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3.30/5
Swordsman
les avis de Cinemasie
8 critiques: 3.38/5
vos avis
22 critiques: 3.33/5
DJ King Hu featuring MC Tsui Hark
La narration bordélique et des acteurs peu charismatiques n’aident pas à l’engouement, il faut dire ce qui est. Comme en plus
Tsui Hark recycle deux-trois trucs, comme le papi warrior des
Histoires de fantômes chinois, et s’essaye à deux-trois autres qu’il réussira nettement mieux plus tard, on a l’impression d’assister à un « Workshop en cours » d’alors, une sorte d’aboutissement foireux d’autre chose, un truc voué à devenir le brouillon d’un autre, une transition entre des films plus intéressants et d’autres qui le seront davantage. Je n'ai pas trop envie de m’étirer sur ce Swordsman, pourtant loin d’être antipathique mais le suivant sera un plus bel hommage à
King Hu que ce film-ci auquel il a pourtant participé. Les plus beaux hommages sont souvent ceux qui ne s'en réclament pas.
Réjouissant
Voilà un film à l'énergie communicative, on est loin des wu xia pian traditionnels, ici plutôt que de s'entraîner, le héros pousse la chansonnette dès qu'il peut. Forcément avec Sam Hui et Jacky Cheung ça ne prête pas à des combats très techniques, mais de toute façon le parti-pris est celui c'une exubérance et qu'importe la technique utilisée, tout s'enchaîne très vite pour notre plus grand plaisir. Un bon dépoussièrage sur les thèmes classiques du wu xia pian, vraiment réjouissant.
La fête des Rois
C'est un véritable boxon HK que nous offre Tsui Hark, une grande foire du speed, un wu xia totalement fantaisiste et extraterrestre. King Hu, Tsui Hark et Ching Siu-Tung à la réalisation, un véritable clash entre le grand maître du wu xia mystique, King Hu, et ses 2 successeurs dans le style combats fantastiques. Malheureusement, on retrouve très peu de la patte de King Hu ici, qui a abandonné le projet rapidement à la vue des méthodes de travail bien trop rapides de ses deux autres compères. On est bien loin des chefs d'oeuvre esthétiques que sont Touch of zen et Raining in the mountain. On est bien loin aussi d'un équilibre harmonieux entre le paisible et la furie. La photo transmet ça et là un peu de la beauté graphique chère à King Hu mais, comme le dit Maggielover, tout cela semble bien trop lent aux yeux de Tsui. Les quelques jolis plans laissent rapidement la place à une éruption de situations distordues et de combats proprement cinglés qui doivent forcément s'enchaîner à grand coups d'accélérations successives.
De nombreux personnages se croisent pour trouver la clef d'un parchemin sacré dans une ambiance joyeusement survoltée et j'avoue ne pas avoir tout saisi tant ça s'enchaîne à une vitesse folle (v.o.s.t.a. oblige). Toujours est-il qu'au milieu de ses situations drôles ou tristes vite échaffaudées surgissent les combats, ni wu xia, ni kung-fu, simplement délires à base de pouvoirs extravagants, explosion de Qi (énergie interne concentrée puis relâchée vers l'extérieur dans un déluge d'explosion), whirlwind kicks, sauts vrillés dévastateurs, lancers de serpents, attaque d'abeilles, acrobaties ultra câblées et j'en passe. Les décors en bois sont d'autant plus enchevêtrés et complexes qu'il permettent ainsi de rebondir à chaque angle et de faire tout exploser dans une tornade de coups spéciaux. Mais bon, tout cela va très très vite et ne peut durer longtemps vu que les gars sont tellement puissants qu'ils font tout péter en quelques secondes.
Le rythme et le ton fantaisiste à outrance restent jubilatoires mais c'est un peu trop la fête et la profusion de dialogues mystico-stratégiques sans intérêt (surtout comparé à un King Hu pur jus) pour pouvoir y trouver une unité libératrice. L'histoire rocambolesque et longuement décortiquée en tout sens anihile pas mal de l'énergie globale. Malgré tout, Swordsman est un incontournable (quoique) qui ne lésine pas dans les idées de combats improbables.
Il manque aussi cruellement d'un vrai héros charismatique puisque c'est Sam Hui, sabreur plutôt rigolard qui s'y colle avec plus ou moins de réussite. Il n'est d'ailleurs pas si héroïque que ça.
Autant je craque devant un Swordsman 2 ou nombre de films du même genre qui détruisent volontairement les limites de la cohérence pour mieux révéler leur énergie, autant le mélange proposé ici perd un peu de goût en voulant tout faire à la fois, en voulant trop mettre dans un seul film, que ce soient beauté, mysticisme, fantastique, rires et larmes (n'exagérons rien), combats, complots, aventure, personnages importants à la pelle, et même chansonettes, et ce pendant 1h50. Temps mort please...
Energie vitale fatale
Cette histoire est à l'image du montage de ses chorégraphies : pas très claire dans l'ensemble mais pourvu d'une sympathique énergie. Heureusement, lors d'une séquence, un vieil homme errant viendra (un peu) éclairer, au même titre que le personnage masculin principal, le spectateur un temps soit peu égaré au milieu de ce maelström narratif. "Swordsman" compense également son trop plein de personnages par une sorte de force vitale obligeant les défauts et les qualités à fusionner et le poussant à avancer quoi qu'il en coute, quitte à perdre l'imprudent voyageur de l'autre côté de l'écran.
Rythme frénétique et action à gogo, ça vous tente ? C'est pas tout !
Difficile de croire que 6 (six !) réalisateurs se sont succédés pour réaliser cet incroyable divertissement complet qu'est
Swordsman. J'avoue encore mal connaître les films des metteurs en scène respectifs, mais pour l'amateur de Tsui Hark il est clair que sa patte se ressent énormément. On ne comprend pas toujours ce qu'il se passe vraiment tant la profusion de personnages et d'évènements est élevée, mais pour autant cela se suit extrêmement bien. Je suis resté totalement admiratif de la mise en scène, de l'énergie dégagée par les acteurs alors qu'aucun héros ne se détache vraiment, de la photographie typiquement Workshop, des cadrages de dingues toute les 3 secondes, des séquences d'action incroyables, de l'univers historique melant complot politique, arts-martiaux et fantastique, de l'ambiance sonore inimitable, de l'humour potache distillé avant de l'ultraviolence puis de la poésie épique... du cinéma comme je l'adore. Et dire qu'on dis que la suite est meilleure.
Une oeuvre typique de la Workshop : un grand maitre derrière la caméra, certainement trop lent pour le grand maître à la production, des conflits, des remontages, et au final un film difficile à suivre mais qui respire le talent à tout niveaux. Une promesse de chef d'oeuvre resté à l'état de brouillon ambitieux comme trop souvent avec les productions Workshop.
Spectaculaire
Parmi les nombreux wu xia pian completement hystériques, Swordsman sort du lot, ce puzzle électrique fonctionne plutôt bien avec de nombreux ressorts scénaristiques improbables.
Perplexité, complexité.
Il faut voir Swordsman comme un document sociologique sur le cinéma de Hong-Kong : lorsque Tsui Hark demande au vieux King Hu de réaliser sous sa férule ce qui sera son dernier film, il n'imagine pas la différence insondable qui le sépare du maître, différence de tempo, différence de langage technique, différence dans le geste d'appropriation d'une histoire du cinéma que l'un a d'abord construite tandis que l'autre l'a d'abord reçue. Ching Siu-tung, Raymond Lee, Tsui Hark lui-même se succéderont à la réalisation lorsque ce dernier se fâchera avec Hu parce que, dit-il alors, "il travaille trop lentement". Mais le plus surprenant est que ces échaufourrées ne semblent pas avoir eu d'effet sur l'ordinaire du film - c'est-à-dire, précisément, celui d'un film très ordinaire. C'est qu'au-delà des individus la machinerie mise en place par Hark - sa machine à produire du cinéma - fonctionne en-dehors de toute contingence humaine : ses films (ceux de son entreprise) sont proprement inhumains - les humaisn n'y évoluent que comme spectralement : c'est un tel qui a réalisé telle séquence, telle chorégraphie, c'est un tel qui joue tel rôle, etc. Mais jamais, dans Swordsman, les corps en amont, en aval, mais aussi dans le film lui-même, ne prennent-ils leur substance de corps. Il ne s'agit que de corporalité décentrée, conceptualisée, visualisée - c'est-à-dire opérationalisée. Le génie de ce film est donc d'avoir phagocyté des zones intensives de l'histoire cinéma (Hu d'un côté, Hark de l'autre) dans son élaboration machinée et machinique, automatique, inhumaine. C'est immense de dire cela. Mais en même temps c'est aussi dire sa tristesse, car la grandeur de Hark est toujours dans le processus de déshumanisation (comme dans Green Snake, et doublement), jamais dans l'état déshumanisé. Swordsman était donc réellement achevé dans son inachèvement de principe, sur son cahier des charges. C'est-à-dire qu'il était mort.