L'homme qui voulut être roi (du box-office)
"King Maker" est l'un de ses projets de coproduction entre la Thaïlande et le reste du monde pour tenter a) d'attirer des tournages étrangers pour renflouer les caisses nationales et profiter de l'expérience des équipes étrangères et b) espérer pouvoir conquérir un box-office international. Rares sont les tentatives réussies (euh…"Anna et le roi"…?!!), nombreux sont les prétendants, qui n'ont jamais réussi à s'imposer dans leur propre pays et qui réussissent à lever les fonds nécessaires à l'étranger (l'un des spécialistes en ce domaine est indéniablement "de Warrenne Pictures", qui – après leurs tentatives moyennes avec "Butterfly Man", "Ghost of Mae Nak" et "The Elephant King" semblent enfin avoir décroché un mini-jackpot avec leur dernier "Soi Cowboy" sélectionné au Festival de cannes 2008).
"King Maker" est ainsi le fait de l'ancien enfant-star et producteur de films B britanniques David Winters. Rêvant depuis toujours de produire des importantes fresques historiques, il a finalement trouvé les ressources nécessaires en Thaïlande pour donner – au moins un peu – forme à son rêve. Avec le budget que l'on imagine alloué aux cotons-tiges sur un film de l'ordre d'un récent "Hannibal" ou "Troy", il imagine donc l'ambitieuse histoire du complot de la reine de Siam pour faire assassiner son mari par les portugais. Une historie parfaite pour mêler des acteurs occidentaux de seconde zone (l'ancien boxeur britannique devenu acteur du pauvre Gary Stretch; John "Ghimli" Rhys-Davies, jamais avare à enchaîner blockbusters avec films de série "Z", …) à quelques starlettes locales (parmi eux, l'enfant star Charlie "Dhorm" Trairat) et de nommer un local réalisateur (Kitaparaporn Lek, un producteur sans grand passé notable) pour bénéficier des financements et se voir ouvrir les portes à des décors – ma foi – somptueux. Vieux temples rénovés et intérieurs du palais royal interdit au public en temps normaux constituent d'ailleurs le seul régal des yeux, tant le film – lui – peine à convaincre. Il y a pourtant de tout: intrigues de palais, un zeste d'érotisme par le biais de la courtisane, des combats mythiques, dont l'un incluant des centaines de figurants…et pourtant…et pourtant…la sauce ne prend pas. Peut-être en raison des décors parfois tocs, des costumes trop bien repassés, de l'intrigue un brin soapy, des acteurs très peu convaincants et insuffisamment charismatiques face à leurs concurrents mondiaux confirmés…Il manque également à cette épopée le talent d'un réalisateur confirmé pour insuffler souffle et dynamique; et si nombreux combats il y a, il manque un directeurs de combats confirmés pour enrayer cette désagréable sensation d'assister plus d'une fois à des mêlées totalement improvisés entre anciens catcheurs.
En l'occurrence, le film ressemble davantage à l'un de ses innombrables "direct-to-video" tournés à la chaîne pour remplir les grilles horaires de chaînes payantes du câble américain, plutôt qu'à l'épopée lyrique à laquelle le film aimerait pouvoir prétendre.