Amusant, distrayant et tendre
Il est assez étonnant de voir qu'au fil des ans cette superbe saga
Tora-san ne souffre pas du poids de la répétition ou d'une quelconque monotonie qui aurait dû s'installer en toute logique. Un univers carré et posé depuis des lustres, une famille attachante, une bonne ambiance constante du fait de son caractère populaire, un héros malchanceux au grand coeur et une chronique sociale différente pour chaque épisode confèrent à cette saga un charme fou. Le spectateur en recherche d'audaces et de nouveaux partis pris aussi bien formels que fondamentaux passera son chemin dans la seconde sous peine de trouver le temps long, mais si Tora-san fonctionne autant c'est parce que chaque japonais peut se retrouver dans cette galerie de personnages savoureux et naturels, ancrés dans un contexte qui l'est tout autant, où il est question de l'importance du travail, du couple ou du cercle familial. Ce nouvel épisode ne déroge pas à la règle et contient l'essentiel de l'univers créée par Yamada, offrant ainsi une toute nouvelle perspective et réussit à se renouveler même si la recette reste toujours au fond la même : une séquence d'intro onirique sensée expliquer ce qui nous attend, en l'occurrence ici un couple de fermiers voulant à tout prix avoir un enfant. S'en suit la chanson culte de Tora toujours interprétée par Atsumi Kiyoshi, mais là où Yamada aurait pu recycler la première chanson pour tous les épisodes, Atsumi l'interprète toujours différemment, évitant ainsi de tomber dans la repompe sans âme. Les débats reprennent de plus belle une fois le générique passé puisque l'on redécouvre Tora toujours de la même manière, réapparaissant au sein de sa famille comme si de rien n'était.
Cette fois, Tora va de nouveau avoir de sacrés soucis. Son voisin de chambre n'arrive pas à faire taire son enfant, un bébé âgé tout juste d'un an, et décide de s'en séparer en le laissant à Tora-san et en le priant de s'en occuper dignement. L'utilisation de l'enfant, au sein d'un Tora-san est assez merveilleux. L'on pense au début que Tora ne s'en sortira pas avec l'enfant, incapable lui aussi de gérer ses pleurs, mais il tombera finalement sous son charme (l'instinct paternel) et sur celui d'une infirmière qui s'est occupé des soucis de santé de son beau-frère Hiroshi. Si Tora tentera à maintes reprises (non sans succès) de charmer la belle, son grand coeur prendra le dessus. Mais si chaque Tora-san cache en lui romance, drame et chronique sociale, il ne délaisse pas pour autant les fondamentaux plus "sérieux" comme ici en l'occurrence, l'abandon d'enfants. Peut-être un poil plus sérieux que les précédents opus, plus travaillé aussi car davantage mûr, ce Lullaby est l'un des meilleurs épisodes. Tora enchaîne toujours les émotions et les nuances d'expression avec brio, son cadre familial fait toujours preuve d'un grand naturel même si les années passent (une Baisho Chieko amaigrie, les vieillissants oncles et tantes, un Ryu Chishu en prêtre toujours aussi sec mais constamment formidable), il est d'ailleurs tout aussi bon de retrouver l'intégralité du casting au cours des prochains épisodes jusqu'au dernier. On note aussi une petite quantité de séquences amusantes comme la chorale qui vire au cirque, les plans dragues miteux de Tora, ou d'autres plus tendres comme lorsque le directeur de la chorale, alors mis rond, témoigne de son amour pour l'infirmière. Quoiqu'il arrive, ce quatorzième opus apporte suffisamment de nouveau souffle à la saga pour la redorer. Omedeto!