Welcome to the real world
S’il suffit de changer deux lettres pour passer de
The Cell à
The Fall, il aura fallu six ans au réalisateur indien
Tarsem Dhandwar Singh pour nous pondre son deuxième film. Tourné dans plus de 20 pays et basé sur l’œuvre
Yo ho ho du bulgare
Zako Heskija (1981), The Fall commence comme un démarquage sensible d’un
Princess Bride qui emprunterait à
Terry Gilliam et son
Baron de Munchausen quelques élans visuels furieux, pour ensuite plonger dans la réflexion auteurisante – et bienvenue, évitons la redite – sur l’art du cinéma en tant que divertissement avant tout et, plus généralement, sur une certaine façon de voir la vie. Sans rire. Et ça passe, ça passe comme cette fin de
No country for old man qui vous zigouillait le divertissement en cours pour mieux basculer dans le domaine de la prise de choux. Bienvenue finalement, elle aussi. Et pour une formidable pirouette en toute fin de métrage, celle sans laquelle l’œuvre aurait parue inepte et sur-dramatisée en plus d’être frustrante d'un point de vue épique, Singh nous met dans sa poche et glorifie ce qui manquait justement à son film : le divertissement, l’action…
Il n’y en a en effet pas tant que ça dans The Fall, les poses et imageries prédominent sur des scènes d’action qui, avouons le, ne sont pas le fort du réalisateur. Qui compense par un monstrueux sens du cadre, un jeu graphique des enchaînements touchant parfois au sublime, comme par exemple ce visage qui se fond dans un décor le recréant comme par magie, et une direction d'acteurs plus aboutie que celle de The Cell, en particulier le jeu de la petite boulotte
Catinca Untaru, bouleversante. Alors oui, visuellement il est impossible de passer à côté du culte
Baraka, documentaire à bases d'images réelles splendides, bien pompé ici. Singh se sert de ces éléments hallucinants du monde pour construire une fantasy rendant, de ce fait, formidablement compte de leur importance dans toute forme de création. L’évasion ne se conçoit qu’avec des bribes de vrai. Et puis il y a le début de la 7ième symphonie de Beethoven, d’entrée de jeu et à la toute fin du film. Une oeuvre qui se sert d’un morceau pareil a forcément tout bon. Ce qui me rappelle le soundtrack de malade de la mini-série
Wild Palms tiens, qui usait aussi à très bon escient de ce passage là.
Issu du CR du 24ième Festival du Film Fantasique d'Amsterdam (2008)