Le rebus des rebuts
Il n'y a pas à dire, mais la Thaïlande est incontestablement le pays, qui a fait preuve de la meilleure inventivité en matière de films d'horreur au cours de ces dernières années. Certes, la qualité de la production est inégale et certains peuvent être rebutés par un style assez long et des acteurs souvent mauvais comme des cochons (et agaçants avec leur manière haut perché de parler); il n'empêche qu'au niveau des intrigues et même des différents sous-genres, il y en a pour tous les goûts, depuis le gore (le récent "Meat Grinder" ou encore "Scared"), le film de fantômes plus classique ("Coming Soon", "Screen at Kmanchaod"), le thriller fantastique (Soul's Code"), le film à sketches horrifique ("4bia"), la comédie ("Pob 13") etc, etc, etc.
"Letters of death" ne déroge pas à la règle, même s'il emprunte un peu beaucoup à droite et à gauche et à commencer par la série américaine des "Final Destination", déjà pillés pour les précédents "Ghost of Mae Nak" et "Scared" avec des morts annoncées, mais inattendues et entre accident et quelque pouvoir surnaturel à l'œuvre.
Les morts sont ainsi à l'image du premier décès à survenir brusquement dans la séquence d'introduction. Parfois ultra rapide (comme durant la séquence du restaurant), parfois explicite (la scène de l'ascenseur), parfois ultra gore (le pot de fleurs, qui rajoute une couche par rapport au "suicidé" ou encore l'ouvrier sur son chantier), parfois plus chastes.
Dès la 20e minute, on aura compris l'enjeu (Sayree et Nattaya comprennent, que les victimes sont les anciens de la classe 6/2 dans leur ordre d'apparition dans le livre de classe de l'époque) avec un revirement de scénario vers un habituel whydunit du fantôme vengeur de l'ancien camarade de classe. Les morts continuent pourtant à pleuvoir (dans le sens premier du terme avec son beau lot de défenestrés) avant l'habituel rébondissement final, une véritable spécialité des films d'horreur thaïs depuis "Shutter" – bien que l'on s'y fasse encore très souvent prendre, comme dans l'ultime révélation finale du présent film.
Dommage seulement, que "Letters…" soit tellement "formaté dans sa structure narrative, avec une mort arrivant systématiquement au bout de 9 minutes de films et des trop longues séquences dialoguées entre deux scènes d'horreur. Une fois de plus, les personnages sont trop peu esquissés en-dehors des deux protagonistes principaux, Sayree et Nattaya, très moyennement interprétés par Mahasamut Boonyaruk et Chonlada Mekratree. Le rockeur Mahasamut reprend d'ailleurs au sourcillement près son personnage de l'extraordinaire "Citizen Dog", sauf que son attitude endivesque s'adapte très mal avec son personnage censé être sur le qui vive de la mort, qui rôde autour de lui et pressé de découvrir la vérité pour détourner la malédiction, qui pèse sur lui…
"Letters of death" ne constitue pas moins une très bonne entrée dans les récentes contributions horrifiques, qui manque juste de bons interprètes et d'une réalisation plus engagée – qui avait su faire toute la différence sur le récent terrifiant "Coming Soon", par exemple.
