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Breathless

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les avis de Cinemasie

7 critiques: 2.36/5

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24 critiques: 3.61/5



Aurélien 1.75 Plombé par une volonté manifeste de choquer à tout prix...
Elise 1.5 Violence à l'extrême
François 0.5 Des insultes et des baffes
MLF 2.5
Ordell Robbie 3 Tempérament de cinéaste mais longueurs et filmage parfois brouillon.
Xavier Chanoine 3.75 Nouvelle étape dans la radicalité
Yann K 3.5 Pour ses acteurs, quelques moments frappants et la métaphore politique
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Violence à l'extrême

Difficile de vraiment apprécier un film où tout est fait pour nous dégoûter du héros et nous désintéresser de ce qui lui arrive. Ici, on suit un gros bras qui gagne son argent en tabassant les gens et en insultant tout le monde. Il n'y a pas une phrase sortant de sa bouche qui ne contient pas moitié d'injures, et sa rencontre improbable avec une lycéenne qui ne fuit pas en le voyant n'arrange pas les choses. Vu le développement de l'histoire, on se demande comment elle arrive même à supporter sa présence. En plus de l'extrême violence du film, Breathless coule encore un peu plus profond par sa longueur : 2h10. Plus de 2h devant un film tourné à l'épaule sans la moindre attention quant à la stabilite de la caméra, ce qui provoque un gros mal de mer au bout de 10 minutes. On reconnaîtra tout de meme que certaines scènes au milieu du film puis à la fin sont la preuve que le réalisateur n'est pas un manche et peut filmer des séquences d'ambiance particulièrement prenantes, mais son parti de tourner la quasi-totalité du film a l'épaule, cherchant a rendre la violence plus percutante et se rapprocher des personnages, ne réussit qu'à gêner la vision du film et provoquer un mal de tête. Les acteurs sont plutot bons, il serait dommage de ne pas les créditer pour cela, mais au final, le choix de mise en scène et le scenario exacerbant la violence degoûte du film au lieu de nous faire rentrer dedans.

05 avril 2009
par Elise




Des insultes et des baffes

C'est ainsi qu'on pourrait finalement résumer Breathless. Car si sur le papier, il y a du potentiel, la mise en oeuvre est un long chemin de croix. La film abuse à outrance des grosses ficelles du drame glauque. On fait se rencontrer deux jeunes adultes traumatisés par leur environnement familiale, lui tabasse son père récemment sorti de prison après avoir causé la mort de sa soeur et de sa mère, elle supporte un père alcoolique et un frère tortionnaire, n'en jetez plus. Le film souhaite parler des problèmes des violences en Corée soit. Mais faut-il pour autant tomber dans ce genre d'excès? On ne nous épargne pas les gros flash backs qui enfoncent bien le clou du "regardez comme la vie les a maltraités, il faut les comprendre les pauvres", ni les insultes à répétition (ce film bat-il un record, la question peut se poser), ni les baffes et autres coups de tatanne à répétition.

L'humour parfois très efficace du film rattrape un peu cette noirceur heureusement, et aurait pu sauver la mise si l'histoire ne s'étalait pas et ne se répètait pas inutilement pour aboutir à une conclusion à répétition qui finit de torpiller l'émotion qui se dégageait du moment fort du film. Au lieu de savoir arrêter son film sans verser dans l'excès qui caractérise le développement, Yank Ik-Jun ne sait tout simplement pas l'arrêter et accumule des grosses ficelles mélodramatiques rageantes. On se retient tout simplement de pouffer rire lors de la scène sensée fait sortir les mouchoirs, le film est perdu, tout simplement.

Surtout que la réalisation abuse de la caméra à l'épaule et nous offre un rendu numérique qui fait peine à voir face aux ténors de l'outil (n'est pas Michael Mann qui veut...). Quant aux acteurs, si la jeune demoiselle s'en tire fort bien, on repassera pour l'interprète-réalisateur dont l'interprétation consiste un peu trop à coller des baffes et fumer des cigarettes en regardant au loin.

Bref, vous l'aurez compris, de Breathless ne coupe pas vraiment le souffle mais l'épuise à force de tirer sur les grosses ficelles du drame glauque et les longueurs dont le cinéma asiatique a abusé récemment.

05 avril 2009
par François




Nouvelle étape dans la radicalité

Bande annonce

Pour son premier film, Yang Ik-Jun ne fait pas les choses à moitié quitte à se complaire dans la violence la plus sèche et la plus désarmante au prix de choquer ou, comme il l’expliquait, raconter ce qui se passait dans les quartiers qu’il fréquentait étant jeune. Le cinéaste expliquait également que Breathless est loin de dépeindre la réalité en Corée, et invitait tout le monde à venir passer un moment là-bas. Pas sûr qu’il trouvera nombre de clients après cette expérience cinématographique tour à tour éreintante et éprouvante, distillant à petite doses un peu d’humanité entre les poings et les crachats. Derrière sa carapace de dur à cuir, Sang-Hoon cache un profond malaise depuis son enfance qui vit sa famille se décimer peu à peu sous ses yeux. Devenu une crapule adepte du racket, il bosse pour les comptes d’un patron avec qui il échange régulièrement des mots doux, tout en entretenant une véritable relation de confiance. Son destin va alors être chamboulé au moment où il rencontre par hasard une lycéenne qui aura eu le malheur de croiser son chemin. Alors qu’il crache partout, la jeune fille reçoit malencontreusement un de ses molards en plein sur sa cravate, avant de répliquer de la même manière et de recevoir une prune la mettant K.O. On ne rigole pas avec Sang-Hoon. Tous deux vont alors entretenir une relation guère courtoise mais complice, bouleversant leurs destins.

On peut émettre des réserves sur le caractère du film. Pas le caractère qui lui est propre, entre rage non soutenue et constat navrant d’une société qui connait la crise –de nerfs, mais le caractère général de l’œuvre, sa faculté à libérer les coups à un rythme fatiguant, à enchaîner les mots doux avec un certain dynamisme. C’en est presque de l’art à ce niveau. L’art de la vulgarité formelle, des mots, du corps. Mais pourtant, outre cette manie de balancer le spectateur de gauche à droite en le foutant sur les murs comme un petit caïd qui menacerait le premier faible du coin, Breathless cache une sensibilité évidente, une haine due en partie à quelque chose, quelqu’un, quelque part. Yang Ik-Jun lâchera quelques pistes au fur et à mesure que le film avance et que ses personnages distribuent des coups, un procédé pas de plus innovants mais collant bien au style du film vidé de toute substance saine. A l’image de ses personnages marginaux supportant la crise, le spectateur prend un coup sur la tête face au filmage secoué, salement enivrant, parfois brouillon lorsqu’il tente de coller au plus près des personnages. On pourrait donc crier au manque de distance dans le travail du cinéaste, comme une sorte de complaisance/voyeurisme fait attraction malsaine, qui basculerait pourtant vers une issue au fur et à mesure que le film se déroule.  « Voyez ce que je dépeins, c’est sale et pas joyeux, hein ? », une réplique digne du premier peintre de réalisme social venu pour vendre son tableau en y ajoutant de grosses touches de pathos parce que sinon ça ne se vendrait pas. Pas assez « frappe à l’œil », pas assez coréen non plus vu qu’on ne pleure pratiquement pas de tout le film malgré tout le poids sur les épaules des personnages. La jeune Yeon-Hue doit supporter un père handicapé refusant la mort de sa femme et un petit frère autoritaire et influençable, elle trouve en Sang-Hoon une sorte de père/petit ami capable de la faire sortir du trou d’où elle vit ; c’est aussi pour cela qu’ils s’arrangent souvent pour aller boire un verre quelque part pour fuir le monde dans lequel ils vivent, tous deux partageant en quelque sorte les mêmes blessures familiales issues de la violence ou d’accès de folie. Dispersés ça et là dans le récit, les flash-back sont à ce stade bien employés si l'on oublie ceux des cinq dernières minutes, utilisés durant des séquences d'intense émotion qui ne méritaient pas une telle acalmie.

S’il n’est pas exempt de facilités dans le recours à la violence ou dans la peinture d’un quartier très modeste, Breathless n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère quand il faut rigoler. Réservant son lot de moments assez tordants prenant forme notamment dans la violence burlesque, Yang Ik-Jun prouve qu’il est bien de cette génération de cinéastes coréens mêlant au sein d’un même film les genres et les tons, une personnalité de cinéaste qu’on ne trouve pas souvent dans le cinéma mondial et qui arrive à exploser ici quitte à tacher les murs : d’une incroyable sècheresse, le final mêle aussi bien pessimisme gerbant et optimisme rayonnant avec d’un côté la relève avec le petit frère de Yeon-Hue et le changement de vie du patron de Sang-Hoon. Radical dans ses ambitions, un peu raté par moments, Breathless divisera. Pour un premier film, ça claque.



19 juillet 2009
par Xavier Chanoine




Pour ses acteurs, quelques moments frappants et la métaphore politique

Incontestablement, Breathless ne passe pas inaperçu. Les critiques se pâment, les programmateurs se battent, le public débat, les jurys priment. Bon, OK. A voir, donc. Parce que ça tape, ça hurle, c'est le record mondial d'injure par minute de film, c'est du 100% coréen, ça rappelle le Kim Ki-duk époque Crocodile / Bad Guy ? Non, ça c'est ce qui attire le gogo. L'intérêt du film est notamment dans une rencontre entre deux acteurs extraordinaires et atypiques : un géant magnétique joue une brute épaisse mais ravagée de douleur, alors qu'il semble être au naturel un mec à qui vous donneriez votre fille. Une petite pas souriante et pas élégante est jouée par une actrice qui irradie de joie, Kim Kot-bi. Elle a déjà sourit dans plusieurs films indés, mais on ne l'avait jamais vraiment remarquée, toujours un second rôle de fille un peu différente derrière une actrice plus "classique". Ici, c'est "son" rôle, et cette révélation est un des grands mérites du film.

 

Leur première rencontre, à coup de beignes, de crachat et d'injures, sidérante et hilarante, est un des moments marquants de cette année de cinéma. Elle est à l'image du meilleur du film : d'une totale sincérité, brut, réaliste et très crédible, aussi étonnant que cela paraisse vu l'énormité de ce qui est raconté. Cette rencontre, elle fonctionne tout au long du film. D'autres scènes sont tout aussi bouleversantes, notamment un long plan ou la grande brute finit par pleurer. Et un plan sur Kim Kot-bi à la fin, où elle retient avec sa main un torrent de larmes qui nous submerge, modèle d'intensité et d'intelligence de jeu. Ceci dans une séquence qui fait débat mais a le mérite, comme beaucoup d'aspect du film, de tenter quelque chose : un parallèle sec entre des retrouvailles joyeuses et une salle d'attente d'hôpital, où les mêmes personnages d'un côté célèbrent, puis de l'autre, pleurent toutes les larmes de leurs corps le même absent. Ce n'est pas léger, certes, mais vraiment imparable.

 

Le film ne sait de toutes façons rien faire subtilement, comme un concentré de cinéma coréen, avec les défauts : un premier flash-back plombe toute la narration, les séquences "joyeuses", flottantes, sont bienvenues dans l'idée mais très molles et trop longues, enfin la dernière demi-heure pèse, s'étire, se répète et tombe dans des clichés du film de "gangster qui se fait tuer juste après avoir raccroché". Il faut également apprécier la caméra portée parfois de façon trop hasardeuse.

 

Au lieu d'appuyer sur ses quelques ficelles mélo et polar, le film aurait mieux fait de creuser un peu plus ses métaphores politiques, puisque là le film est plutôt intelligent sans être lourd. La violence dans les familles est mise en parallèle avec la violence sociale. Une séquence de tabassage d'étudiant devient l'une des plus frappante, dans tous les sens du terme, du cinéma coréen. Pour ces quelques moments, pour ses acteurs, parce que tout cela est dans un premier film, Breathless est donc à voir. Mais Yang Ik-jun a encore beaucoup de choses à améliorer en tant que cinéaste. Le reste, le buzz, c'est plus le signe de festivals et critiques qui n'ont pas grand chose à se mettre sous la dent et vont au plus simple.

 



05 avril 2009
par Yann K


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