Un air de déjà vu
Les éditeurs semblent s'être récemment ligués pour nous y faire croire à cette rumeur de la femme en imperméable qui vient hanter les gens qui n'ont rien demandé. En effet, à peine quatre mois après la parution du premier tome de La Femme défigurée, la légende urbaine, dont peu de monde dans nos contrées avait du entendre parler auparavant, est de retour, cette fois sous la plume de Minetaro Mochizuki.
Pas de doute c'est bien la même. Dès la première de couverture, on la reconnaît. Elle a toujours la même tête allongée aux yeux cernés et à la bouche qui a tendance à sourire un peu trop largement par moment. Elle court toujours aussi vite, elle apparaît souvent dans le champ de vision du lecteur alors qu'elle n'est pas dans celui du protagoniste principal, histoire de faire monter un peu plus la tension et surtout elle rend vraiment parano. Alors, quel est l'intérêt d'acheter cette deuxième version de la même légende urbaine en particulier si on a déjà lu la première ? Dans le fond, il n'y en a pas. On pourrait dire que c'est enfin une occasion de lire une autre œuvre de l'auteur du très angoissant Dragon Head. D'un autre coté, elle plaira peut-être plus aux personnes que le genre horreur pure rebute. Ici, on est tout de même assez loin du gore que Kanako Inuki avait développé avec brio dans sa version des faits. Beaucoup moins de sang à l'image, moins de bouche déchirée. L'horreur est définitivement plus psychologique et l'histoire est exploitée de manière moins perverse comparativement au cauchemar précédent. Ici, la cible est un innocent étudiant qui a le malheur d'ouvrir sa porte en entendant frapper chez son voisin. L'angoisse va alors monter graduellement au fur et à mesure que l'enquête pour comprendre qui est cette mystérieuse femme avance. On se raccroche au rationnel le plus longtemps possible mais certains faits renseignent rapidement le lecteur sur la vraie nature de cette harceleuse...jusqu'au terrible dénouement.
Coté aspect visuel, on reconnaît bien le trait caractéristique de Mochizuki. Pas totalement moche mais pas super joli non plus. On peut en particulier se demander ce qu'il y a de si séduisant dans les sourires de Rumi alors que ceux-ci sont complètement gâchés par la représentation des dents. On se situe avant Dragon Head et l'évolution du dessin entre les deux œuvres est assez visible. On remarque d'ailleurs des essais d'enrichissement des traits d'expressions sur des visages très lisses à la base. Malgré ses maladresses, le dessin supporte plutôt bien l'ambiance. Le seul regret finalement, malgré les qualités de la mise en scène de Mochizuki, c'est qu'Akata ait pris les devants sur Glénat et que du coup l'effet de surprise sent le réchauffé.
Efficace
Ce n'est pas du même calibre que Dragon Head, véritable chef d'oeuvre du genre, mais ce manga recèle tout de même assez de qualité narrative pour happer tout lecteur normalement constitué (avec de l'imagination). Histoire d'horreur psychologique c'est donc dans l'ambiance que vient se nicher une tention palpable dès les premières planches. On est ferré, on veut savoir qui est cette femme, on apréhende ce qui pourrait arriver aux personnages principaux, on dévore les pages.
Graphiquement ma collègue ci-dessous (avantage d'avoir un blaze commençant par un A) a plutôt bien résumé la distance qui sépare ce manga de Dragon Head, mais il n'empêche que le trait "ingrat" de Mochizuki, raide, fait encore une fois son office dans ce type de sujet : il transcrit au mieux les tensions qui habitent les personnages. Le beau n'est pas synonyme de bon, la maîtrise technique n'est pas synonyme de personnalité.
N'ayant pas eu le loisir de lire l'autre manga sur le même thème édité par Akata je ne peux que vous conseiller de vous procurer celui-ci, d'autant "qu'historiquement" il a été réalisé 2 ans plus tôt...
Rondement mené...
Depuis quelques années le moins que l'on puisse dire c'est que les légendes urbaines ont la cote, que ce soit sur grand écran (avec des films comme Urban Legends ou même Ring qui lui créait de toutes pièces sa propre légende urbaine), ou dans le domaine du manga avec La femme défigurée et désormais La dame de la chambre close, disponible depuis peu chez nous, bien qu'ayant été écrit plusieurs années avant comme le signalait ci-dessus Astec (eh oui il y a quand même des avantages a avoir un blaze commençant par W ^^ ).
Dès la première page, on reconnait le style de Mochizuki, ce dessin si particulier, qu'on aime ou qu'on déteste, mais qui ne peut laisser indifférent. Dérangeant serait d'ailleurs le mot le plus approprié, et cela tombe justement bien vu que le style colle ici parfaitement au récit. Un récit noir, dérangeant, envoutant même. N'ayant pas lu La femme défigurée qui traitait du même sujet, je n'ai à proprement parler pas de points de comparaison, mais ce qui est sûr c'est que cette histoire est réellement inquiétante. Bien que peu original dans son déroulement, on est assez rapidement pris dans cet univers qui nous happe de plus en plus, nous faisant perdre de vue quelconque échappatoire, nous étouffant petit à petit... Suggérer par de simples dessins une quelconque angoisse n'est pas chose facile, Mochizuki y arrive très bien, à un point tel que je n'ai su détacher mes yeux de ce manga durant toute la demi-heure que m'a pris sa lecture, si ce n'est pour jeter quelques regards inquiets vers ma porte d'entrée. Je savais bien que j'aurais du lire en plein jour... Enfin soit ce qui est indéniable c'est que La dame de la chambre close est une oeuvre réussie mais pas dépourvue de certains défauts. L'histoire a parfois tendance à malheureusement rester un peu trop conventionnelle, trop convenue, sans excès d'ambition, se contentant de raconter au mieux l'histoire de base. on Aurait aimé une plus grande prise de risques (on peut toujours rêver...)
Pas de grand coup d'éclat donc, juste une histoire rondement menée, angoissante à souhait, qui aurait pu donner plus certes mais qui justifie tout de même son achat pour tous les amateurs du genre.