Avis Express Ce qui est intéressant avec Luc Besson à l'écriture, c'est qu'il nous sort pour chaque Transporteur des clins d'oeil à la beauferie du cinéma français lorgnant du côté des Taxi (un plan sur les jantes et la calandre d'une voiture, l'éternel radar...) avec son lot de personnages grotesques et clichés au possible. A ce stade, François Berléand est encore traité comme le français de base feignasse sur les bords. Dans Le Transporteur 3 ça cause aussi cuisine entre une ukrainienne (le colis) et Frank, ça castagne pas souvent, ça parle beaucoup pour ne rien dire et ça lâche des vannes à un rythme assez effréné. Le bad-boy de Prison Break n'a aucun intérêt, à côté le navrant Mathieu Amalric du dernier James Bond passerait pour un cannibale psychopathe, le Premier Ministre chanté passe son temps dans son bureau à passer des coups de fil et Jason Statham manie toujours le volant avec la dextérité qu'on lui connaît. Mais finalement tout semble si vain, les sbires à la poursuite de Frank sont tous mauvais, dont deux impliqués dans une course poursuite où les voitures n'osent même pas se frôler. Quel spectacle! Niveau chorégraphie, Corey Yuen a semble t-il fait des "trucs", mai on ne voit rien à cause d'un montage gentiment épileptique sans doute pour masquer les faibles capacités martiales de tout ce beau monde. A ce propos, le montage nous gratifie de séquences torchées à la vitesse de l'éclair. Pire qu'un clip scénarisé. Donc que retient-on du dernier opus en date des aventures de Franky? Rien parce qu'il fait clairement office de Transporteur du pauvre, et tout parce qu'il reste un grand monument de poncifs tellement énormes qu'on ne peut qu'esquisser des sourires -gênés?- devant le spectacle proposé : à ce tarif, l'introduction (voir la conclusion) est le pendant absolu de celle de La Momie 3, où le golf est remplacé par une séance de pêche ennuyeuse, tout comme la séquence sous-marine qui vaut clairement son pesant de cacahuètes absurdes. Cacahuètes absurdes? Tiens donc, c'est original...En tout cas avec Le Transporteur 3, Franky peut être fier d'avoir encastré son Audi W12 dans un wagon de train, il aura sauvé une belle rousse des griffes d'un odieux personnage.
Après un premier opus sympathique et une suite versant complètement dans la surenchère assumée, il était difficile d'imaginer quelle tournure Luc Besson pourrait bien donner à sa franchise du Transporteur. Hélas pas de bonne surprise ici puisque cette suite tourne complètement dans le vide et mets une nouvelle fois en avant les carences scénaristiques des grosses prods commerciales d'Europa Corp. Le rythme du second film et son côté fun permettaient de compenser, mais ici rien ne vient vraiment rattraper les grosses lacunes de l'ensemble:
-un bon Transporteur, c'est avant tout et surtout des scènes d'action percutantes. Elles se répartissent en deux catégories: courses de bagnole, et grosse castagne. Les 2 premiers opus bénéficiaient de l'expérience française de l'équipe de Rémi Julienne en matière d'action "mécanique", mais ce troisième opus a visiblement fait appel à une autre équipe. Et cela se ressent facilement, c'est souvent mou du genou, pas de grosse impression de vitesse, une ou deux cascades sympas même si trop grosses pour être fun, c'est franchement décevant. Quant à la partie action "humaine", toujours menée par Corey Yuen, elle se montre à nouveau à la hauteur "chorégraphiquement" parlant, mais n'apporte rien de neuf et se voit surtout vraiment massacré par la réalisation "30 plans à la seconde" d'Olivier Megaton. On compte les plans larges sur les doigts d'une main, c'est bien simple. Et lorsqu'on voit débarquer Semmy Schilt, star du K1 et adversaire habituel des autres "cinématisés" Jérôme Le Banner (Scorpion, Babylon A.D.) et autre Masato (Coq de Combat), on se dit qu'on tient un combat sympathique avec un vrai adversaire de poids. Hélas cet affrontement est expédié bien vite et ne fait jamais appel à la technique pourtant évidente du géant néerlendais ici traité comme un vulgaire phénomène de foire. Dans le même registre, Tom Yum Goong faisait un autre usage du molosse australien Nathan Jones. Bref, action décevante, vous l'aurez compris.
-le Transporteur, c'est aussi quelques petites règles qui à l'image d'un James Bond font l'identité d'une série: on ne pose pas de question, on ne donne pas de nom, on ne regarde pas ce qu'il y a dans le paquet. L'"originalité" de ce troisième opus est de casser ces règles. Hélas ce faisant, le film tombe dans une banalité confondante. On rallonge des dialogues vraiment sans intérêt et le rythme en pâtit sérieusement.
-enfin le Transporteur, ce sont les points précédents, et c'est tout. Cela autorise un rythme soutenu, évite les dialogues inutiles, et fait s'enchaîner les scènes d'action. Hélas ici, Luc Besson et Robert Mark Kamen (deux sur ce scénario, laissez moi rêver!) tentent d'apporter une autre touche d'"originalité", à savoir une romance. Quand on connaît l'application qu'Europa Corp met dans ses scénarios de grosses prods, on ne sera pas surpris de se retrouver ici devant une bluette misérable. Les dialogues sont à pleurer pour peu qu'on ait passé l'adolescence, Natalya Rudakova est certes extrêmement mignonne, mais son personnage très immature ne colle pas du tout avec Franck Martin. Bref, on roupille sévère, le rythme du film s'en trouve complètement torpillé, sans parler des tentatives d'"amélioration" des scènes d'action via l'insertion d'éléments décalées qui devraient être drôles mais qui servent surtout à casser le rythme: l'intro alterne poursuite en voiture et scène de pêche avec commentaires ad hoc ("à droite à droite!", la voiture tourne à .... droite! Wow), puis notre horripilante ukrainienne fait la folle avec Franck Martin lors d'une poursuite en mettant la musique à fond, comme c'est sympa. Déjà que les scènes d'action étaient décevantes, ces effets de style finissent de les saboter.
Si on ajoute au sommet de tout ça les invraisemblances habituelles des scénarios "30 minutes chrono" de Luc Besson, les moyens finalement pas si énormes - casting peu fourni, décors minimalistes (principalement des nationales...) -, la réalisation clippeuse sans intérêt d'Olivier Megaton et les touches d'humour assez peu efficaces, que reste-il? Quelques scènes de baston regardables si on se cale dans le fond de la salle à la limite. Mais le reste tire tellement le film vers le bas qu'on ne peut qu'espérer qu'aucune suite ne verra le jour. Quite à vouloir exploiter le filon, Europa Corp aurait gagné à rester modeste et à faire dans l'efficacité bourrine plutôt qu'à vouloir faire évoluer des bases qu'elle ne fait que saper. Prenez le taxi, c'est dire!
Rien à ajouter à la critique très complète de François. Le 1er était moyen mais passait encore, le 2ème jouait la carte du fun et du rythme, mais alors celui-là c'est un ratage intégral. Le scénario débile passe encore, mais pourquoi avoir charcuté à ce point les séquences de combat au montage ? C'est simple, chaque scène de combat devient un supplice, ce qui est assez préjudiciable pour une saga où le seul intérêt réside dans les scènes d'action...
Au moins les deux précédents volets avaient l'intelligence de filmer correctement les combats (pas assez nombreux, trop courts).
Ici, ils sont mal filmés et sur-découpés jusqu'à la "nausée rétinienne".
Le script atteint un niveau stratosphérique d'ennui (la relation entre transporteur et la fille censée émouvoir, franchement...).
Le casting est sur automatique/en vacances.