Oshi est bien le roi des univers décalés, tourmentés et étonnant !
Ne nous attardons pas sur la mise en forme qui ne révèlent pas d'immenses surprises : un peu plus soigné que la série, mais pas non plus des dizaines de couches d'animation ou des effets visuels à couper le souffle... Honnête, sans plus, et dépassé par la plupart des (bonnes) séries contemporaines...
Mais l'intérêt ne vient pas de là ! Oshi Mamoru nous livre, sur la base d'une série plutôt banale (dans mon souvenir tout au moins), un véritable compte de fée, un message quasi philosophique...
Avec une grande virtuosité l'auteur sait petit à petit nous entraîner de notre classique quotidien (même si le classicisme est tout relatif avec Lum et ses amis...) à un monde affranchi des limites du temps et de l'espace, des contraintes de la société et même de la vie. Un univers où rêve et réalité viennent fusionner... Tout son art est de nous y entraîner si graduellement et insidieusement que l'on se laisse prendre au jeu et que l'on partagerait presque l'étonnement et les craintes de nos jeunes étudiants.
Un scénario imprévisible, dans lequel renversements de situation et découvertes décalées se succèdent sans répit... Et surtout une réflexion sur l'amitié, l'amour, le temps qui passe et que l'on souhaiterait pouvoir retenir. Autant de thèmes admirablement traités, abordés avec finesse, par petites touches permettant à ceux qui le veulent bien d'aller au delà du divertissement.
Le film est certes un peu long et parfois un peu lent, avec un design général qui commence à vieillir, le fond n'en reste pas moins surprenant et plus qu'intéressant.
Un petit goût de Un jour sans fin, mais en mieux ! Moins mielleux et plus philosophique. Un vrai régal !
Space et envoûtant.
Étrange et surprenant mélange que cet animé où Oshii utilise la petite communauté bien foldingue de Lamu pour s'enfoncer petit à petit dans un rêve par certains côtés Miyazakien qui rappelle peu à peu Chihiro et autres scénarios cosmiques. De la même manière, Lamu beautiful dreamer débute dans la réalité, enfin la réalité de Lamu, c'est à dire une bande de personnages hystériques qui préparent la fête de l'école dans un joyeux bordel peuplé de caméos improbables (costumes de Godzilla, Guyver, Dark Vador, etc...). Puis le récit part sur l'irréel, aussi présent dans la série mais de plus en plus fort, telle une force étrangère envahissante, mélange tout ce qui fait le peps de l'animé et de nombreux passages philosophiques, mélancoliques, statiques, contemplatifs, surréalistes, bizarrement à leur place en ces lieux, pour finir par un enchaînement ininterrompu de passages digne des rêves les plus fous où l'on s'exclame sourire au lèvres : "comment ça part en vrille !"
Bémol de taille, le récit est parfois un peu lent et embourbé dans son idée principale pas totalement novatrice. Plusieurs passages faits de monologues interminables expliquent la situation de plus en plus claire au fil du métrage et la magie se dilue un peu trop comparée à Miyazaki qui sait enchaîner à la vitesse de l'éclair son propos. Mais Oshii est bien là, son don pour les moments suspendus notamment, et certains de ses thèmes phares sont développés avec force : l'amitié, la solitude, le bonheur, la nature humaine, le conscient et l'inconscient, la relativité du temps et de l'espace. Autant de thèmes philosophiques qui renforcent la portée d'un animé beaucoup moins léger qu'il ne semblait l'annoncer.
Restent donc pas mal de surprises quand même : la cohésion bizarre, la bonne humeur de la bande à Lamu au milieu de cette histoire de rêve incroyable qui rappelle de nombreux scénarios de films, une animation supérieure à la série, typique de l'époque, pas extraordinaire mais largement honorable et constamment maîtrisée (genre Cagliostro, en moins travaillé tout de même), et surtout une impression étrange de passer subreptissement de la série à une vision surréaliste, celle de Oshii. Le temps s'est arrêté et le groupe revit la même journée inlassablement dans un bonheur assez particulier, jusqu'au passage dans l'école où le haut devient bas et l'espace n'a plus de logique. A partir de cet instant, Oshii part en live dans un trip surnaturel pour laisser au spectateur un goût tout à fait particulier, ni vraiment Miyazaki, ni vraiment Lamu, ni vraiment Oshii à 100%, simplement très agréable à l'esprit rêveur.
Faites Lamu, pas la guerre !
Sur l’air de « Félicie aussi » de Fernandel :
Lamu aime les animaux,
Caresse les chiens les oiseaux,
Elle fait des rêves très bizarres,
Nous fout royal le bazar,
Mamoru Oshii.
Elle adore valser dans l’air,
Nous l’pomper elle en est fière !
Mamoru Oshii.
Elle vit là haut dans son monde,
Là où les anges des oeufs pondent,
Mamoruuu ÔÔSHII !!!
"Sommes nous la veille ou le lendemain?" Voila une question que beaucoup d'entre nous on déja dû se poser ne serait ce qu'une seule fois, après plusieurs nuits blanches à répétition. Ce sentiment de perte de contact avec la réalité, c'est justement ce dont traite avec beaucoup d'humour ce 2ème long métrage de Urusei Yatsura (Lamu en V.F) qui s'intitule très justement "un rêve sans fin". "Vous ne trouvez pas que lorsqu'on pense au temps et à l'espace, la question devient confuse? On dit "trop court" pour l'un, "trop long" pour l'autre. En y réfléchissant, le temps n'est que le produit de l'esprit humain. S'il n'y avait personne sur Terre, les montres n'existeraient pas." Voila le genre de réflexion qu'on peut trouver tout le long du film, qui sans tomber pour autant dans le "what is the Matrix" (rassurez vous) est tout de même un petit bijou dans le genre. Car le nom qu'on trouve au scénario et à la réalisation n'est autre que celui du très respecté Mamoru Oshii ( qui signera par la suite le fabuleux "Ghost In The Shell" ). Tout en respectant l'esprit original de l'oeuvre de Rumiko Takahashi ( humour décapant, univers et personnages loufoques...) mine de rien, invite le télespectateur à disserter sur le fragile équilibre de la mécanique de l'espace-temps, sur la thématique rêve/réalité, faisant du coup référence, aussi bien à Lewis Caroll ou même à la symbolique de Lao-Tsé, nous renvoie directement aux conceptions fondamentales de l'univers selon les théories d' Albert Einstein. Le télespectateur est imergé à son tour dans un monde onirique, celui de l'inconscient, où la logique n'est plus, où du moins n'a plus lieu d'être. Loin des clichés récurrant de la "japanimation": sexe-violence et autres DBZ, ce 2ème film de Lamu tranche agréablement avec la production habituelle de l'époque tant il transpire une maturité évidente et insoupçonnée, qu'on ne s'attend pas à trouver dans un anime de ce genre. Avis aux insomniaques, la vérité est ailleurs...
Nous sommes de la même étoffe que les songes, Et notre vie infime est cernée de sommeil. - William Shakespeare, The tempest.
Mamoru Oshii aussi, via l'énigmatique chauffeur de taxi dans Akai Megane
(The Red Spectacles - 1987)
extrait du site que j'ai consacré à Mamoru Oshii
Pour ceux qui seraient réfractaires à l'exigence - en apparence seulement - du cinéma de Mamoru Oshii, le charme exubérant de Beautiful Dreamer reste une excellente introduction au monde intérieur d'un artiste alors en plein essor, et qui donne ici libre court à sa créativité et à ses représentations filmiques. Car il se dégage de la première vision de Beautiful Dreamer une fraîcheur si intense, un incroyable sentiment de liberté, manifestés par le souffle d'une narration à l'imagination débordante, par l'inventivité de ses expérimentations formelles, et par l'habilité avec laquelle ses artifices de mise en scène viennent s'imbriquer dans le récit.
Mais sous quel angle d'attaque aborder un scénario si surprenant de bout en bout ? Pourquoi d'ailleurs vouloir décortiquer un film si ce n'est pour en dénaturer son enchantement premier et ses effets de surprises ? C'est que Beautiful Dreamer contient son lot de scènes mémorables souvent associées à une profusion de concepts métaphoriques, qu'il s'agisse de se perdre dans un dédale de ruelles aux carillons volants - instant de pure poésie - ou bien encore - dans une séquence déconcertante au lyrisme littéralement renversant - de s'envoler au dessus d'une ville reposant sur la carapace d'une tortue géante cosmique (1). A l'humour rocambolesque de la série se greffent ainsi les visions fantasmagoriques du cinéaste, qui sur la base d'une thématique prédisposant à la rêverie poétique - et virant au délire quasi-surréaliste - propose quelques considérations sur la structure du temps et sur notre rapport au réel (2).
L'action prend place au lycée Tomoboki, la veille de sa fête annuelle. Cela fait plusieurs jours que nos énergumènes - animés d'une allégresse qui n'est plus à démontrer - s'affairent à disposer un tank au milieu d'une salle de classe déguisée pour l'occasion en stand à l’effigie du nazisme (3). Tandis que disparaissent mystérieusement les habitants, un sentiment de déjà-vu va s'installer progressivement. C'est ainsi que l'irréalité fait irruption au coeur d'un quotidien qui se répète inlassablement (4), avant que n'intervienne la figure mythologique à l'origine de ces illusions oniriques : Mujaki, le démon des rêves.
Dans sa première partie, Mamoru Oshii distille une atmosphère angoissante liée à l'impression d’inquiétante étrangeté qui résulte parfois de la fatigue, de la répétition, du stress. Celle-là même qu'il éprouvait au sortir de ces journées harassantes dans les studios d'animations, et qui entoure d'une aura énigmatique des détails auparavant anodins (5). Et c'est sur l'écran de nos fantasmes que le génie nippon va projeter cet état modifié de conscience, qui rend la perception flottante et les sens déréglés. Un état confus proche de celui d'un rêve éveillé, vécu comme tel par les personnages de la diégèse et par le spectateur lui-même. Un songe tenant malgré tout nos sens en éveil car suggérant du sens, l'ensemble de cet univers parvenant à susciter une exaltante jubilation et un profond ravissement.
Soutenu par un rythme haletant et par la frénésie de ses personnages, Beautiful Dreamer réussit au final le pari de happer le spectateur dans un tourbillon de sentiments multiples, une palette d'émotions aussi variée que l'enchevêtrement de ses péripéties et aussi vaste que ses déambulations mentales, à l'image des réveils successifs d'Ataru qui sont ici autant de rêves gigognes que de fins alternatives au film.
(1). La tortue, symbole de représentation de l'univers, est le cosmophore, support du monde et gage de sa stabilité dans de nombreuses mythologies (indiennes, chinoises et japonaises). (Dictionnaire des symboles, Robert Laffont) Par ailleurs, cette scène rappelle le film Dark City réalisé par Alex Proyas en 1998.
(2). Il y sera fait mention de la légende d'Urashima Tarô, pêcheur qui ayant sauvé une tortue s'avérant être la fille du Roi des Océans, sera invité à séjourner dans le Palais sous-marin de ce dernier. De retour sur la terre ferme quelques semaines plus tard, il mourra subitement de vieillesse : le temps s'était écoulé plus lentement sous la mer.
(3). Provocation naturelle chez un cinéaste fasciné depuis toujours par les machines de guerres, qui rappelle ici que son pays, le Japon, était allié au troisième Reich.
(4). Idée que l'on retrouve dans le film Un jour sans fin d'Harold Ramis (1993).
(5). dixit Mamoru Oshii dans le commentaire audio du DVD de Beautiful Dreamer.
Une héroine de rêve
Manga très populaire puis adaptation télévisée triomphale dans les années 80 au Japon, URUSEI YATSURA deviendra LAMU par le biais du Club Dorothée en 1988 en France.
Déjà très présent sur cette version télévisée, Mamoru OSHII réalisera également deux des 6 long-métrages de LAMU dont ce BEAUTIFUL DREAMER de très bonne facture.
Cette histoire de paradoxe temporel, via la préparation de la fête du lycée, présente la galerie habituelle des héros de la petite ville de Tomobiki.
Au premier plan, les relations amoureuses épidermiques entre l’extra-terrestre au bikini tigré LAMU/LUM et le jeune dragueur un peu idiot ATARU, et toute la fine équipe qui les entourent, dans une cacophonie et un désordre permanents, confirmant le double sens original du titre (Urusei yatsura se traduisant par « gens de la planète Uru » ou »gens bruyants »).
Humour omniprésent, situations pleines de quiproquos, on retrouve l’ambiance des épisodes du petit écran.
L’animation est soignée, évidemment un peu statique comparée à ce qui a cours aujourd’hui, mais certains passages comme l’inspection nocturne du lycée sont déjà très réussis. Le graphisme typique de cette période, présente aussi un résultat très agréable à regarder, la petite LAMU étant logiquement mise en valeur.
Ce qui fait l’originalité de cet opus, c’est la dose d’étrangeté que OSHII lui insuffle. Le scénario bifurque en effet rapidement sur des questions plus intellectuelles, préfigurant la thématique future du cinéaste. Ainsi, ces notions de fuite d’un temps que l’on voudrait pouvoir maîtriser à sa guise, cette part de rêve qui est en chacun de nous et qui déborde sur une réalité moins séduisante…
LAMU elle-même, personnage le moins réaliste et le plus issu de l’imagination, étant finalement celle qui n’a pas besoin de rêver puisque elle vit déjà le sien en restant sur la Terre, entourée de ses amis et de son amoureux.
Toutes proportions gardées, on est alors plus prés du 2001 de Kubrick version manga que de la sympathique production découverte sur TF1 !
Même si le ton bon enfant propre à la série originale est préservé sur l’ensemble du film, ces échappées lui confèrent une profondeur plus adulte, les dernières scènes se permettant des audaces scénaristiques bienvenues.
Finalement, le travail de renouvellement effectué par OSHII a permis à cet Anime d’être parfaitement regardable plus de 20 années après sa création.
Comme quoi le temps n’a vraiment pas de prise sur cet univers né du rêve.
Hélas, j'ai trop rever !!!
Sans doute, je l'aurais trop rever...
Probablement, ma passion pour l'oeuvre de Oshii m'aura joué un tour...
Peut être, je n'étais pas près...
Vraissemblablement, je ne connaissais pas assez le monde de Lamu...
Indubitablement, l'animation a mal vieillie...
Assurement, le scénario s'empetre dans une idée trop classique pour tenir une heure.
Malheureusement, je n'ai pas accroché.