Un sans faute
Plus que la success story d’un paysan pauvre qui est arrivé au sommet en devenant une immense star.
Plus qu’une biographie basée sur une histoire vraie.
Plus qu’un film sur la boxe thaïe, sport élevé au rang de religion en Thaïlande, avec ses scènes classiques d’entraînement et de confrontations.
Plus qu’un plaidoyer attendu sur la tolérance et l’acceptation des différences.
Plus que tout ça,
The Beautiful Boxer est avant tout une magnifique et très émouvante plongée dans l’âme d’une femme née dans un corps d’homme, qui cherche désespérément sa place dans la société en essayant de ne jamais renier son identité propre. La composition de SUWAN Asanee dans le rôle de Nong Toom est stupéfiante de finesse, et la mise en scène de UEKRONGTHAM Ekachai est intelligente et de grande qualité (y compris dans les scènes de ring qui comportent quelques coups spectaculaires). On est donc en présence d’une œuvre largement au niveau, dans le même genre, d’un
Billy Elliott par exemple : 2 ans après sa sortie en Thailande, qu’ attend-on pour lui donner la place qu’il mérite dans les salles obscures françaises ?
Fugace instant terrible (spoiler inside) :
En plein doute sur son identité sexuelle, Toom part au Japon promouvoir la boxe thaie. Devant la chambre de son hôtel, il trouve une jeune fan venue lui offrir un bouquet de fleurs. Emu, il la fait entrer. Cette dernière en profite pour se déshabiller et lui offrir son corps. Toom regarde ce corps nue de femme et les larmes lui montent aux yeux : il ne veut pas faire l’amour à ce corps, il veut avoir le même !
Simplicité et humilité
Beautiful Boxer est un film simple et humble. Aussi simple et concis que son titre: beautiful, boxer, deux termes antagonistes mais réunis. Il conte une histoire peu complexe, vraie qui plus est, une histoire qui parle à tout le monde, et qui est mis en scène avec suffisamment de sérieux et de talent pour ne pas être banale, mais sans être prétentieuse non plus. Bien sûr, certains éléments ont dû être un peu altérés, un peu romancés. Mais cela n'enlève rien à l'efficacité de l'ensemble: pour faire un bon film, il faut avant tout et surtout une bonne histoire. C'est une base oubliée par bon nombre de productions actuelles qui vont préférer l'emballage au contenu. Tiens, cela rappellerait presque un film thaïlandais ça, un certain Ong Bak très impressionnant par ses scènes d'action, mais complètement vide autrement. Le rapprochement est facile, on parle de muay thai ici aussi, on reprend un peu les mêmes techniques anciennes de combat. Mais si le film dont il est question ici est évidemment moins impressionnant visuellement, il compense très largement avec un vrai contenu, de vraies émotions et une vraie utilisation des arts martiaux dans le cadre d'un récit. A l'arrivée, c'est évidemment le film de Tony Jaa qui va faire parler de lui partout, mais ça n'est sûrement pas le plus enthousiasmant des deux artistiquement parlant.
Si l'histoire de Beautiful Boxer est simple et efficace, c'est surtout qu'elle évite bon nombre de poncifs des success story en sport. Non le film ne va pas se terminer avec un combat contre le gros méchant boxeur tatoué intolérant pour le titre de champion de Thaïland dans un stade plein à craquer. Le dernier quart est à ce titre un peu perturbant, on suivait jusqu'alors le chemin très balisé de la success story, le personnage défiant l'adversité avec un beau courage, bref on se sentait "à la maison". Le spectateur d'aujourd'hui est hélas un peu trop "formaté" par les codes des genres (voir l'exemple plus qu'éloquent de A1 Headline à Hong Kong cette année), et ressentira peut-être une légère déception suite à cet épilogue moins glorieux mais bien plus réaliste. Beautiful Boxer n'est finalement pas tant une success story, c'est avant tout un film de doute et d'incertitude, de recherche de soi.
Et pour faire passer la force de cette histoire, il faut aussi et surtout de bons comédiens. Notamment un comédien principal à l'aise dans un exercice de style absolument pas commun. Il faut en effet mixer le froid et le chaud dans un même personnage, être à la fois féroce et féminin. La performance du jeune boxeur professionnel Suwan Assanee est à ce titre très impressionnante. On pourra bien sûr arguer qu'il n'a pas un visage très féminin, mais le vrai Nong Toom lui ressemble tout de même beaucoup et pour un débutant en interprétation, sa performance est véritablement bluffante. Il est évidemment crédible lors des scènes de Muay Thai (de grande qualité en passant), mais aussi tourmenté que nécessaire en dehors. Le reste du casting se montre également pertinent, même si certains personnages sont peu développés.
Les autres aspects du film se montrent globalement de très bonne qualité, avec une réalisation soigné (voir le très beau générique d'ouverture), même si parfois un peu trop (était-ce bien utile de saturer autant les couleurs de certaines paysages de la Thailande?), une touche d'humour bienvenue qui évite au film de se prendre trop au sérieux, et une musique un peu répétitive mais réussie.
Au final, les quelques petits défauts n'amoindrissent que très peu la force cette histoire simple et efficace. On pouvait craindre une exploitation commerciale de cette histoire vraie, de même que Nong Toom a été exploité pour promouvoir son sport. Mais à l'arrivée, le film et son personnage suivent la même voie: tous deux ont sû trouver leur âme dans des milieux pas forcément très propices à leur différence. Beautiful Boxer, Beautiful Movie.
Beautiful boxer : the thai paradox.
Paradoxal, ce jeune garçon issu d'une famille pauvre du nord de la Thaïlande. Tout petit, il s'habille en fille et se maquille. Ensuite, il se laisse facilement dominer par les autres garçons y compris par son frère cadet, ce qui lui vaut une correction de la part de sa mère. Il recherche aussi la compagnie des petites filles. Sa vie change quand, adolescent, il rencontre Pi Chart, l'entraîneur d'un camp de boxeurs, qui l'embauche, car notre héros, Noong Thoum, souhaite boxer pour gagner de l'argent. C'est sa piété filiale qui lui a donné cette motivation : il veut sortir sa famille, en particulier sa mère, de l'ornière de la misère. Il manifeste des dons en même qu'un réel intérêt pour le muay thai alors que, parallèlement, il se passionne pour le li-kay, danse traditionnelle thaï cousine de celle des apsaras cambodgiennes et des danseuses balinaises où la grâce des mouvements des mains constitue l'essentiel du langage de cet art.
Mais vous ne saurez la suite que si vous allez voir ce chef d'oeuvre du cinéma thaïlandais qui, au passage, pourfend le bouddhisme à plusieurs reprises.
Belles images de boxe thaïlandaise et émotions au rendez-vous, le tout souligné par une bonne bande sonore.
Un grand moment de cinéma.
Nature gâtée
La véritable histoire du pratiquant du muay thai, Parinya Charoenphol avait tout pour donner lieu à un grand drame plein de clichés ou une pantalonnade du genre des "Iron Ladies" - heureusement, qu'il n'en est rien.
Couvrant l'entière vie (magnifiquement résumée en une simple image vers la fin du film), cette biographie, certes romancée pour les besoins du film, évite pourtant parfaitement tous les clichés et stéréotypes éculés du genre. Troublante découverte d'un "autre" soi, difficile acceptation au regard des autres, courageuse vie menée, le parcours de Parinya est exemplaire. Les combats ne se passent pas sur le ring, mais dans le coeur tourmenté de la femme, prisonnière d'un corps d'homme.
Le réalisateur UEKRONGTHAM réussit l'audacieux pari de mêler portrait intimiste, combats parfaitement chorégraphiés et une belle métaphore de l'acceptation de soi dans le film. Il se permet même des séquences oniriques de toute beauté et des rares touches d'humour complétant un parcours absolument exempt de tout défaut.
Une oeuvre magistrale au sein d'une cinématographie peu exigeante et un film, qui mériterait une couverture mondiale bien plus importante.
Beautiful movie
Beautiful Boxer est probablement l'un des meilleurs que j'ai vu depuis un petit bout de temps: c'est une histoire à la fois touchante, amusante, bourrée d'action et d'humour qui, au delà de son pitch ultracommercial est bourré d'humanité. Cette histoire vraie d'un jeune kickboxer qui, au fond de lui veut devenir une femme est tout simplement bouleversante mais aussi très divertissante gràce à un rythme soutenu et des combats bien percutants. Si l'on ajoute à cela un très bon casting et un script efficace, Beautiful Boxer est l'un des meilleurs films asiatiques de ces 10 dernières années. A voir ABSOLUMENT!!
Une très belle histoire vraie finement réalisée et interprétée. Un très bon film.
Le ring aux folles.
"The Beautiful Boxer", dans le paysage cinématographique thaïlandais actuel, semble être une petite réussite. Pas une réussite majeure, parceque cinématographiquement parlant, il n'apporte strictement rien ; mais une petite réussite quand même. Ce qui est déjà pas si mal. En clair, on est loin des immondices réalisés par Nonzee Nimibutr et les frères Pang. Parceque là, on cause un peu plus de cinéma.
"The Beautiful Boxer", c'est l'une de ces belles histoires où le héros est un être différent, donc fatalement confonté à lui-même, à ses troubles intérieurs, tout en devant faire face aux autres, à leur jugement souvent puéril. Par conséquent, c'est le genre d'histoire par laquelle on se laisse volontiers porter pendant deux heures. Une histoire qui touche, ou qui émeut, parcequ'elle est porteuse d'un beau message universel, juste et sincère (et qu'elle est vraie, à l'origine). Une histoire de sentiments ; les sentiments humains, les vrais, les notres, et puis ceux des personnages de l'autre côté de l'écran (l'acteur principal est crédible dans un rôle plutôt complexe).
"The Beautiful Boxer" est un film où la schizophrénie se mêle aux doutes, où le beau cotoie le moche. Un film voué à la dualité d'un être. Le yin et le yang sur pellicule, si on veut.
Et il y a même de la boxe thaï.