Katsu cinéaste gâche les spaghettis...
Après une tentative ratée de crossover (Zatoichi contre le Sabreur Manchot) et un volet n'apportant pas grand chose à la saga (Retour à Shiobara), ce 24ème volet marque une étape de plus dans la prise de pouvoir de Katsu sur la franchise. Cette fois, l'acteur passe derrière la caméra pour un volet très noir à l'échelle de la saga et plus social. Le scénario amplifie encore l'ambiguïté morale de Zatoichi: mettant ses adversaires yakuzas face à leur absence de morale, il est aussi celui qui rachète une prostituée pour se faire pardonner d'avoir involontairement causé la mort de sa mère. Comme si des prostituées subissant à la fois l'autorité de leur patronne et celle des yakuzas, ce volet nous offre une scène qui aurait pu figurer dans les Babycart de l'époque: une torture d'enfant en hors champ. L'humour des précédents volets s'est ici fait la malle. Un casting en forme et un score superbe sont deux autres points forts de ce 24ème volet. Pour autant, le film peine à se hisser ne serait-ce qu'au niveau des moins bons Misumi de la saga. La faute à un Kastu bien moins inspiré comme metteur en scène que comme acteur. Le défilement des souvenirs dans la tête de Zatoichi devient ici prétexte à du surdécoupage gadget. Le "combat mental" précédant un face à face sur la plage offre un usage inutile du ralenti. Le mot rigueur semble quant à lui absent du travail sur le cadre: les plans rapprochés ou en partie floutés écrasent les personnages et l'ensemble sent le brouillon. Chose qu'on pourrait aussi dire de beaucoup de mouvements de caméras. Restent un montage sans faille et des combats réalisés et découpés de façon efficace. Beau gâchis de ce qui aurait pu être un des meilleurs volets de la série. A l'image de sa fin aussi plaisante que frustrante. Plaisante parce que prenant une route très spaghetti western avec Spoilers un Zatoichi se faisant transperçer les mains par des yakuzas sadiques. Et qui se transforme alors en machine à tuer ne disant plus à ses adversaires qu'ils peuvent sauver leur vie en ne le combattant pas. Il tient dans ces moments-là son sabre comme Django ses flingues et un adversaire crève dans cette boue au crade si spaghetti. Fin Spoilers Appréciable pour ces clins d'oeil au cinéma populaire italien de l'époque et pour le spectacle du combat. Frustrant quand on imagine ce que ça aurait donné avec Misumi aux commandes. Katsu réalisateur sera bien plus inspiré dans un 26ème volet en forme de baroud d'honneur tardif.
Back in black.
24eme épisode de la série, La blessure est de loin le moins picaresque. On peut même avancer qu'il s'agit de l'épisode le plus sombre de la saga, un opus contenant des séquences plutôt dures telles que le tabassage d'un handicapé mental (qui se fait aussi agresser sexuellement), la mise à mort d'un gamin ayant jété des pierres sur un chef yakusa ou bien cette scène émouvante montrant ce même gamin proposant un scuicide collectif à sa grande soeur. La tonalité de cet opus ne prête pas du tout à la rigolade (bref, on est très loin de la scène du "prout" dans Zatoichi contre le sabreur manchot ! ), l'ambiance y est putride et déliquescente. La réalisation de Shintaro Katsu, (volontairement ?) crade et destabilisante (les mouvements hésitants et omniprésents du cadre), ne fait que renforcer cette impression. Et que dire du final (probablement inspiré par le Django de Corbucci) si ce n'est qu'il s'impose comme étant le plus sadique de la saga.
Bien qu'il ne soit pas aussi réussi et maîtrisé que Route sanglante, Zatoichi contre Yojimbo ou Le shogun de l'ombre (pour citer certains sommets de la série), cet épisode pessimiste et violent mérite toute notre attention ne serait ce que pour sa tonalité vraiment à part dans la saga du sabreur aveugle ainsi que pour son ambiance unique.
Ce qui fait son intérêt lui nuit...
Avant tout ce film est à voir absolument par toute personne qui s'intéresse à la série, ne serait-ce que pour le regard que Katsu porte sur la série et le personnage. Comme il a été dit, il s'agit très certainement du plus sombre et aussi celui où Ichi se refuse à son habituel rôle de justicier, trop préoccupé par sa propre rédemption. Ceci étant dit, Katsu n'est pas Misumi et la réalisation laisse à désirer. même si cette dernière va dans le sens de son sujet et réussit même parfois à y coller avec justesse, elle créé une distanciation chez le spectateur. Et le montage finit de le perdre en passant d'un personnage à l'autre sans lien apparent donnant l'impression d'assister à une succession de scènes d'oppressions et malheurs sans véritable cohésion. Certes, je suis persuadé qu'il s'agit là d'un choix volontaire pour rapprocher le spectateur du propre ressenti d'Ichi mais, mal maîtrisé, ce choix nuit plus à l'implication qu'il ne provoque l'empathie. Bref, vraiment très intéressant mais malheureusement mal finalisé.
Mortel... ennui
Zatoichi passe les trois-quarts du film à protéger une pute qui n'en vaut visiblement pas la peine pour finir bretteur revanchard à stimagtes... La Blessure ressemblerait donc à Django? C'est clair! Aussi prétentieux et ennuyeux que le très surestimé western de Corbucci. Le combat final est d'un ennui assez rare pour la série... Quant à la critique "sociale"... je la cherche encore! Du flan!