drélium | 3 | Heidi contre les méchants |
Telle Heidi, heureuse dans la verdure ou au pied des cascades printanières de la montagne, la jeune adolescente batifole avec son ami de toujours, le beau Yueh Hua. Les ennuis commenceront au contact de la ville et du monde qui la bouscule et fait remonter à la surface son lourd passé. Mais la belle à son tempérament de feu pour elle, sa fragilité laisse bientôt place à sa volonté de vengeance et en fait l’exemple typique de la sabreuse héroïque de l’époque qui prend confiance avec les épreuves et affronte fermement la vérité sur ses origines.
Wu xia aventurier aveuglant de naïveté qui porte haut une héroïne déracinée, Vengeance is a golden blade est aussi une mirobolante démonstration de ces wu xia rythmés au parfum très suranné qui traite pelle mêle drame familial, personnages bien connus tout entier stéréotypes, fleur bleu, dramatique aux violons bien gras, musique de Walt Disney, combats à l’épée aussi datés qu’étrange et ambiance enrubannée avec les moyens techniques de l’époque. Les acteurs y offrent en tout cas une belle sincérité et presque autant de naïveté que la réalisation. De toute façon, hors mis l’énergie et le simplisme flagrant du jeu de l’époque, le relief des personnages ne pousse pas loin vu que Ho Meng Hua est aux commandes, il faut donc faire vite. Allez, allez, pas que ça à faire ! Les bons sont très gentils, les méchants rigoureusement détestables et voilà.
Mais comme toujours avec l’animal, l'aventure est de la partie, les paysages et décors variés et jolis, le rythme soutenu et équilibré passe aisément d’une scène à l’autre sans perdre de vue un instant le fil conducteur et aide beaucoup à passer outre les facilités du scénario et les effets bien cheaps. Il souffle comme un air de liberté dans les films de Ho Meng Hua qui est encore bien présent ici.
Niveau réalisation, une scène en particulier, l’incendie de la cabane dans la montagne, utilise tous les trucages de fiction chers à Ho Meng Hua. Des petites maquettes, des flammes en gros plans, des arbres qui tombent et au milieu, en surimpression, les personnages qui se battent et réagissent au chaos imaginaire. "Attention ! Un arbre tombe ! Cachons nous le visage !..." Les techniques d’effets spéciaux en sont à leurs balbutiements mais le tout est généreux. Ainsi lorsque Chin Ping saute d’un arbre à l’autre, une simple translation rapide de l’objectif permet de raccorder des plans fixes de la damoiselle agrippée comme elle peut aux troncs. Les chorégraphies à l’épée montrent de gros patauds faire tournoyer leurs lames dans les airs, attendre le moment où il a été décidé de frapper, mais pas trop vite, ola, ola, on est pas des artistes martiaux nous. Bref, le tout a énormément vieilli mais les gros, gros amateurs de la SB et des vieux, vieux films d’aventure pourront apprécier le rythme sans faille de l’histoire et pourquoi pas rire de bon cœur tant tout cela est fait avec une sincérité et un premier degré à toute épreuve.
Il manque tout de même une vraie profondeur classique comme peuvent l’offrir bien d’autres SB, et aussi pas mal d’autres choses pour sortir ce film du simple divertissement d’époque, du carcan de Ho Meng Hua en somme, capable de quelques bien jolies choses plantées au milieu de scènes bien exploitation totalement risibles.