à une occasion de bravoure. Le wu xia pian selon Patrick Tam se rapproche alors de palais désaffectés où ne reste que le souvenir de temps plus glorieux revenant parfois sous la forme de spectres. Et même quand les combats de Ching Siu Tung introduisent dans le film une certaine folie Patrick Tam leur oppose la rigueur de sa mise en scène comme pour bien signifier qu'on assiste non à une résurrection du genre mais au dernier souffle d'un malade à l'article de la mort.
Rigueur est d'ailleurs le maître mot d'une mise en scène qui emprunte au chambara une maitrise classique que certains trouveront austère mais qui correspond bien au sujet du film: chaque effet est savamment pesé afin d'opposer à un univers en dérèglement une grande précision dans l'exécution, la lenteur du film lui évite de tomber dans le "wu xia pian spaghetti" en désamorçant tout élément au potentiel grotesque (une giclée de sang en droite descendance de tout un pan grandguignolesque du chambara par exemple) et désamorce le côté fleur bleue ou mélodramatique que pourraient avoir certaines scènes et le lyrisme des thèmes au synthétiseur, lee film finissant par dégager une certaine tristesse, tristesse de celui qui dresse une pierre tombale à un genre qu'il a adoré. Même la chanson finale dégage une tristesse qui est plus celle d'un enterrement qu'une tristesse vitale. La limite, c'est que si le film est maîtrisé il l'est peut-être trop, ce qui pourrait fournir une autre raison aux réticences des amateurs du genre: l'obsession de Patrick Tam pour le contrôle de tous les compartiments du film se sent en ce sens qu'il manque au film ces moments imprévisibles, spontanés qui font les vrais chefs d'oeuvre du cinéma.
Reste que c'est la déconstruction d'un genre alors fatigué par Patrick Tam qui permit sa reconstruction sous une autre forme durant le dernier âge d'or du cinéma de Hong Kong: aux fantômes de the Sword déjà virevoltants et pleinement libérés des lois de la gravité un Duel to the Death allait en creusant le même sillon du rapport au chambara ajouter une énergie vitale qui trouvera sa pleine mesure au travers du style Workshop. Tam allait ensuite s'illustrer une fois de plus comme figure aussi rare devant la caméra que décisive dans l'histoire du cinéma de Hong Kong comme producteur de Wong Kar Wai.
Un excellent Wu Xia Pian anticonformiste de la nouvelle vague des années 80
The Sword est considéré comme un Wu Xia Pian important et à juste titre. Avec
Duel to the Death, il fait partie des Wu Xia Pian de références du début des années 80. Patrick Tam a fait partie de la fameuse "nouvelle vague", aux côtés de Ann Hui, Kirk Wong ou encore Tsui Hark.
The Sword marque bien une rupture, que ce soit au niveau réalisation ou même scénario.
Le scénario s'éloigne de l'esprit chevaleresque cher au Wu Xia Pian mandarin. Dans ce sens, on se rapproche un peu de Duel to the Death. Sauf qu'ici le personnage de Damian ne prend jamais vraiment conscience de l'absurdité de sa quête, sauf peut-être lors de la dernière scène. Sa quête étant purement martial, c'est donc toute la philosophie martiale qui est remise en question. Elle est encore plus chamboulé par le personnage de Norman Chu (Hashimoto dans Duel to the Death), qui est lui un vrai pourri. L'esprit chevaleresque est totalement absent de ce personnage qui frappe même les femmes sans défense. Vous l'aurez compris, les chevaliers de The Sword ne sont ni des modèles de vertu, ni d'intelligence.
Au niveau réalisation, le film est partagé entre deux tendances. On lorgne évidemment du côté du film de Ching Siu-Tung pour les scènes d'action. La raison en est évident, le bon Siu-Tung chorégraphie les combats du film, et Patrick Tam se charge du reste. L'apport le plus intéressant me semble celui du chorégraphe débutant, qui s"échauffait" ici pour son futur premier film. Les scènes d'action sont très dynamiques et portent sa signature. Bien sûr, il y a moins de sauts que dans Duel, et pas de ninjas de la mort. Mais la patte du chorégraphe est ici et marque le début d'une nouvelle ère visuelle pour les Wu Xia Pian.
Par contre la réalisation de Patrick Tam est beaucoup plus classique, et le rythme découragera les fans d'arts martiaux au rythme d'enfer. Il y a beaucoup de scènes de discussions, donc ne vous attendez pas à une succession de combats. Si par contre vous acceptez le fait que c'est un film martial, mais que martial ne signifie pas "combats à gogo", vous apprécierez le scénario bien écrit de ce film. De même que la photo de bonne qualité, les décors intérieurs feutrés et le sens du plan dont fait preuve Patrick Tam. Evidemment, les deux styles de réalisation ont un peu de mal à cohabiter, notamment en raison de la différence de rythme. Mais globalement, chaque style apporte son plus au film.
Quant à la musique, on n'attend pas les sommets de kitcherie de Duel mais on s'en approche. L'utilisation de synthétiseur pourra en choquer certains, mais une nouvelle fois, j'ai trouvé ça assez réussi. Il suffit de replacer le film dans son contexte et d'apprécier la rupture avec la tradition. De même que le casting, puisque Damian Lau et Norman Chu ne sont plus à présenter, et les deux rôles féminins principaux sont plutôt convainquants.
Au final, vous comprendrez que j'ai beaucoup apprécié, un peu moins que Duel to the Death certes. Mais voici un Wu Xia Pian très réussi au niveau combat (même si complètement farfelu), et dont le scénario est en rupture avec la tradition et relativement intéressant pour peu que les considérations philosophiques martiales vous intéressent. Un incontoûrnable donc.
Un classique post-traditionnel bien classieux entre duel to the death et le chambara nihiliste
Wu Xia clé de la nouvelle vague HongKongaise mêlant le chambara nihiliste, la romance bien rosée, le néo wu xia façon Duel To the death avec la touche Ching Siu Tung pour les combats à l'épée virevoltants, The Sword possède une ambiance toute particulière, des éclairages brutaux rappelant parfois Suzuki, une belle tentative novatrice de philosophie de l'épée maléfique, des tourments de son porteur et les difficiles soubresauts de la voie de l'épée. Oui mais malgré tout, le mélange est moins porteur que les grands chambaras nihilistes et la pâte HK plutôt naïve sur les bords affaiblit la puissance du récit (non, mais qu'elle est énervante cette jeune fille qui ne comprend rien et ne veut rien entendre). Donc cette fois-ci, je ne suivrais pas l'avis général malgré l'importance historique et les qualités de The Sword, ça reste trop lent à mon goût et n'effleure qu'un chouillas la puissance émotionelle escomptée.
La réalisation est atypique, classieuse et novatrice pour l'époque, Adam Cheng, Norman Chu et Eddy Ko parfaits comme d'habitude, les personnages tourmentés et autres héros silencieux tranchent avec le wu xia façon Shaw de rigueur jusque là. The sword a du charme donc, indéniablement, un fond philosophique assez singulier et quelques combats énervés qui annonce comme jamais les folies à venir (trop de "sauts de crapauds" néanmoins). Mais tout ceci ne l'empêche pas d'être retenu et pas très implicant dans sa contemplation un peu vaine.
La musique pour appuyer ma déception se veut mélancolique et puissante. Résultat, deux thèmes lancinants se battent en duel et reviennent inéxorablement toutes les 5 minutes, plus énervant que mélodieux.
Illustrée par un travail visuel très soigné (ainsi qu'une bande originale joliment mélancolique), "The Sword" possède également comme qualité d'être claire dans ses enjeux et de ce qu'il veut raconter. L'épée du titre symbolise (pour moi en tout cas) la destinée futile, qu'un personnage meurt ou non, de tous les hommes (bons ou mauvais) asservis au dictat de la renommée lié à leur statut de chevalier et le sens qui en découle. Ce que fait "Li" incarné par Adam Cheng durant le plan final du film me le laisse penser. Les trois personnages féminins seront aussi entraînées dans le sombre sillage creusé par cette épée maudite.
29 février 2020
par
A-b-a
Un grand moment qui n'a que peu vieilli
Et bien au risque de surprendre, voir de choquer, je préfère ce film à "duel to the death", plus hystérique, mais finalement peut être plus conformiste dans son propos. Ce film a certainement été une grande source d'inspiration pour les "tigre et dragon" et "hero", tant le traitement est similaire. En effet, malgré un rythme soutenu, c'est la sensation de lenteur qui règne et semble s'imposer maîtresse de l'histoire, installant bien les événements pour les rendre plus inéluctables encore.
La mise en scène est admirable sur tous les plans, d'un point de vue strictement visuel d'abord, le soin aporté à la photographie, aux décors et aux costumes est admirable. Aucun plan de caméra n'est superflu, et chacun trouve sa pleine justification et un sens à lui tout seul. Mais pour moi, le travail le plus intéressant se situe au niveau de la direction d'acteurs, qui joue beaucoup sur les déplacements amples et majestueux des personnages, et sur la prestance des acteurs.
En ce sens, on se rapproche d'ailleurs plus d'une mise en scène de théâtre, ce qui confère au film un charme peu commun (un peu à la manière de "l'auberge du dragon", où chaque déplacement est travaillé à l'extrème). Il faut dire que Patrick Tam est aidé par des acteurs excellents et vraiment convaincants dans leur interprétation. Adam Cheng incarne à lui seul l'idéal de la chevalerie (vertueux, droit, honorable et digne, il est d'une élégance folle) et paradoxalement, son inverse (de part sa quête insensée et futile, il provoquera de nombreuses morts alors même qu'on sent qu'il refuse de tuer de sang froid).
Malgré cet aspect négatif du personnage, il nous reste sympathique grâce à ses nombreux bons côtés, en particulier sa vertue et son courage, il n'hésite pas à se lancer au secours de la fille d'un étranger, sans même savoir de quoi il retourne (il propose son aide avant de savoir de qui il est question). Pendant tout le film, il apprendra à ses dépens (et celui des autres) le fardeau de la destinée d'un chevalier, pour finalement se rendre compte qu'il lui a tout abandonné à tort, et en vain. Tsui Siu Keung, peu présent à l'écran, incarne un personnage froid et distingué, dans un jeu très sobre et efficace.
Les rôles féminins sont également très bien joués, que ce soit l'amie d'enfance, élégante et pure, la fille de Wah, naïve et courageuse (mais surtout impulsive), où l'amie de Wah, douce et serviable. Si leurs rôles ne sont pas tous de splus intéressants, elles se révèlent toutes trois suffisamment bonne sinterprètes pour en faire des personnages émouvants. N'oublions pas Eddy Ko, dans un rôle inintéressant, mais qu'il illumine une fois de plus de sa présence magnétique.
Les chorégraphies de Ching Siu tung sont excellentes, les combats vont crescendo dans la violence et la fluidité, les 4 premiers sont très bons, et les 4 derniers tout simplement magnifiques, très inventifs et originaux. Le dernier affrontement reste pour moi l'un des plus beaux combats de sabre, meilleur que n'importe quel combat de "duel to the death", de part sa chorégraphie vive et énergique, son montage épileptique qui rend l'action fluide sans en atténuer la fluidité, et la nervosité de l'ensemble, qui en fait un ballet mortel et magnifique. Tourné aujourd'hui, on n'arriverait pas à un pareil niveau.
Le paradoxe du rythme et de la folie des scènes d'action face à la lenteur des scènes de dialogues et des gestes des acteurs donne une saveur inoubliable, et met en valeur tous les aspects du film de manière brillante. Et n'oublions pas la musique, avec un thème principal envoutant, qui s'accorde à la tension de chaque séquence, et nous accompagne lors du final qui mériterait le nom de "dernière chevalerie"......
the sword
j'ai bien aimé ce film, même si la scène finale est assez violente! les acteurs jouent très bien et le scénario est assez bon!
Bien
Un bon film . Des combats courts et éfficaces, une mise en scène énergique, un bon jeu des acteurs . Une réussite .
superbe wu xia pian
patrick tam nous réalise un remarquable wu xia pian qui marque le renouveau du film de sabre debut des années 80. les combats aeriens chorégraphiés par ching siu tung sont sublimes. d'ailleurs on le vera 3 ans plus tard ou la il realise et chorégraphies "duel to the death" qui reste pour moi son meilleur film. pour en revenir a the sword signalons aussi une musique sublime qui donne au film une dimension suplémentaire. tres tres bon film.
Le meilleur film de chevalerie de Ching Siu Tung
The Sword reste sans doute le meilleur film de Chevalerie du très grand technicien Ching Siu Tung, ce Wu Xia Pian a été réalisé par Patrick Tam, mais le film porte bien la marque de Ching Siu Tung dans les scènes de combats , surtout des duels aériens très esthétiques à la fin du film
Les costumes sont aussi élégants que des films A touch of Zen ou Raining in the Moutain de King Hu.
Contrairement à certains critiques des spécialistes des films de Chevalerie, je pense que peut être de « The Sword » montre des épéistes qui ne correspondent pas à l’image donnés dans le monde de grand écran, mais si on compare les personnages de « The Sword » aux personnages des romans de chevalerie chinoise, les héros de film ont des caractéristiques assez classique.
Ce Wu Xia Pian donne une vision différente des héros que je qualifient hollywoodiens, qui refusent la violence, et qui défend toujours la justice, « The Sword » montre des caractéristiques des personnages qui sont totalement passionnés par les art martiaux et rien d’autre.
The Sword est un film assez linéaire, au début les combats ne durent pas longtemps, mais au fur et à mesure du film, les duels de sabre deviennent de plus en plus longues et de plus en plus élégants et gracieux, la fin est vraiment géniale, deux chevaleries qui s’affront avec le sang partout sur les costumes, des scènes filmées au ralentie …
Un seul point négatif que je peux tirer de ce film est que le duel à la fin est grossièrement copié sur « Last Hurra for Chivalary » de John Woo, lorsque le méchant fait un vole horizontal de 20 mètre pour attaquer Adam Cheng (le bon)
Chaque plan crucial.
Dans The Sword, comme dans Duel to the Death de Ching Siu-tung ou Zu de Tsui Hark, chaque geste cinématographique proclame une urgence historique: la nécessité d'un passage de génération. Et cette urgence n'est possible qu'au nom d'un travail esthétique "autre" de ce qui se donne comme cinéma populaire dans un contexte donné. Ainsi, Patrick Tam, dans son incontestable chef-d'oeuvre, se replie-t-il, à partir de plans en scope où tout King Hu se trouve résumé, sur la nécessité d'une altération du cadre qui réponde à une vibration généralisée du film plutôt que, comme chez King Hu, à celle des corps référentialisés. Pour cela, évidemment, The Sword est moins radical que Duel to the Death ou Zu qui désubstantialisaient le corps jusqu'à sa perte de référent. Mais The Sword vient aussi plus tôt, il ouvre: c'est le premier jalon d'une nouvelle vague que Serge Daney, dans son Journal de Hong-Kong, n'hésitait pas à reconnaître malgré ce qu'il considérait comme une surenchère de virtuosité. Car c'est vrai: dans The Sword, chaque plan est d'une beauté délirante - chaque plan, sans exception, est l'exposé rigoureux d'une pensée-cinéma entièrment incarnée sur pellicule. Ou, si l'on veut, où toute la pellicule est cinéma. Cette tautologie, qu'on m'en croie, est très rare.
Un coup d'épée dans le systéme.
"The Sword" est le premier Wu Xia Pian de la nouvelle génération de cinéastes de Hong Kong de la fin 70's: il est contemporain des brulôts de Tsui Hark comme "Butterfly Murder" ou "We are going to eat you" mais sa démarche est différente. Au contraire de Tsui Hark, qui lançait le fameuse nouvelle vague avec des films à la réalisation aussi derangeante que leur sujet ( pas trés eloignés du cinéma d'horreur italien de la decénnie précedente, Fulci Romero et Argento en tête), Patrick Tam s'emploi à apporter une esthétique trés douce, trés composée à son film tout en sabotant avec minutie les codes de la chevalerie établis.
Ici, l'accomplissement du chevalier ne trouve aucune saveur,les personnages sont rongés par leur principe et sont condamnés à l'immobilisme: les Arts Martiaux n'ont clairement aucune réponse à apporter.
Au final, on obtient un film trés intéressant, qui patit peut être de langueurs exagérées dans certaines scènes, voire d'un certain manque de dynamisme dans la réalisation (à l'exception d'un passage tout droit sorti de "We are going to eat you", vers le début ou du combat final qui préfigure toute une décennie d'action.)
Quel dommage que la volonté de briser les codes ne se soient pas accompagnée d'une recherche d'extravagances visuelles TOUT AU LONG du film !