Tintin au Tibet : « un yack où ça ?? »
Sydney Pollack est mort hier. C'est (euh... était) un réalisateur dont j’ai toujours eu une certaine bête propension à confondre avec un Michel Polac ou autre Roman Polanski. A cause du nom. Le scénariste sur Yakuza fut Paul Schrader, qui n’a rien à voir avec Barbet Schroeder si ce n’est, tiens donc, cette même passion pour l’écriture de scénarios et le prochain film du second où Japon et Occident vont une fois encore se télescoper.
Malgré quelques longueurs et un Robert Mitchum en mode acting-buving automatique, le film de notre réalisateur australo-polonais reste... Mmh, on me signale que ça n'est pas parce qu'on s'appelle (s'appelait) Sydney Pollack qu'on est (était) forcément australo-polonais. Ce qui est assez pertinent comme remarque. "Enfant d'immigrés juifs russes" qu'ils disent sur allocine. Bref. Ce film reste puissant grâce à sa très belle histoire d’amitié et son final furieux, dans lequel katana très coupant et fusil de chasse sensible aiment à faire couler le sang des yakuzas du titre. Voici, là encore, une fascination jubilatoire de l’occident pour l’orient, aussi efficace que les tout aussi bons Tueur d’élite (Sam Peckinpah, 1975, sorti la même année) et l’autre pluie noire de 1989 que sera Ze Ridley Scott’s Black Rain, avec le même Ken Takakura. « Il m’amoura » plutôt bien celui-ci aussi. Le félicitais-je.
Enter the dragon
Tourné en pleine effervescence post-Dieu, Yakuza reprend le principe d'Opération Dragon justement, avec un dépaysement du film de genre -en Asie précisons-, des acteurs bien de là-bas et non plus grimés ainsi qu'un bon blanc.
Largement au dessus du lot de ce qui était produit à l'époque, et tentant de faire découvrir le Yakuza (qui est aussi un genre à part entière, le Yazuka-eiga, existant alors depuis de nombreuses décennies) au reste de la planète, ce film reste surprenant.
D'une part il est assez respectueux du Japon et ne le présente pas de manière caricaturalement grotesque (ouf surtout qu'avec Mitchum on aurait pu craindre le pire, Ridley Scott, lui, l'a fait) et de plus tout ne tourne pas autour de la sacrée Amérique. Et, ô surprise, le héros à proprement parler est Ken Takakura, reléguant littéralement Bob Mitchum à un second rôle illustratif.
Tout comme Opération Dragon, ici c'est le personnage asiatique, qui dans le final, se paye tout le travail de nettoyage de truands. Imposant, charismatique, agile, il s'agit là du meilleur rôle hors-Japon de Takakura qui malheureusement sera engagé plus tard pour des rôles moins forts tels qu'entraîneur de baseball ou flic en pré-retraite, juste pour la forme (et parce qu'il doit parler un bon anglais pour un japonais). La réalisation est soignée. Résultat ? Un bon polar, mais un yakuza-eiga somme toute pour touristes.
20 octobre 2001
par
Chris
Mitchum au pays du soleil levant.
Avec ses couleurs sales et ses décors pas très convaincants, Yakuza ressemble plus
à un téléfilm du samedi soir qu'à un vrai long métrage de cinéma. Jamais vraiment passionnant,
il se regarde d'un oeil distrait et d'une bouche prête à bailler; car ce qui lui fait le
plus cruellement défaut, c'est le manque de rythme qui le confère aux confins de l'ennui...
Le scénario est pourtant signé Paul Schrader, à qui on doit déjà Mishima, mais
il est un tantinet trop alambiqué pour être totalement crédible. Quant aux scènes d'action,
elles sont mal filmées et mal montées, apportant une confusion inutile et laide.
Interprêté par un Robert Mitchum en petite forme et qui ne peut plus cacher ses rides,
Yakuza a cependant le mérite de ne pas prendre le spectateur pour un imbécile en
se montrant très respectueux de l'état d'esprit millénaire des japonais, alors que d'autres
auraient sans complexes prôné la supériorité des américains dans ce domaine... Ainsi, Takakura
et Kishi Keiko (Du Rififi à Tokyo) ont de jolis rôles, et Mitchum, amoureux d'une
japonaise et involontairement à l'origine du malheur de sa famille, se conforme au code d'honneur des yakuza
en se sectionnant le petit doigt, "gage de repentir"...
Il n'y a pas que du mauvais donc, mais c'est quand même pas forcément la joie.
UN NInkyo Eiga made in USA!
Dans les années 60 au JApon, le genre le plus populaire est sans conteste le Ninkyo Eiga. Aussi populaire qu'inconnu en Occident. Et la Star la plus célèbre de ce genre est Ken Takakura.
Le Ninkyo Eiga est un genre claire et défini. Histoire de YAkuza et d'honneur situé entre 1867 et 1940, ces films racontent les aventures d'un héro solitaire face au "giri" (devoir) et ses désires personnels. L'éléments jouissifs de ce genre, était que toute les scènes d'actions étaient centré sur le sabre. Les YAkuza utilisant le sabre traditionnel jusqu'en 1940.
Shrader qui a écrit un essai sur le Yakuza Eiga connait bien le genre. De même que Syndey Pollack. Et cela parait.
Le film commence comme un polars urbain bien US. Mais petit à petit le film glisse sur les terreaux nippon. Mélodrame axé sur l'honneur et le devoir où les héros sont confronté à eux même.
Et la final est typiquement Ninkyo. Pour un Japonais de l'époque, voir Takakura torse nue, sabre à la main entouré de Yakuza est une image typique. En effet, tout les Ninkyo se termine par un affrontement aux sabres. Le héro décidant d'Affronter la horde de vilains seul avec son épée. Dailleur, ce climax que plusieurs critiques occidentaux ont décrié (trop de sabre pour un polars) est la scène la plus Nippone.
Sauf pour l'époque où se déroule l'histoire, soit les années 70 au lieu du début du siècle, on a affaire à un véritable Ninkyo Eiga. En fait, je crois qu'il sagit d'une des tentatives d'adaptation d'un genre asiatique par les USa les plus respectueuses.
Bon, ce n'est pas un chef-d'oeuvre. Mitchum semble de trop parfois (il n'est que témoins en fait) et la scène où il se coupe le doigt à fait rire les spectateurs japonais. Mais si vous voulez connitres un genre typiquement nippon et qui était ce qu'il y avait de plus populaire à l'époque, ce film est un bon exemple. LA structure, le propos, les scènes de sabres et l'image de Takakura tattoué sont des plus représentative.
Mais bien sur, on aimerait mieux voir les films originaux comme la célèbre série Abashiri Prison (avec Takakura), Red Poeny Gambler (Avec Junko Fuji en sabreuse), Nihon Kyoko Den (encore Ken), Showa Tragic Story (Ken toujours), Theatre Of Life (ken et Tsuruta), One Generation Tattoo (De Suzuki) et des centaines de centaines ...
Mais comme les critiques occidental méprise le film de genre, nous devrons nous en passer et continué de croire que le JApon des années 60 n'était que Kurosawa et que le Yakzua eiga n'est que Kitano.
C'Est pourquoi je respecte Pollack et SHrader pour leur tentative.