Un film qui annonce ses futurs chefs d'oeuvre.
Seijun Suzuki est un type jazzy. A l'image de ses films, ultra colorés et dotés d'un panache de dingue. Pour l'occasion, l'homme nous pond La jeunesse de la bête, première grande réussite du bonhomme.
Un polar à l'ancienne, construit et narré dans des conditions franchement relax', un peu à l'image des grandes réussites policières d'un Gabin ou d'un Ventura. C'est alors que Shishido débarque. Avec sa dégaine hallucinante et son charisme bien trempé, l'homme distribue baffes sur baffes dans les rues. Il se fit remarqué par la pègre locale quand par mégarde, il gifla un peu trop fort l'un des membres du clan. La guerre des gangs s'annonce, pour le plus grand plaisir de ses spectateurs.
Qu'importe si La jeunesse de la bête manque un chouya de folies visuelles, effectivement Suzuki explosera littéralement l'écran quelques années plus tard avec entre autre le génial Vagabond de Tokyo et l'exceptionnelle Marque du tueur, le principal intérêt de son oeuvre résidant dans son scénario pétillant et gavé de rebondissements. Dans un rythme fou, les protagonistes se mangent des torgnoles à plus soif, se poursuivent dans des citadines 2CV et jouent à se balancer de la fausse dynamite...le grand guignolesque côtoie à plusieurs reprise l'aspect polar pur et sérieux, que l'on connaît de tout bon polar noir.
Funky de A à Z, le premier véritable coup de géni de Suzuki se retrouve dans cette succession de gueules hallucinantes, Shishido en tête, en incroyable en bastonneur de première. Le plan s'ouvre ainsi, Shishido distribuant des mandales à un pauvre type dans la rue. Le ton est donné.
Techniquement, les teintes jaunes et vieillottes apportent une petite touche exotique à l'ensemble. Les cadres sont bons, sans être véritablement transcendants - faute d'un Scope absent, et permettent quelques trouvailles sympas de la part de Suzuki, notamment cette séquence lors d'un interrogatoire musclé dans les locaux des Yakuzas, où le fond du décor est fait d'une énorme toile de cinéma projetant un polar. Admirable.
La jeunesse de la bête (tout est dit dans le titre) est un film clé dans la carrière de Suzuki, annonçant ses futures perle, à une époque où le savoir faire nippon était à son apogée.
Esthétique : 4.25/5
Musique : 4/5
Interprétation : 4/5
Scénario : 4/5
Les + :
- Le rythme
- Jo Shishido
- L'ambiance
Les - :
- Un Scope aurait été un plus
un polar à la beauté langienne
La jeunesse de la bête est une réussite majeure du film de yakuza. Il regorge d'idées sur lesquelles un petit maître pourrait construire tout un film. La première force du film est sa distance: les personnages y assument leur statut de personnages fictifs, leur artificialité (cf "vous m'avez volé mon dialogue", "vous voulez toujours écrire le scénario"). La distance est aussi soulignée par les films de gangsters américains projetés sur les murs durant les scènes de face à face ainsi que par les gunfights filmés de très loin en plans larges. La rigueur des cadrages et des mouvements de caméra n'a rien à envier à Melville.
Les éclairages expressionnistes nous plongent dans un univers où tout est manipulé, évoquant en cela les polars du Fritz Lang de la période américaine. Le baton de dynamite destiné à faire diversion, le minicassette utilisé dans le final, le gunfight de nuit entre de multiples voitures sont des idées magnifiques. Comme beaucoup de Suzuki, ce film est très riche chromatiquement parlant.
Le final nous dit que rien n'est résolu meme si l'enquête est arrivée à son terme. Bel épilogue pour cette oeuvre riche et atypique.
Je n'accroche pas
Cela fait 2 fois que je visionne ce film, et aujourd'hui comme il y a 5 ans, je n'arrive toujours pas à accrocher à
La Jeunesse de la Bête, sans trop comprendre pourquoi d'ailleurs ; la mise en scène est alerte et inventive, Shishido a un charisme fou, le scénario est complexe à souhait et riche en rebondissements tout en restant lisible, mais mon attention se délite fatalement au fil des minutes… Sans doute l'époque des sixties, et cette musique jazzie rétro kitch ; sans doute aussi le thème de la vengeance qui, même traité de manière détournée, reste globalement banal. Cela n'enlève rien à l'importance qu'a eu ce film dans l'histoire du cinéma nippon, mais pour moi, le plaisir n'est pas au rendez-vous.
Malheureusement, la perfection…
... Même si elle affleure, n’est pas encore totale dans ce pur polar. C’est presque l’opposé de La marque du tueur.
Cette fois-ci, on a droit à un scénario très ficelé, énigmatique au possible, avec retournements de chemise à tous les étages, qui ne se révèle totalement qu’à la toute fin.
Par contre les audaces esthétiques de La marque du tueur, l’ambiance "swinging tokyo" est énormément mise de côté.
A part quelques scènes superbement esthétiques au début (la pièce insonorisée, la danseuse, Shishido qui s’en va en trottinant gaiement avec la drogue ("tu n’en auras pas, na na na") telle une hallucination, le film projeté dans le film, …), la suite est du polar pur et dur : ça va à 200 à l’heure, y a une pelletée de personnages, Shishido est au top, délicieusement étrange, nonchalant, violent et malin, les scènes "si tu tires, je tire" sont légion, l’ambiance est terrrrrrrible.
Bref, on est à nouveau proche de la perfection mais j’aurais tellement aimé l’extravagance esthétique de "la marque du tueur" en plus de ce scénario rocambolesque que je suis un peu déçu à nouveau.
Un polar d’exception malgré tout et sans l’ombre d’un doute.
Un pur joyau...
Le grand Seijun Suzuki aux commandes. L'excellent Jo Shishido et ses jolies joues en castagneur sans scrupule (il distribue plus de mandales que Kitano dans Violent Cop !).
La jeunesse de la bête est un véritable tour de force. Suzuki y déploie des trésors d'imagination dans sa manière de composer ses plans : il suffit de voir la séquence grandiose du night-club avec la glace sans tain pour en être convaincu. Le jeu des couleurs est - comme d'habitude - particulièrement séduisant.
Et si cela ne suffisait pas, le film dispose d'un script terriblement efficace tenant en haleine jusqu'à la dernière seconde. Considéré par beaucoup comme le meilleur film de Suzuki, il est vrai que les Yakuzas et plus généralement l'univers des gangsters n'a jamais été décrit de manière aussi brillante, aussi inspirée.
Flamboyant, imposant, visuellement puissant et magistral, ce film n'a encore jamais trouvé d'équivalent (hors filmo-Suzuki). Il est l'exemple parfait d'une symbiose idéale entre oeuvre artistique totale et film de genre haletant. A voir, revoir et rerevoir, pour l'éternité...
06 décembre 2000
par
Chris
EXCELLENT
C'est le premier film de Suzuki Seijun que je voyais et franchement je n'ai pas été déçu . Pas de temps mort, le film nous tient en haleine du début à la fin . Bref on ne s'ennuie pas une seconde ; maintenant il ne me reste plus qu'à regarder les deux autres films du coffret, encore meilleurs que la jeunesse de la bête à ce qui parrait, en attendant la sortie des deux autres coffrets annoncés par HK .
un seul mot: extraordinaire!!!
ce film est un des grands aboutissement de suzuki,indéniablement....
un mélage-pour ceux qui ne connaissent pas- de melville, du "kiss me deadly" de aldrich et d'inventions visuels et scénaristiques démentes!!
Détective, gansters et petites pépées
Un vrai film de gangsters digne des grands films-noirs américains des années 40.
Jo Shishido en Cagney/Bogart, une ambiance pop-art à la stylisation quasi underground, de la bagarre, de l'humour, tout ça accompagné d'une musique jazzy du meilleur goût. Le style Suzuki à son apogée.
Un polar suzukien, tout est dit
Dans ce film, tout Suzuki ou presque!
Dans ce film Suzuki impose ce qui est sa marque: une rigueur au delà de la rigueur. Son film a l'air décousu, bordélique, érratique, certes. Mais ce n'est pas là où on la cherche généralement qu'il faut trouver la logique. Cette logique elle est dans l'enchainement des images, la rhapsodie des images qui défilent, s'appellent les unes les autres. Au delà de la logique de l'image il n'y a rien d'autre qui vaille, pas la chronologie, la vraisemblance, la psychologie. Il ne faudrait pas croire que le cinéma soit autre chose qu'un jeu, qu'un assemblage plus ou moins subtil s'éléments homogènes ou hétérogènes au choix, un jeu de semblables, de contraires, qui s'attirent, se repoussent,... le temps des biographes, des psychologues, n'intéresse pas Suzuki, il n'y a que le temps cinématographique, ce vase clos où se joue une comédie dont on n'est pas sur qu'elle soit bien sérieuse, dont on ne sait pas si elle doit nous abuser ou non. Le cinéma comme jeu (amusement sérieux comme disait Platon) tel est l'art de Suzuki, sa vanité, sa beauté tout simplement.
Un de mes films fétiche
La Nikkatsu à fait sa marque dans les années 50-60 avec le film d'Action. Oui oui films d'Action.
Et lorsque l'On voit se film, on a l'impression qu'il se déroule encore plus de chose qu'il n'y en a en réalité.
On a bien sur la marque Nikkatsu: couleur vive, atmosphere Jazzy and Gogo, humour et action.
Et on a la marque Suzuki. Seijun Suzuki était à contrat. Il faisait 4 a 5 fils par années. Et il le faisait bien. Mais en 1963, il éclate avec 3 films. Dont Youth of the Beast.
Invention visuels (trop nombreuses pour les apsser en revue), éclairages faisant partie de la narration et humour. Ici l'humour remplace la catharsis. Jamais les personnages ne se prennent aux sérieux. Jo Shishido à une façon bien à lui d'être distant. de ne pas être dupe, tout en restait cool and en délivrant la marchandise.
Et il y a de tout dans ce film: mystère, enquête, suspense, pursuite auto, baguarre, fusillade (toujours imaginative chez Suzuki) ect etc
Et émotion. Car les "bêtes" ne sont pas toujours ceux que l'on croit....
Shishido en ex détective voulant venger la mort d'un ami, est une version Pop Art Jazzy et coloré de Mike Hammer par exemple. Il détruis deux clans de Yakuza pour trouver le coupable. Digne de Dirty Harry. Mais en plus drôle.
Si seulement les films d'action d'aujourd'hui avait autant e contenu.
Dirty Joe !!!
D'entrée du film, l'on est frappé par l'extrême violence dont fait preuve le film. Des passages à tabac d'apparents citoyens innocents par le héros du film. Autant le personnage est difficilement cernable, autant l'intrigue ne se dévoile qu'au fur et à mésure. Il faut savoir se laisser emporter par le tourbillon d'images, jeux de mise en scène visuelles et auditives somptueux et le scénario habile.
Scénario fortement marqué par le "Yojimbo" de Kurosawa, qui sera repris plus tard par Sergio Leone ("Pour une poignée de Dollars"), qui va fortement inspirer son acteur principal, Clint Eastood, dont le personnage de "Dirty Harry" ressemble étrangement ... à celui de Joe Shishidoe dans le film présent.
Le cinéma est un univers merveilleux !
Suzuki a réussi là un polar nerveux, jusqu'au boutiste et ayant des années d'avance sur tout ce qui se faisait au cinéma jusque-là. Très, très bon !!!