Taille foune = rase motte
Le héros ( LEE Jeong-Jae) aime aveuglément son pays. " La prochaine fois que vous devez sélectionner des candidats de l'Académie des Officiers, ne détaillez pas le job ni ne parlez d'argent. Dites juste à quel point c'est important pour le pays." BEUUAARH!!!. Très foireux, son personnage part en mission en nous la jouant "Jack - copy that - Bauer", prêt à se sacrifier pour le drapeau et balancer des pruneaux dans les genoux pour montrer qu’il ira jusqu’au bout. Tout en admettant, youpitralala, qu'il comprend le bad guy. Ben voyons. Depuis quand les œillères ont-elles une quelconque option vers l’ouverture d'esprit ? De l’autre côté du ring nous avons JANG Dong-Kun, méconnaissable en méchant ayant ses raisons d’être méchant avec le p’tit flash-back qui va - pas - bien nous expliquant le pourquoi du comment qu’il est méchant. Parce qu’il y a vraiment de quoi être méchant. C’est plus que du « déjà-vou » tout ça, c’est de l’auto-recyclage qui, déjà, recyclait pas mal, plongeant cette fois carrément dans le ridicule le temps d'un autre ignoble flash-back où d’innocents fuyards nord-coréens se font zigouiller. Avec pour toile de fond une musique pompière désormais passe-nulle part. Le bon public a ses limites, ici allègrement franchies. Le réalisateur KWAK Kyung-taek n’est pourtant pas un manchot, il nous l’avait déjà prouvé avec son très bon Friend. Ici il arrive à nous trousser quelques scènes sympathiques, des séquences d’action musclées - l’assaut final est correct - et des derniers plans qui, enfin, véhiculent une émotion affreusement absente du reste du métrage. Autre point positif - et y'en a pas des masses - la BO est clairement cassée en deux parties, bien distinctes. D'une part le balourd patriotique inbitable, bien sûr, mais d'autre part une rythmique énergique moderne et bienvenue illustrant les parties "espionnage" sous d’autres aspects que les très restreintes (et récurrentes) mélopées nationalistes. Ces dernières rendent d’autant plus ridicules ce scénario et ces poncifs qu’elles ne les relaient pas dans la narration, comme si le metteur en scène s’en fichait complètement, sabordant son film en le cassant en deux, proposant d’un côté un divertissement chiadé et de l’autre le traitement bâclé d’un détail historique.
On peut y voir là les promesses d’un futur cinéma d’action aux enjeux différents. Le savoir faire et l’envie de raconter autre chose sont là, palpables, mais pour l’instant toujours empêtrés dans un drapeau collant grave aux bonbons.
Tempête dans un verre d'eau
Typhoon est l'archétype du blockbuster tout à fait impersonnel qui fait se hérisser les cheveux de tout cinéphile un minimum exigeant. Ce qu'on pardonnerait à une série B un peu budgetisé ne passe hélas absoluement pas ici: scénario empli de clichés et de personnages caricaturaux, du méchant nord coréen (mais qui a été très très malheureux dans son enfance, donc on lui pardonne), sa soeur violée et condamnée par une tumeur (encore moins de chance la pauvre), le héros sud-coréen droit comme un I et dont le père lui aussi militaire a sacrifié sa vie pour la mère patrie, les américains une nouvelle fois ingérants au possible, un humour quasi-inexistant, ton beaucoup trop premier degré avec une dramaturgie complètement râtée, de sacrées longueurs pour un film de ce genre, des acteurs qui n'en font soit pas assez, soit trop (le pauvre Jang Dong-Kun en fait des tonnes), une foultitude de détails bâclés qui décridibilisent un scénario déjà assez improbable (le méchant qui attaque un bâteau en basket, les Sud Coréens qui choisissent un seul homme pour tenter de mettre la main sur des matériaux radioactifs...), une musique également en manque d'inspiration, des dialogues d'une banalité souvent embarassante...Reste bien sûr les scènes d'action et la technique pour sauver ce genre de film. Et là aussi c'est plutôt décevant, beaucoup de caméra à l'épaule qui donne lieu à quelques plans très réussis mais surtout au prix d'une lisibilité très moyenne, malgré la photo très propre sur elle.
On peine donc à comprendre comment KWAK Kyung-taek et JANG Dong-Kun ont atterri dans ce blockbuster sans aucune âme. Le chèque n'y est sûrement pas pour rien, mais on attendait évidemment un peu plus d'une équipe de ce niveau. Plus que dispensable donc, vous trouverez des dizaines de blockbusters coréens moins longuets et convenus que celui-ci. Donc non non et non, un bon blockbuster demande beaucoup plus de rigueur et d'application. Grand public ne rime absolument pas avec je-m-en-foutisme.
Un pet dans l'eau
On doit à Kwak Kyung-taek deux œuvres majeures du cinéma sud-coréen du début de notre nouveau siècle, d’une part Friend (2001), d’autre part Champion (2002). Le cinéaste nous a donc montré de quoi il était capable mais avec Typhoon / Taepung (2005), il nous montre une autre facette de son métier de réalisateur en livrant un film moyen, très très moyen.
Typhoon c’est la grosse machine pour asseoir sa domination sur le box office. Un film d’action mêlant aventure et drame avec deux acteurs de poids à l’affiche : Jang Dong-kun (Taegukgi, 2004) et Lee Jeong-jae (An Affair, 1998). Le film fait preuve d’ambition en employant un gros budget et en nous faisant voyager d’un pays à l’autre avec l’éternel relent d’émotion qu’incombe au film sud-coréen où ici tout se joue au premier degré et c’est bien dommage. La petite différence qu’a la Corée du Sud avec un pays comme les Etats-Unis, gros fournisseurs de blockbuster c’est la politique et les tensions avec le Nord (le frère ennemi). Typhoon tend donc à développer un récit prenant en compte cette Corée déchirée en deux. Une toile de fond politique pour un film qui manque d’inspiration comme la musique employée par ailleurs.
Là, où Kwak Kyung-taek déçoit s’est en réalisant avec Typhoon un film impersonnelle. Un blockbuster de plus en somme où l’on évite aucun des clichés qui tapent sur les nerfs. Le scénario bateau, sans surprise qui frise parfois le ridicule remplit de personnages caricaturaux avec des dialogues qui le sont tout autant. Les nord-coréens sont forcément méchants et ceux du sud sont des types droits et qui aiment leur nation plus que tout et en plus le "notre", celui choisit pour la mission a eu un père militaire mort pour le pays donc c’est pas un rigolo d’autant plus que c’est un excellent commando (ouh, c'te longue phrase). Et puis on s’en fiche parce que les deux bonhommes vont voir en eux des types qui auraient pu être amis en d’autres circonstances. Que la vie est injuste, séquence émotion donc. On parle de la caricature des russes, des états-uniens, des thaïlandais… ? Passons.
Typhoon fonctionne plutôt bien avec ses scènes d’actions que je qualifierai d’efficaces bien que par moment la réalisation soit incompréhensible justement dans le feu de l’action. Je sais, je suis contradictoire. J’ai un côté Typhoon en moi. Après ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent et l’ennui ainsi que la consternation prennent le dessus sur un film qui fait souffler fort sans jamais couper le souffle. Le nationalisme du trop lisse Kang Se-jong énerve et le final sur le bateau au milieu du typhon est parfois illisible. Finalement, c’est en le voyant une deuxième fois que j’ai été un peu plus clément avec Typhoon mais toujours autant consterné par certaines scènes, dialogues et personnages. Dans ce deuxième visionnages, les retrouvailles entre Sin et sa sœur ainsi que la scène qui clôture le film dégage une émotion toute particulière même si encore une fois on n’échappe pas aux clichés du larmoyants.
Patrie…C'est fini…
Je ne crois pas, que j'y retournerai un jour…
Fort de ses succès sur "Friend" et "Champion" et avec la découverte internationale du cinéma coréen, Kwak Kyung-taek rencontre les bons interlocuteurs pour tenter une coproduction pan-asiatique en vue d'un éventuel futur remake (un temps annoncé par DreamWorks, également distributeur du film original sur le sol américain). Quel est donc le résultat de ce business charity ? Le plus gros budget de l'Histoire du cinéma coréen pour l'époque, un tournage préstratégique étendu sur plusieurs continents asiatiques et internationaux et pas moins 5 langues parlées à tort et à travers (dont une bonne dose d'anglais) pour préparer le terrain au futur remake…et un scénario à l'américaine…comprenez avec le plein d'action, de figures stéréotypées, des mises en situation déjà mille fois vues par ailleurs pour une meilleure facilité de compréhension et une bonne dose de patriotisme. "Typhoon" fait ainsi partie de cette lignée de gros blockbusters coréens avec "Shiri", "Taegugki" ou encore "Silmido", qui pense sérieusement aborder le problème du conflit Nord / Sud sous un angle important pour le grand public en ne faisant que surajouter dans les stéréotypes les plus éculés. Le pompom est sans aucun doute atteint lors de ce long flash-back, qui revient sur la fuite désespérée de deux enfants pour tenter de traverser la frontière.
La scénaristique de Kwak Kyung-taek n'a encore jamais donné dans la finesse, mais ici les stéréotypes sont carrément étalés au rouleau compresseur, depuis le "pirate nord-coréen au traumatisme" en passant par la recrue de l'armée over-the-top jusqu'à la sœur ancienne prostituée et souffrant (évidemment) d'une tumeur au cerveau pour toujours donner plus d'éléments dramatiques dans une intrigue qui en abonde déjà.
Ajoutez à cela une sous-intrigue tout droit sorti du plus mauvais James Bond avec des charges nucléaires attachées à des ballons lâchées depuis un bateau en plein cœur d'un typhon (technique que n'aurait sans doute pas renié le Joker du Batman, même s'il n'aurait jamais été aussi con pour inventer un truc pareil) et vous tenez un bon gros blockbuster décérébré qui tâche et ne gagne sur aucun des territoires, qu'il tente de conquérir.
Quant au remake, il n'a apparemment jamais été réalisé – en même temps, "Typhoon" ressemble à tant d'autres productions ricaines sans aucun intérêt, qu'on pourrait crier au plagiat dans les deux sens.
Après tout, qu'est-ce que j'attendais d'autre ?
Au début une telle accumulation de poncifs fait presque rire. Avec son héros vachement charismatique et super fort qui se balade dans toute l'Asie pour traquer un vrai méchant qu'il est méchant, Typhoon fait penser à un sous James Bond sans gadgets ni James Bond Girls.
Mais le film durant quand même deux heures - et avec lui ses bons sentiments vomitifs, son partiotisme balourd, ses scènes ridicules (rah lala, les forces spéciales coréennes, troupe d'élite devant l'Eternel) et sa constante sur-dramatisation - on est en droit d'en avoir rapidement marre.
02 décembre 2006
par
Epikt