Kim Ki Duk coté nanar
Tous les cinéastes qui comptent ne sont pas capables de faire des ratages nanaresques et de ce fait Wild Animals est plaisant à regarder. Car absolument rien ne va: on n'arrive jamais à croire que les deux frères représentent les deux Corées, on passe de manière parachutée d'une scène à l'autre, on est en plein dans un Paris de carte postale. Richard Bohringer semble habité par un vent de force Z pour son role de parrain aux dialogues ridicules; on ne croit pas une seconde à la rencontre entre Chor Jae Hyun et la fan de Rodin, on y voit Chor Jae Hyun essayer de briser à l'enclume une statue de Rodin pour la voler, demander une semaine à un proprio de bateau pour trouver un million, attacher un fil relié à une détente au pied d'une femme pour éxécuter son contrat, une femme se servir d'un maquereau surgelé comme couteau, des voyous qu'on croirait échappés d'un film de Gilles Béhat, un amant possessif grotesque, un vendeur black qui réussit avec force insistance à faire rentrer Chor Jae Hyun dans son peep show de Pigalle, deux frères durs à enfermer dans un sac qu'on veut balancer du haut d'une falaise -c'est que meme dedans ils savent donner des claques-. Et surtout Chor Jae Hyun réalise la promesse chiraquienne de 1977 en s'offrant un bain mémorable dans la Seine. Quant à la musique, elle ressemble à celle d'un mauvais téléfilm policier de TF1. Et le cinéma? On y voit déjà de façon maladroite l'utilisation de reflets qu'on verra dans Bad Guy et c'est correctement mis en scène. Et Denis Lavant ballade sa classe inébranlable le temps de quelques scènes. Si le film n'est pas aussi constamment délirant qu'un the Cat, les scènes nanaresques sont réparties de façon équilibrée ce qui n'est pas le cas dans certains Z récents. Vivement une sortie en vcd...
Image de la France
Un des premiers films de Kim Ki Duk, on y relève quelques maladresses mais le film reste très sympatique. On y voit la vision de la France de Kim Ki Duk (plafond tres haut, carrelage noir et blanc, le romantisme de Paris...)
Passage préféré: le dérobage de la statue.
Pas encore ça...
Après CROCODILE, son premier long-métrage, KIM KI-DUK réalise WILD ANIMALS et s’offre un bref retour en France ou il a appris la peinture, utilisant tout naturellement cet univers pour y situer ce polar très décalé. Histoire d’amitié entre un artiste raté sud-coréen et militaire en goguette tout droit débarqué du Nord de la péninsule, WILD ANIMALS louvoie ainsi entre la mafia parisienne et le monde des artistes de rues.
Souffrant d’un vrai manque de rythme et de cohésion, défauts que l’on retrouvera d’ailleurs encore dans son œuvre suivante THE BIRDCAGE INN, ce 2° opus souffre aussi d’une crédibilité des situations guère convaincante. Tout parait faux, des décors d’un Paris de cliché aux gangsters parigots impayables, largement aussi minables que le héros principal, en passant par des séquences d’action mollassonnes et cheap. Si les parties coréennes sont plus réussies, JO Jae-Hyun semble constamment sur jouer, face à son homologue JANG Dong-Jik heureusement plus sobre. Il faut dire que la direction d’acteurs est inexistante, laissant en liberté un casting français désemparé et sombrant dans un ridicule achevé, à commencer par un BOHRINGER fatigué qui s’auto parodie avec des phrases qu’on croirait sortir de ses propres livres. Denis LAVANT n’est guère mieux, deux comédiens sans doute heureux de connaître une « expérience de plus » mais que l’on traduira pudiquement par « foireuse »… La communication sur le plateau n’a pas du être évidente quand on entend les dialogues français débités de façon incompréhensible par les acteurs asiatiques, entraînant quelques erreurs de prénom et autres coquilles au passage.
Le cinéaste encore largement en devenir s’initie presque au fur et à mesure du tournage aux différentes techniques cinématographiques, ce qui donne cette impression d’ébauche absolument pas maîtrisée malgré de bonnes idées. Son film est en effet bancal du début à la fin, hésitant entre le polar, la comédie sociale, la romance pure tendance bas de gamme qu’une musique toute droit sortie des EMMANUELLE n’arrange pas, et le cinéma à message, les 2 héros représentant maladroitement le Nord et le Sud de son pays, et un dédoublement de KIM KI-DUK lui-même.
Pourtant, dans ce mélange hybride apparaissent des éléments de la thématique future du metteur en scène : ainsi ce Peep-show préfigurant les séquences de BAD GUY, la participation involontaire de poissons (cette fois-ci surgelés !), quelques mauvais garçons et les inévitables prostituées omniprésentes dans la filmographie du coréen, qui ne se prive pas pour glisser dans son intrigue des éléments autobiographiques assez reconnaissables.Le seul problème est qu’il ne sait pas trop quoi faire de tout cela.
WILD ANIMALS prouve bien que pour KIM KI - DUK, ce n’était pas encore ça. Mais au contraire de ces réalisateurs qui donnent tout dés leur premier film et ont parfois du mal à s’en remettre, le coréen développera lentement son style à coups de ratages sympathiques parfaitement symbolisés par ce 2° essai français, avant de retourner dans son pays pour y tourner enfin une œuvre prometteuse (THE BIRDCAGE INN) et de confirmer définitivement son talent avec L’ILE en 2000.
Ce gentil naufrage parisien avait pourtant franchement de quoi en faire douter.