Ratage sur toute la ligne et une fin terrifiante
Remettons le film dans son contexte d'époque : premier film de Chung Chang-Hwa pour les studios de la Shaw Brothers (trois ans avant
La Main de Fer), volonté affichée de s'inspirer des James Bond d'époque et des polars pop du Japon, volonté aussi de sortir la production Shaw Brothers de l'ordinaire en proposant une alternative marrante du film d'espionnage britannique, option nanar, à l'époque où Hollywood et la Metro faisaient bien mieux. Résultat,
La Diablesse aux mille Visages en ressort comme une grossière erreur du studio, incompréhensible nullité qui aurait bien fait de rester au placard. Relativisons, peut-être que sans ce coup d'essai, Chung Chang-Hwa n'aurait pas fait long feux et serait tombé dans l'oubli plutôt rapidement en restant cantonné à une production plus symbolique que celle de l'immense studio Shaw. Farfelu, le scénario l'est assurément. Cohérent, il l'est bien moins, le film étant assemblé comme une succession de scènes sans réel lien logique puisqu'il opte avant tout pour le divertissement et l'absence totale de bon sentiment, aux oubliettes aussi l'humanisme de ses héros à travers une séquence finale absolument ignoble dans tous les sens du terme.
La Diablesse aux mille visages c'est une sorte de James Bond matinée de Max Pecas et de frou-frou d'un film rose naïf aux situations tellement attendues que l'on peut se permettre aisément d'anticiper à peu près tout : la première séquence où une jeune femme s'apprête à dépenser des centaines de millier pour un collier, pue le piège à deux cents bornes à la ronde. Idem pour les nombreuses séquences de faux-semblants impliquant la Diablesse, répétitives et souvent mal réalisées, dont une séquence où Jin Ying, prisonnière dans le repère de la Diablesse, suit les débats érotiques de son double et son petit ami Yu-Da par l'intermédiaire d'un poste de télévision retransmettant la scène. Improbable, surtout lorsque la caméra (sensée être cachée dans l'appartement, cela va de soit) réalise de jolis zooms et quelques déplacements.
L'oeuvre se permet néanmoins quelques petites folies dont on ne soupçonnait guère l'existence, comme ce repère de la Diablesse avec ses danseuses et masseuses à peine majeures qu'on croirait sorties d'un mauvais Jess Franco, cette capsule de torture utilisée à des fins mémorables (elle donne le tournis et peut rendre sourd) pour le spectateur à la recherche de sadisme grotesque (voir Tina Chin Fei tournicoter à la vitesse de l'éclair est jouissif), ces bains quasi érotiques dignes d'un Cleopatra, ces trappes qui s'ouvrent comme par magie pour faire tomber leur proie dans la spirale de l'enfer (au hasard, étant donné qu'on ne sait vraiment pas où tombent les malheureux piégés!) et la liste est encore longue. Pour le fun, sachez que la fabrication de masques "humains" hyper réaliste n'a pas été inventée dans M : i : III et qu'elle est ici expérimentée avec brio sans que personne ne s'en rende compte. La Diablesse signe aussi des chèques dont l'écriture disparaît pour laisser un message signé "La Diablesse aux mille Visages", et prendre feux par la suite. James Bond peut remballer ses gadgets, il ne fait pas le poids. D'un point de vue purement cinématographique, La Diablesse aux mille Visages est mise K.O la faute à un montage aléatoire, une interprétation complètement à la ramasse dont admirable séquence nanar où Yu-Da doit embrasser les deux Jin Ying afin de savoir qui est la vraie, et où on s'aperçoit à peine du subterfuge du cinéaste sensé gagné du temps pour que Tina Chin Fei fasse le tour de la caméra pour apparaître un coup à gauche, un coup à droite. Du concentré de nanar pur jus, dont une fusillade de fin carrément pop, un duo de flics encore plus incompétents que ceux de La Dernière Maison sur la Gauche, et surtout, une incroyable complaisance morale en fin de métrage. En fin de compte, La Diablesse aux mille Visages n'a pas la saveur d'un vrai Shaw Brothers martial, on n'y retrouve aucune de ses figures mythiques qui faisaient sa force à cette époque, la comédie sensée faire partie intégrante du récit ne fonctionne même pas et ce malgré ses quelques belles cascades. En résulte alors qu'un jus réchauffé et affligeant de ce qu'onproduisait à la Metro-Goldwyn-Mayer à la même époque.
La Fantomette Chinoise.
Du kitch enfantin et de la reprise évidente de notre bon vieux
Fantomas passé à la sauce Shaw Cantonaise, voilà ce qu'est tout bonnement cette fameuse Diablesse.
Chung Chang Hwa fait ses gardes à la puissante Shaw et délivre non sans mal un pur divertissement gratuit qui lorgne déjà avec une jolie fraîcheur surannée sur les futures bisseries (la grotte psyché tient du classique !) de la firme. Il montre aussi et déjà une belle énergie lors des combats, extrêmement datés eux cela va sans dire, et des frappes qui annoncent la bombe à venir (
La Main de Fer).
Malgré cela, on ne peut nier les défauts évidents qui plombent la cohérence du récit et même l'ensemble du film, les dialogues d'une pauvreté affligeante, les personnages tels des jouets qu'on avance et fait se confronter à tout bout de champ pour des raisons parfois incompréhensibles, le plus souvent plus que secondaires.
Le scénario reprend pas mal de scènes clefs du Fantomas d'André Hunebelle de 1964. Stratégie "hop là, vite fait, je t'embrouille", à la place d'un Louis de Funès en commissaire Juve, on place une Tina Chin Fei journaliste combattante et pour Jean Marais on pose en face une Pat Tin Hung cambrioleuse mégalo recluse dans une grotte harem. L'ambiance est tout de suite plus sérieuse sans un De Funès sous le coude, mais cela n'empêche pas une dose assez généreuse de comique extra lourd avec le tout jeune Fan Mei Sheng notamment. Encore de bons moments pour comparer l'humour cantonais avec l'humour français le plus Vaudevillesque, le tout agrémenté d'une sympathique touche nanarde de bon aloi. Néanmoins, Chung Chang Hwa est trop souvent à côté de la plaque dans ses scènes d'exposition là où certaines scènes d'action / exploitation valent leur petit détour, ce qui gâche le plaisir.
Bref, bourré de défauts et d'incompétence de débutant à la réalisation, évidemment oserais-je dire, "La Diablesse aux Mille visages" possède une belle énergie et un joli charme kitch malgré tout qu'il peut être agréable de découvrir.
Délicieusement kitch
Futur réalisateur de La Main De Fer, Chung Chang-Wa nous livre ici un film bien loin du grand classique de sa filmo. Si les défauts de La Diablesse aux Mille Visages sont plus qu'apparents (manque de rythme, scénario quelconque et personnage creux) le film a pourtant réussi à me divertir. Sorte de Fantomas HK avec la délicieuse Tina Chin Fei (dont les fans pourront mater à loisir ses magnifiques jambes ^^) en lieu et place de Jean Marais, l'oeuvre possède un aspect très kitch qui fait selon moi en partie son charme et ce malgré les défauts précités. Les filles sont belles, les scènes d'action honnêtes et on ne s'ennuie pas vraiment malgré des rebondissements rocambolesques en plus d'êtres souvent mal amenés. Bref, un divertissement honnête même si on s'étonnera de la politique éditoriale de Wild Side de sortir ce divertissement mineur en lieu et place de films autrement plus recommandables.
Remake de notre
Fantomas national, il manque a cette adaptation Hong Kongaise un Louis de Funes pour rendre celui ci divertissant.
N'importe quoi....
Parfois lourd, souvent naze, parfois bien réalisé, parfois mal, interprété à la va-comme-j'te-pousse, parfois marrant, toujours niais, ce film est un rip-off croisé de Fantomas et de Lézard Noir (sorti l'année d'avant, certains emprunts sont flagrants, comme par exemple le générique...).
On retrouve dans ce film toute la façon de faire de la Sahw: un scénario brouillon qui enfile les péripéties rocambolesques comme des perles sans trop se soucier de vraiment développer quoi que ce soit, personnage, intrigues, etc... si dans un film de Choh Yuen, cette méthode peut confiner au génie, ici, ca confine surtout au je-m'en-foutisme. L'humour est gras et routinier (l'éternel side-kick lubrique et stupide...), le scénario ératique et décousu....
Reste que malgré tout on ne s'ennuie pas vraiment: le film est court et le rythme soutenu. La naïveté de l'ensemble rachète en partie la nullité intrinsèque du film qui ne fait ainsi que manquer se vautrer dans la médiocrité la plus crasse.