On a failli y croire
Au début on sent le film osé. Gros plan sur un sac à dos à l'effigie de Mickey Mouse, c'est évidemment loin d'être naturel pour un pays qui rejette en bloc le modèle de vie américain. La petite fille qui porte le sac s'éloigne peu à peu et reçoit un peu plus tard sur la tête un petit avion en papier provenant d'une fenêtre d'un immeuble, où des enfants jouent. Là, la narratrice nous raconte pourquoi certains habitent dans des appartements alors qu'elle vit toujours dans un maison pauvre, nous amenant ainsi à l'histoire de son père, parti travailler à Pyongyang, qui n'est donc jamais au sein de sa famille. Elle critique beaucoup son père et finit même par le renier. Comme quoi ça va loin. On nous avait dit qu'il n'y avait pas de propagande communiste dans le film, mais là ça parait exagérément l'inverse. On n'y voit pas une once de symbolique communiste. Mais c'était pour mieux créer le contraste avec la fin qui nous inonde de ces scènes tant redoutées. Certaines font brièvement leur apparition le long du film, mais qui paraissent relativement naturelles dans le sens où elles s'intègrent à la vie de tous les jours, et rentrent en opposition avec la voix off de la fille qui critique son père choisissant de suivre le Grand Leader plutôt qu'aider sa famille. Puis la propagande se met à pénétrer puis envahir la voix off, avec la finesse d'un mammouth. Et ce qui paraissait osé au début, quand la fille faisait ressortir son individualisme, est éliminé progressivement pour bien rentrer dans les rang de la voie du Grand Leader, que le père a prise pour que sa famille devienne une famille communiste modèle. Et là, on se dit que celui qui a dit que le film n'était absolument pas propagandiste mais parlait juste d'une relation familiale s'est bien foutu de nous.
Techniquement, on dirait un film sud-coréen des années 60/70. Les plans ne sont pas mauvais et servent le sujet, aussi décevant soit-il, même si on peut douter de l'utilité réelle des ralentis, qui manifestement voulaient intégrer un effet comique totalement raté (dans le sens où ils sont plus ridicule que drôle). Visuellement, ce film apparaît comme avoir bloqué sur un modèle visuel pendant des décennies sans jamais avoir changé, sans doute par moyen technique, mais très certainement pour coller à un modèle idéologique acceptant difficilement le changement. Les dialogues sont post-synchronisés, ce qui explique le manque totale de crédibilité des personnages, l'impression qu'ils surjouent.
Finalement, ce film est une belle propagande communiste, comme finalement on s'en était douté, et qui techniquement a 30 ans de retard. Mais l'effort d'avoir voulu montrer un film nord-coréen, de le faire passer dans cinq salles en France, est assez intéressant pour se laisser aller à la curiosité. De toute façon, le cinéma nord-coréen ne changera pas radicalement et mieux vaut essayer de le faire passer petit-à-petit que d'attendre un changement brusque de mentalité qui n'arrivera jamais. Mais surtout, ne pas s'attendre à une oeuvre visionnaire et dénuée d'idéologie.
26 décembre 2007
par
Elise
Sans surprise
Quelques hardiesses stylistiques maladroites et une remise en cause faussement osée (lors de la première heure seulement) des idéaux pronés par le régime de Kim Jong-il ne suffisent pas à faire oublier que ce Journal d'une Jeune Nord-Coréenne n'est rien d'autre que le film de propagande que l'on attendait. Dénuée de toute qualité artistique, l'entreprise ne parvient malheureusement à susciter que rires involontaires et baillements. Dommage. Il y avait pourtant quelque chose de touchant dans le visage de cette jeune actrice.
Tout mignon
A voir essentiellement pour la curiosité, car c'est pas tous les jours qu'on peut voir un film nord-coréen en salles.
Pour le reste, ça révolutionnera ni votre vision du cinéma ni de la Corée du nord, même s'il faut avouer que c'est moins pire que le déluge propagandiste qu'on pouvait craindre : ça se regarde finalement très bien, c'est pas plus indigeste qu'un K-drama des fin-90 et on peut même dire que ça a son charme.
30 décembre 2007
par
Epikt
Mon père, ce héros (nationaliste)
Le premier plan (focus sur un cartable arborant une pâle copie de Mickey Mouse, servant sans aucun doute plus de piqûre de rappel à la population locale, que la Corée du Nord a sous-traité certaines parties de "Mulan" ou "Le roi Lion", plutôt que de promouvoir la culture de l'oncle Sam) et toute la première partie fait illusion, en "osant" un incroyable plaidoyer CONTRE le système politique en place; mais ce n'est que pour mieux renverser la vapeur dans la seconde partie respectant le cahier du charge "juce" à la lettre pour célébrer comme il faut la Mère Patrie.
Ce qui n'empêche quand même d'entr'apercevoir pour la première fois un peuple – et plus particulièrement une jeunesse – qui pourrait DOUTER dans le bon-fondé du système communiste et qui rejette certaines idéologies au profit d'une meilleure cohésion sociale.
Ce n'est donc pas, parce que l'on est endoctriné à longueur de journée, privé de SMS et de cultures étrangères, que l'on ne partage pas les mêmes "idées révolutionnaires" forcément liées à l'âge de l'adolescence. Ce qui fera de ce "Journal…" l'un des tous premiers films nord-coréens aux thématiques universelles et aura permis une sortie française (et plus largement mondiale à venir durant les prochains mois).