Mâle en patience
Jusque dans les années '90s, le cinéma hongkongais comptait parmi les premiers pays importateurs de leur cinématographie en la douce Thaïlande et nombreuses étaient les stars populaires au sein de ce pays.
Si la tendance s'est carrément inversée depuis le renouveau du cinéma thaï à la fin des années '90s, nombreux demeurent les réalisateurs locaux à avouer ouvertement l'influence des films de l'archipel. "Yaowarat" en est un flagrant exemple.
Polar dans la pure tradition des nombreux films HK du genre, il en reprend personnages et figures typiques de style jusque dans les mouvements de caméra. En résulte un curieux long métrage, dont le schéma classique du film HK se retrouverait transposé en d'autres lieux et en une autre langue.
Si le réalisateur semble connaître ses classiques au bout du doigt, il oublie au passage d'imaginer une histoire originale. La sommaire intrigue se traîne sur les 1h50 du film et si les personnages et situations ne manquent pas de charme et de maîtrise technique, le dénouement déçoit par son manque flagrant d'intérêt.
Pourtant quelques séquences de fusillade, l'image léchée et la solide interprétation des principaux acteurs fait passer un bon moment et crée l'illusion lors des premières minutes du film. Tourné dans un pays encore tellement pudique, les séquences d'amour étonnent par leur nudité et leur durée (relative); d'autre part, le film comporte l'une des plus étonnantes (et pires) scènes d'émasculation de l'Histoire du Cinéma, surenchérissant en cruauté graphique les - déjà - très sanglantes scènes précédant ce mémorable moment !
Dommage seulement, que l'intrigue manque tellement d'épaisseur et ne reste à espérer, que le réalisateur saura se remettre du relatif échec du film, vu sa maîtrise technique intéressante.
