visiteur | note |
wout | 3.5 |
Togari, sorti aux éditions delcourt dans la collection Akata il y a peu, est une série de 8 tomes issus de l'imagination de Yoshinori Natsume, qui fait ici ses débuts dans l'univers des mangas. Togari nous propose de suivre les aventures de Tobe, jadis assassin de la pire espèce, revenu de l'enfer sur terre 300 ans après sa décapitation, chargé d'expier les fautes des hommes avec l'aide de togari, une épée magique. Si en 108 jours il récupère 108 crimes, il sera libre... En voilà un scénario épique et accrocheur, dont l'originalité bien que pas extraordinaire fait du bien dans l'état actuel des choses où toutes les oeuvres commencent de plus en plus à ressembler à la même chose...
Univers sombre, dessins charbonneux, héros complexe, quête de grande envergure et humour sont ici les ingrédients principaux qui constitueront cette aventure. Même si le tout peut tout d'abord laisser penser qu'on est ici face à un manga pensé pour être un pur produit commercial, il est difficile d'en être convaincu à 100%. En effet, si sur papier l'ensemble peut sembler bien conventionnel, la forme quant à elle est plus pointue, moins accessible que la plupart de ce qui sort ces derniers temps. Et ça, c'est plutôt tant mieux d'autant plus qu'il est parfois bon d'avoir un peu l'impression que l'auteur s'est creusé pour nous servir de la qualité.
Ce qui fait plaisir dans Togari, c'est également la personnalité du héros, tobe. On suit ici une ordure de la pire expèce, ou tout du moins un jeune homme qui fut une ordure il y a 300 ans, qui tout au long du récit va devoir se battre contre ses démons intérieurs afin d'obtenir cette liberté tant espérée. La complexité de Tobe est également ce qui fait son charisme, et contrairement à ce qu'on pourrait penser, tout cela est loin de nuire à l'identification à ce dernier. Tobe c'est un peu la représentation de la bien réelle confrontation intérieure entre le bien et le mal, présente en chacun de nous, qu'on le veuille ou non.
Fort de nombreuses qualités dont un humour savamment distillé au fil des pages, Togari ne parvient cependant pas à prendre toute son ampleur la faute à cet élément même qui sous d'autres point de vue fait sa force: Le style graphique. Autant tous les personnages font partie intégrante de l'ambiance, autant les decors sont, comment dire... inexistants. C'est certes une mode mais il faut bien dire qu'ici on a bien trop souvent cette impression de ne pas trop savoir dans quel univers on se trouve, sans rien de solide a quoi se raccrocher. Le fait de devoir à chaque fois imaginer le monde de togari rend l'ensemble moins abordable et profond qu'il aurait pû être le cas échéant. Ajoutés à cela, on notera également par moment un sentiment de déjà vu par rapport à de nombreux autres mangas, ce qui apparemment semble être inévitable par les temps qui courent.
Sans donc atteindre des sommets, Togari se révèle être au final un bon manga, fort d'un scénario prenant et de personnages attachants, mais passera cependant à côté de la case incontournable. Un bon divertissement en somme, duquel on sent qu'il a été fait avec amour. Et rien que pour cela, ce serait dommage de se priver...