Extraordinaire.
Mais jusqu'où ira Park Chan-Wook? Avec son Cut, le réalisateur coréen pousse le sadisme et la cruauté à son paroxysme. Imaginez un tel pitch "on coupe les doigts de ta femme si tu ne tues pas ce gentil gosse", dans une atmosphère proche du théâtre guignol. Il faut voir le séquestré effectuer une danse grotesque suivi d'un lâchement de pet pour amuser son bourreau en manque de blagues...pathétique et terrible en même temps, étant donné que l'homme est prêt à tout pour sauver sa femme. Park Chan-Wook filme alors avec maestria ce huit clos tétanisant qui met en place des situations cruelles au possible. A plusieurs reprises le cinéaste joue avec nos nerfs en infligeant à ses personnages de terribles souffrances. D'abord le gamin qui échappe souvent de peu à la mort, ensuite la femme qui subit les piques de son mari (obligé à jouer le bad boy pour satisfaire le bourreau) tout en perdant, par la même occasion quelques doigts.
Park Chan-Wook cartonne dans le registre de la souffrance et du sadisme, le tout rendu drôlement ironique par son objectif d'une précision renversante. Sa mise en scène fait preuve d'une maîtrise hallucinante, le choix de ses plans, sa facilité à capter les émotions, la qualité du montage alternant trip compte à rebours et longs plans séquences, pour un rendu en tout point bluffant. On reconnaît immédiatement la patte de l'homme aux manettes de sa trilogie sur la vengeance, qui dans un final d'une incroyable dureté, prouve qu'il fait bel et bien partit des réalisateurs les plus talentueux de sa génération. Cet homme n'a pas fini de nous surprendre.
Esthétique : 4.25/5
Musique : 3.5/5
Interprétation : 3.75/5
Scénario : 4/5
Exercice de style jubilatoire
Pour moi, Coupez est de loin le meilleur segment de Trois : Extremes ; une situation incongrue (un preneur d’otages séquestre un cinéaste, sa femme pianiste et un gamin), un huis clos haletant digne de Lynch où les 3 personnages sont attachés et malmenés, des dialogues ciselés où la douloureuse vérité est arrachée de la bouche du cinéaste au rythme des doigts tranchées de sa femme, et des états d’âme diaboliques où l’on se demande si l’on pourrait étrangler de ses mains un gosse pour sauver sa compagne font de ce moyen métrage un exercice de style jubilatoire. A partir de là, on peut penser ce qu’on veut de Park Chan-Wook, reste qu’il s’impose gentiment aux yeux du monde comme un réalisateur important qui sait cultiver l’humour noir avec style et puissance. Je ne boude pas mon plaisir…
Excellente trilogie
2h de film, 3 réalisateurs, 3 styles et plein de ressources mises en oeuvre pour cette trilogie "d'épouvante". Miike Takashi, Fruit Chan et Park Chan-Wook se partagent l'affiche pour donner trois visions différentes du film d'horreur. Alors que Miike pense à une fille vivant dans son rêve, Fruit Chan se base sur l'horreur suggérée et Park Chan-Wook révèle un huis-clos stressant. Les acteurs jouent un rôle important ; leur composition est impressionnante dans chaque, même si les second rôles prennent aisément le rôle de vedette, à l'instar de Bai Ling et sa cuisine dans Dumplings ou encore Lim Won-Hee grandiose en psychopathe dans Cut. Chaque film touche son but, ils sont vraiment tous réussis, et même si leur longueur peut être un handicap, c'est bien maîtrisé. C'est vraiment a voir.
Box :
Miike a pour mission d'ouvrir le bal ; c'est comme le groupe qui passe en première partie d'un concert ; le public vient d'arriver, il n'est pas vraiment prêt à accueillir le spectacle dans l'ambiance qui sied réellement à ce qu'on souhaite vraiment. Et de plus, il n'a que 40 min pour convaincre, au lieu des 2h habituelles ; rude épreuve à passer ; et on peut dire qu'il s'en sort assez bien. Il passe outre la finesse et fonce directement dans un récit ou se mêlent scènes de rêve claustrophobiques et suspens assez classique. Il pose sa signature grâce à un style particulier et une chute assez étonnante. La musique également n'est pas très originale mais sert bien le récit. Donc même si le film reste dans du classique (on sent quand même bien le style japonais), c'est une bonne réussite pour le film qui doit lancer la trilogie.
Dumplings :
On saute du Japon à Shenzhen où l'on retrouve une femme qui cherche un moyen de regagner l'amour de son mari et se retrouve chez une demoiselle qui a un secret de recette de ravioli qui feraient rajeunir ; attention âmes sensibles ; comme évidemment dans chacun des épisodes de la série, on s'attend à être relativement surpris, celui n'échappe pas à la règle mais surprend d'une manière un peu inattendue et surtout assez difficile à supporter. C'est bien mené, sur une atmosphère paisible au début qui bascule d'un coup pour montrer le secret des raviolis. Ce changement de d'ambiance abrupt est vraiment très bien placé dans le film et la maîtrise de la mise en scène simple mais efficace est bien là. Sans doute le meilleur de la trilogie.
Cut :
Encore un choix de réalisateur efficace pour conclure la trilogie. Park Chan Wook décide pour sa part de partir dans un récit encore bien différent de ses confrères ; cette fois ci, on passe dans le huis-clos avec un réalisateur de film riche, beau et sympa, qui se fait séquestrer chez lui par un ancien acteur qui le menace de couper les doigts de sa femme un par un s'il n'étrangle pas une petite fille. Dilemme psychologique pour ce récit ou le suspens et l'action se mêlent avec l'humour pour donner un résultat intéressant et passant très bien à l'écran grâce au talent de mise en scène de Park Chan Wook. A noter également le magnifique plan séquence qui ouvre le film et se terminant sur le "Cut !".
Box : 3.5
Dumplings : 4.25
Cut : 4
23 décembre 2004
par
Elise
Quand Park Chan Wook offre une caricature de son propre cinéma...
Pas la peine de s'étendre sur ce Cut. Sentant le travail bâclé, il souffre au centuple de certains gros défauts des deux longs vengeurs du cinéaste. Park Chan Wook ne tente même pas ici de le tourbillon visuel permanent: Cut est formellement très pauvre. Et quand le cinéaste essaie de sortir de cette pauvreté formelle il agite la caméra de façon brouillonne ou la fait passer à travers les objets à la manière poseuse du Fincher des mauvais jours. Ou se regarde filmer lors de quelques mouvements de caméra voulant la jouer virtuose. Byeong Heon Lee joue de façon terne, Lim Won Hee très mal à coups d'intonations forcées. Le scénario se veut manipulateur mais n'a cette fois pas de structure un minimum élaborée. On retrouve de façon encore plus lourde qu'à l'habitude la façon qu'a le cinéaste d'agiter des tas de thèmes "profonds" -la faute, les rapports de force sociaux, le rapport cinéma/réalité...- sans tenir sur eux de discours digne de ce nom: les dialogues assènent leur philosophie de comptoir de façon encore plus lourde que la voix off d'Oldboy. Park Chan Wook réussit à caricaturer son diptyque vengeur. Le cinéaste continue malheureusement de gâcher son talent...
Note Globale 3 Extrêmes: 1.5/5
Park Chan-wook nous embrouille, c'est la brouille
Attention,
Park Chan-wook est sur la mauvaise pente. Cinéaste le plus puissant de Corée pour avoir su aller plus loin que Kim Ki-duk dans l’alliance magique audace-public-prix internationaux, que fait-il de sa liberté ? Après avoir choqué le monde, il semble ne vouloir choquer que le bourgeois avec ce Cut. On a bien reçu le message politique, car on peut dire qu’il est asséné : le figurant qui vient se venger du réalisateur, c’est la revanche des classes opprimées, c'est la mauvaise conscience de Park Chan-wook. Cela parait courageux de l'avouer, mais croit-il réellement à ce qu'il raconte ? Tout ça se passe dans un décor de cinéma nouveau riche (oui, oui, ironie, on a compris, c'est censé être l'appart' du cinéaste parvenu qu'il a peur de devenir) et au fur et à mesure, chacun des personnages devient détestable. Tout se retourne, se détourne, astuce, j’t’embrouille, je suis fort. Il y a du sang à gogo, des doigts coupés, allez, tout ça c’est pour rire. Pourtant on a pas trouvé ça drôle du tout. C'est du vent, seulement ça pèse des tonnes. Ce court a un gros problème de modestie. La caméra se la pète tellement qu’on a le droit à un plan « entre les objets » façon Fincher. On pensait que Park Chan-wook visait plus haut que la simple esbrouffe, par exemple être un virtuose iconoclaste qui manque à la Corée. En tout cas, là, avec ce Cut très énervant, il redescend dans notre estime.
CUT est une histoire Coréenne de revanche, un peu trop longuette et théâtrale pour convaincre selon moi. L'idée en soi n'est pas mauvaise, mais l’exécution se traîne un peu trop.
Un studio de cinéma en double-décor pour PARK Chan-Wook !
Hélas, cet exercice est périlleux et rarement bien exécuté par les réalisateurs, PARK Chan-Wook (que j'adore pourtant) n'échappe pas à la règle. Selon moi l'essai est ratté, on ne retrouve pas la violence frénétique et insensée de ses films ; le côté gore de "Cut" n'est qu'une exigence scénaristique pour "3 Extrêmes". Rien d'intéressant du coup, PARK Chan-Wook s'est laissé prendre à son propre piège.
LEE Byeong-Heon est assez peu crédible dans ce rôle, ce qui ne relève pas l'ensemble au contraire. Grosse erreur de casting pour moi.
Bref, restent les effets visuels, la pianiste encordée avec style certes, mais qui n'est pour moi ni plus ni moins qu'un appât de bande-annonce.
Correcte
Au niveau de l'esthétisme, j'ai trouvé que le segment "Cut" etait le plus beau . Le sol en damier noir et blanc, la femme attachée à son piano avec des cordes de ce dernier telle une proie prise dans une toile d'araignée ... Une histoire des plus simple ... Un segment gothique et flamboyant, un cauchemar teinté de romantisme .
COUPEZ !!!
Nouvelle preuve de tout le mal que je pense de Chan-Wook Park, le réalisateur le plus surestimé de son pays et de son époque (exception faite - peut-être- de son JSA).
"Cut" est donc dans la droite lignée de son précédent "Old Boy" : violence graphique complaisante et totalement gratuite, un coup d'éclat final (sans séance hypnotique cette fois), un scénario tiré par les cheveux que ça en donne mal au crâne.
L'idée à ce qu'un acteur de seconde zone (ou figurant) terrorise un réalisateur n'est pa nouvelle; l'idée d'un tueur sur un tournage encore moins.
Park comble son vide absolu scénaristique par des gros mouvements d'appareils - sans doute pour se perfectionner pour des longs métrages futurs - bonjour, s'il empruntera la même voie que David Fincher...
Je n'ai même pas envie de perdre du temps à écrire quoi que ce soit sur ce navet - que ceux qui ont aimé "Old Boy" vont peut-être trouver quelque intérêt à subir cet interminable nouvel acte du réalisateur chéri; que ceux qui chercheraient de l'orde du même style, mais en infinément plus original investissent plutôt dans le curieux "Save the Green Planet" : les séances de torture y sont plus nombreuses, plus sadiques; mais au moins le scénario est vraiment original et la mise en scène sans esbroufe.
La Corée au dessus du lot!!
Autant le court Coréen "Memories" de "three" premier du nom n'était pas fameux, autant "Cut" s'en sort avec une mention spéciale.Deuxième mandale en peu de temps de la part de Park Chan Wook. Après le génialissime "Old boy", le réalisateur continue son analyse du mécanisme de la destruction chez l'humain.Vous êtes face à un choix terrible : tuer un enfant ou couper les doigts de votre compagne qui, petite précision, est pianiste. Un scénar génial servit par des acteurs crédibles, assorti d'une réalisation sans faille.Voici donc le bouquet final de cette compilation (car le court se place en dernier), qui va forcément vous faire réagir,et c'est précisément le but recherché...!
pas si nul que ça.
sur les 3 segments celui ci est au milieu pour moi. je crois que les gens l'ont abordé avec beaucoup trop de sérieux et d'attente. en l'appréhendant comme ce qu'il est, c'est à dire un court métrage horrifique dans la veine exagérée et jusqu'auboutiste que l'on connaît à l'auteur, je le trouve pas mal, moins ch.... que le segment de MIIKE. PCW fait dans l'énorme mais ça passe grâce à l'esprit décalé. il y a de bonne scènes bien tendues aussi, c'est ce qui rend ce huit clos intéressant.
bref il ne faut pas chercher exactement le même état d'esprit que pour OLDBOY, c'est moins sérieux là, mais ça reste divertissant.
Sur la pente descendante?
Virtuosité? Certes! Mais une virtuosité qui tourne à vide (rien à foutre des personnages, retournements de situation/révélations frisant le ridicule, message asséné à coups de massue,...)
Dommage, les deux premières minutes étaient excellentes, mais dès que le tournage s'arrête, c'est la cata...
13 novembre 2004
par
Izzy
Culture Pub
Espérons qu'avec Cut la bulle PCW éclate aussi vite qu'elle a gonflée. Force est de constater dans ce moyen métrage moyen partout que l'auteur se recycle. Toujours la même obsession de l'enfermement et des bourreaux, jeu sur la réversibilité des postures et subversion programmée, mise en scène virtuose en pilotage automatique et scénographie pseudo synthétique tendance made in Japan. Pourtant Cut commençait plutôt pas mal avec son histoire de vampire moderne qu'on imaginait avec un certain plaisir dévier vers un maniérisme façon The Addiction. Mais non, PCW est un cinéaste malin, il aime les dispositifs et attention à la réflexion et autres figures de réflexivité. Mise en abîme et discours dans Cut se résument à pas grand chose, une approche assez pesante des rapports dominants dominés transfigurés dans (ô suprême audace !) le cadre d'un décor de cinéma. Je crois qu'il n'est même pas la peine de voir derrière cela un éventuel discours socio-politique quelconque tant vanité rime ici avec vacuité. Le problème de PCW c'est qu'il n'assume même pas pleinement son maniérisme tant ses volontés discursives de collégien finissent par parasiter une oeuvre au potentiel formel vaguement intéressant. Cut à l'instar d'Oldboy montre encore que la seule vraie perversion de PCW réside dans la volonté de construire une fiction perverse. Nous qui regardons somme déjà au-delà tant ses images sont immédiatement décryptées avant même qu'elles n'aient provoqué quelque chose en nous. PCW a finalement bien un point commun avec l'art contemporain et par extension la publicité, ce qui compte chez lui est davantage l'idée.